Les finlandais de WINTERSUN semblent prendre un malin plaisir à se compliquer la vie. Le premier album éponyme sort en 2004 et fait son petit effet sans non plus déchaîné la passion des foules. Après de multiples péripéties, la suite arrive en 2012 sous la forme de l’album Time I (chronique ici). Ce dernier s’avère être une totale surprise, une petite merveille death metal mélodique / symphonique inspirée comme jamais. On dit que la musique se bonifie comme le bon vin et c’est le cas de cet album que votre serviteur continue encore et encore d’écouter avec un plaisir non dissimulé. On se dit que la carrière du groupe est enfin lancée et que la deuxième partie Time II doit arriver rapidement.

Ce serait mal connaître Jari Mäenpää & co qui multiplient les erreurs et se mettent un paquet de monde à dos. Ils se brouillent avec leur label Nuclear Blast et les échanges acides par presse interposée s’enchaînent, ils créent la polémique en lançant une campagne de financement participatif osée pour se construire un studio particulier, bref la recette du désastre. On en vient à se demander si la groupe va survivre alors que Kai Hahto fait une longue pige chez NIGHTWISH. Finalement le groupe annonce un nouvel album mais pas Time II. Le nouvel opus arrive près de cinq ans après le précédent et se comme The Forest Seasons.

WINTERSUN semble être adepte de l’expression « plus c’est long, plus c’est bon » avec quatre titres consacrés à l’une des saisons et oscillant entre douze et quatorze minutes. C’était déjà le cas sur Time I mais la maestria et l’inventivité affichée rendait l’expérience très agréable. Autant Time I se positionnait sur un segment musique de film, très mélodique et symphonique, autant The Forest Seasons se veut plus classique et affiche un retour à des bases plus sombres, folk, une touche d’agressivité en plus. La marque de fabrique de Mäenpää et son talent évident surgissent à nouveau immédiatement mais WINTERSUN rappelle ici que cela reste un groupe extrême et qu’ils savent y faire dans le sombre et le violent malgré les orchestrations et toutes les fioritures disponibles. « Eternal Darkness (Autumn) » en particulier remet les pendules à l’heure entre les rythmiques très typées et le chant extrême à tous les étages. Mais la majorité des mélodies font mouche, les chœurs se mêlent à merveille avec la musique, WINTERSUN reste une horlogerie fine et complexe. A chaque nouvelle écoute, de nouvelles dimensions se dévoilent et l’auditeur ne peut être qu’impressionné face au travail de composition et de mise en place réalisé. Rien à redire concernant la production de The Forest Seasons, elle est excellente avec un son à la fois puissant et limpide.

Avec ce troisième album, WINTERSUN rentre dans le rang et revient à ses racines. Les ressemblances avec ENSIFERUM sont beaucoup plus évidentes qu’avec Time I. Printemps et été sont de petites merveilles qui nécessiteront du temps pour dévoiler tous leurs charmes. Automne et Hiver sont un peu moins convaincants, soit très bourrin (on croirait alors entendre CRADLE OF FILTH) soit un peu trop lent et presque ennuyeux. The Forest Seasons reste un disque de très grande qualité mais renouveler l’exploit de Time I était presque impossible. Rendez-vous dans de nombreuses années pour la suite des aventures des finlandais, Time II ou un autre album, impossible de faire des plans sur la comète.

Oshyrya (08/10)

 

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Nuclear Blast / 2017
Tracklist (54:01 mn) 01. Awaken from the Dark Slumber (Spring) 02. The Forest That Weeps (Summer) 03. Eternal Darkness (Autumn) 04. Loneliness (Winter)