Etaples, septembre 2009. Le boss fête son anniversaire à la mer, une poignée de chroniqueurs s’est donné rendez-vous là-bas. Les bières aidant, les langues se délient et, alors que nous parlions d’Immortal qui venait de sortir All Shall Fall, j’eus ces mots sévères mais justes :

« – SEPT ANS POUR CA ?
(Hamster) – Putain Patate, t’es toujours dans l’abus, il est bien cet album, Abbath est en forme, Horgh tabasse ses fûts… En parlant de fûts, reprends une bière, au moins quand tu bois, tu fermes ta gueule et tu racontes moins de conneries. Sers-toi, y’a de la Chimay Bleue au fri…
– LA CHIMAY BLEUE CA SE MET PAS AU FRIGO, BORDEEEEEL »

Fast forward, neuf ans se sont écoulés, de l’eau a coulé sous les ponts, j’ai presque oublié (mais pas pardonné) ce faux-pas houblonné du boss, et Immortal est de retour. Enfin, en quelque sorte. Parce que mine de rien, la refonte du personnel a été radicale. Exit Apollyon, adios Abbath qui se concentre désormais sur son projet solo et ses pitreries scéniques, et welcome back Demonaz dans un vrai rôle musical (une première depuis 1997 et Blizzard Beasts). Ce dernier s’est entouré de son fidèle Horgh et de Peter Tägtgren à la basse. Rien que ça.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cet Immortal 2.0 a fière allure. J’irais même juste à dire que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas été aussi séduisant. Tout d’abord, il y a ce son. Clair. Puissant. On entend la basse. Même si les prods approximatives des premiers efforts du groupe avaient leur petit charme, avec les écouteurs vissés sur les oreilles, ce Northern Chaos Gods envoie une belle soufflante glacée dans les esgourdes.

Au niveau des morceaux, j’avais une crainte en lisant la tracklist. Ça sentait la checklist pendant la session de brainstorming. « Ice ? Check. Battle ? Check. North ? Mmm on peut remplacer Northern. Mountains ? Bien entendu ! Ravendark ? Blashyrkh ? Grim ? Dark ? C’est bon, on a tout ? Ok, on peut commencer ». Je craignais la parodie d’Immortal, les gars qui s’auto-singent par crainte de décevoir ou parce qu’ils sont tout simplement trop rouillés pour se relancer dans le bain.

Et finalement, mes craintes se sont estompées dès le titre éponyme. C’est rapide, c’est agressif, incisif, tout en restant du pur Immortal. Alors, oui, ça ne révolutionne rien, et les Norvégiens n’ont pas réinventé la soupe aux glaçons, mais la flamme est toujours là. À l’aise dans tous les registres, Immortal se moque de l’emprise du temps et affiche une aisance insolente, que ce soit dans le barrage de blasts ou dans les atmosphères glaciales qui faisaient déjà le charme du groupe à l’époque.

Avec une prise de risque proche du zéro absolu mais une fougue intacte, Immortal vient se rappeler à notre bon souvenir. Après un album solo de qualité mais passé plutôt inaperçu, Demonaz a repris le contrôle d’Immortal et permis au groupe de remonter quelques échelons dans la hiérarchie du black norvégien après un All Shall Fall qui ne m’a toujours pas convaincu 9 ans après. Certains diront que je suis passé à côté de ce premier comeback en 2009, j’en ai rien Abbath. Nous sommes en 2018, et Immortal est enfin de retour.

Mister Patate (8,5/10)

Facebook officiel

Nuclear Blast Records / 2018
Tracklist (42:14) 1. Northern Chaos Gods 2. Into Battle Ride 3. Gates to Blashyrkh 4.Grim and Dark 5. Called To Ice 6. Where Mountains Rise 7. Blacker of Worlds 8. Mighty Ravendark