MOEBIUS est un jeune groupe italien qui a vu le jour en 2014 de l’autre côté des Alpes. En fait pas tout à fait puisque le quintet a fait ses premiers pas à Oristano en Sardaigne (vous m’accorderez que les Alpes ne sont pas la porte à côté). Leur nom et le titre de ce premier opus se nourrissent à la fois de science, de philosophie et d’antiquité grecque. Le ruban de Möbius, une surface mathématique, a servi de point de départ à ce premier album concept qui offrent aux transalpins l’opportunité de se plonger dans le grand bain et de se présenter au public.

L’univers de MOEBIUS n’est pas franchement facile d’accès, à la fois sombre, complexe et énigmatique. L’auditeur va devoir faire des efforts et mettre plusieurs fois le fer au feu pour s’immerger dans l’univers du groupe. Le visuel étrange ouvre bien des questions au moment de presser la touche lecture. Le mystère s’épaissie à l’écoute de « Inflection II Part 2 » qui ouvre Hybris. La descente dans les ténèbres commence et ne laisse apparaître que quelques rares traits de lumière. Il va falloir attendre « Obsidian » pour que MOEBIUS écarte une partie du voile. Obscurité, violence et groove dominent les débats et semblent constituer la matrice de la démarche musicale du groupe. Loin d’avoir choisi la facilité, le quintet déploie pour l’auditeur des compositions virevoltantes, très techniques, des chansons à tiroir qui nécessitent de rester très concentré tout au long de l’écoute. Souvent la musique parle à vos tripes, mais ici c’est votre cerveau que vise MOEBIUS.

Avec son approche progressive et avant-gardiste, Hybris lorgne d’évidence vers la scène djent et nos amis ont sans aucun doute beaucoup écouté MESHUGGAH. Les ressemblances s’avèrent assez flagrantes et MOEBIUS ne s’en cache d’ailleurs pas (votre serviteur ajouterait également CULT OF LUNA). Ils annoncent aussi être influencés par TOOL, MASTODON ou encore PORCUPINE TREE. Cette dernière référence peut surprendre et pourtant elle s’impose rapidement face à la volonté de ne jamais oublier d’inclure une dimension mélodique à chacune des compositions (« Diamond » ou « Limestone ») malgré le chant extrême et la lourdeur des riffs. Hybris tente de varier les plaisirs avec des titres dans l’ensemble assez courts à l’exception d’un « Diamond » de plus de onze minutes. Plutôt calme et profonde, cette chanson montre une facette plus posée de MOEBIUS et confirme l’étendue du talent des italiens. Cerise sur la gâteau, la production de ce disque s’avère très bonne. MOEBIUS a joué la sécurité en faisant appel à Daniel Bergstrand pour s’occuper du mixage et du mastering.

Pour une première, MOEBIUS frappe fort avec un album complexe et touffu. Hybris exige du temps, plusieurs écoutes d’avèrent nécessaires pour soulever une à une les différentes couches de ce disque polymorphe. Tous ne sont pas prêts à faire un tel effort mais les audacieux seront récompensés. Juste avant la sortie de ce premier disque, MOEBIUS a connu un changement de line-up avec l’arrivée derrière le micro d’Andrea Orru à la place de Matteo Guida. Espérons que cette péripétie ne freine pas les ambitions du groupe.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Dooweet – K2 Management / 2017
Tracklist (57:51 mn) 01. Inflection II 02. Obsidian, 03. Iron, 04. Lead, 05. Mercury, 06. Inflection I, 07. Limestone, 08. Coal, 09. Uranium, 10. Diamond, 11. Inflection II