Il est aujourd’hui difficile, voire impossible, d’échapper à Gojira sur les réseaux sociaux, tant le groupe est porté aux nues par l’ensemble des zines Metal généralistes. « Album de l’année », « Groupe de la décennie »… nos confrères ne tarissent pas d’éloges et de superlatifs pour parler des Landais et de leur nouvel effort, Fortitude.

Mais cet engouement est-il vraiment dû à la musique ? Si on regarde bien l’évolution du groupe depuis maintenant quelques albums, Gojira donne l’impression d’un groupe qui dilue son propos, qui le polit, l’adoucit sans pour le rendre pour autant plus digeste. Vous vous souvenez de l’époque de « Backbone » ? Cette époque est bel et bien révolue. Vous me direz qu’il faut respecter les choix de l’artiste, et je vous rejoins sur ce point. D’ailleurs, je regrette souvent amèrement la frilosité des artistes qui se cantonnent à une seule formule gagnante, mais dans le cas de Gojira, c’est le message sous-jacent à l’album et non l’album lui-même qui est à l’origine de l’engouement.

Retirez les thématiques abordées dans Fortitude, oubliez un instant la récolte de fonds pour l’Amazonie et concentrez-vous sur la musique. Comme à l’époque de L’Enfant Sauvage, le groupe retombe dans l’écueil des passages redondants. Le titre éponyme, par exemple : à quoi sert-il, si ce n’est à allonger artificiellement un « The Chant » qui est déjà bien assez long. Mis à part les deux premiers titres qui tirent leur épingle du jeu, Fortitude manque de punch et de cohérence.

Si Fortitude rencontre un tel succès, c’est parce que son message parle aux gens*, et ce, malgré ses défauts au niveau de la forme. Comment pourrait-on haïr un groupe qui dénonce, pour ne citer que cette problématique, la déforestation en Amazonie ? Le message est important, la démarche est louable (la récolte de fonds tourne bien et ça fait plaisir de voir des groupes se mobiliser)… Mais cela ne doit pas nous aveugler sur les défauts de Fortitude. On peut dénoncer des problèmes sociétaux ou environnementaux sans adoucir son propos pour le rendre aussi accessible que possible. Demandez à Napalm Death ou à Cattle Decapitation comment ils ont fait…

* et encore, le message porté par « Another World » est tellement résigné qu’il en devient déprimant