Archive for septembre, 2024

Wintersun – Time II

Dire que la perspective de la sortie de cet album créait une immense excitation chez votre serviteur relève du doux euphémisme. Tout était en place pour nous donner un pied monstrueux, douze ans d’attente, un premier opus qui reste année après année au sommet de mon panthéon personnel (chronique ICI), un disque intermédiaire d’excellent niveau (chronique ICI), tous les feux affichaient un beau vert. Jari Mäenpää, leader du groupe, précisait dans toutes les interviews que les compositions avaient été bouclées au sein du même tourbillon créatif que le volume I mais qu’il attendait de trouver le bon son, la bonne production afin de donner le plein potentiel à ces compositions.

Alors joie et félicité ? Et bien non, malheureusement. Time II reste un album solide, avec de bons moments mais l’apothéose n’aura pas lieu. Nous sommes ici deux crans en dessous de premier opus et même un cran en dessous du précédent, The Forest Seasons. L’impression générale reste décevante et la chute est d’autant plus douloureuse après une si longue attente. Difficile de ne pas avoir le sentiment que Mäenpää contemplait ces dix chansons en 2011/12 et a mis les meilleures dans le volume I. Les autres ne déméritent pas mais ne parviennent à créer le même enthousiasme.

Et pourtant tout commençait bien avec un « Fields Of Snow », ouverture instrumentale très réussie, une ambiance musicale venue d’Asie dans la continuité de « When Time Fades Away » du Time I. Les choses sérieuses débutent pied au plancher avec un « The Way Of The Fire » rapide, tranchant et accrocheur. Le moral est au beau fixe, on se dit que les quarante minutes à venir vont être enchanteresses et que les finlandais n’ont rien perdus de leur magie. Mais plus le disque avance plus le banal domine. « One with the Shadows » s’avère agréable sans plus et « Ominous Clouds » possède toutes les caractéristiques de l’interlude instrumental inutile.

Enfin, les deux gros morceaux, « Storm » et « Silver Leaves » ne provoquent que peu d’émotion. C’est bien fait mais sans âme et surtout sans la patte virevoltante de WINTERSUN. Mäenpää semble en pilote automatique, cela joue vite mais aucune mélodie n’imprime vraiment le cerveau, aussitôt écoutée, aussitôt oubliée. Ou sont les mélodies imparables, les chœurs puissants et cette envie irrésistible de relancer l’écoute du disque ? Une semaine après sa sortie, l’auditeur est déjà lassé. Time II déploie des merveilles pendant quinze minutes puis abandonne toute ambition. Cela fait peu, surtout face à notre niveau d’excitation originelle.

Le fond déçoit, contrairement à la forme. Le son est clair et puissant, rien à redire du côté de la production. Cependant difficile de savoir pourquoi cela a nécessité 12 ans d’attente. La pochette est réussie, œuvre de Cameron Gray, tandis que le livret a été conçu par l’artiste hongrois Gyula Havancsák. Dommage que l’album ne sorte qu’au format cristal pour le cd (hors éditions vinyles), pas de cd bonus, pas de coffret, cela fait un peu chiche. A force de tergiverser ou de faire des choix discutables au niveau de l’image et du business, on peut légitimement se demander si WINTERSUN n’a pas tapé sur le système de son label Nuclear Blast.

De quoi sera fait l’avenir des finlandais ? Bien malin serait celui qui oserait faire des prédictions. La balle est, comme toujours, dans le camp de Mäenpää, espérons qu’il ne mette pas à nouveau cinq ans pour proposer de nouvelles compositions. D’autant que les autres membres de l’attendent pas et s’avèrent être déjà bien occupés avec Kai Hahto & Jukka Koskinen chez NIGHTWISH ou encore Teemu Mäntysaari chez MEGADETH. Pas sûr qu’ils patientent encore très longtemps ans de se désintéresser le l’aventure WINTERSUN. Croisons les doigts pour que la muse créatrice se penche rapidement à nouveau sur le berceau du groupe. Il serait triste et dommage de terminer sur cette note tout juste honorable.

 

Oshyrya (6,5/10)
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Nuclear Blast / 2024
Tracklist (48:40 mn) 01. Fields Of Snow 02. The Way Of The Fire 03. One With The Shadows 04. Ominous Clouds 05. Storm 06. Silver Leaves

 

 

Cette troisième journée est placée sous le signe de Metallica. Le nom est sur toutes les lèvres, dans les discussions au bar, sur la mainstage où est installé le fameux Snakepit, PARTOUT ! Nous n’en parlerons pas, car d’autres concerts bien plus importants, à nos yeux, se présenteront au même moment.

Première découverte : Alien Weaponry sur la mainstage. Après un AKA effectué par Henry Te Reiwhati de Jong (batterie), le groupe néo-zélandais déroule sa demi-heure de concert avec un thrash/groove metal du plus bel effet. Le trio arrive à convaincre avec un set enthousiasmant. Lewis Raharuhi de Jong (guitare/chant) et Tūranga Morgan-Edmonds (basse/chant) arpentent le Snakepit avec fougue. On sent une envie d’en découdre et une joie d’être là sur cette grande scène. On devine aussi le potentiel immense de ce groupe en devenir.

Soyons clairs. Eternal Champion est le meilleur représentant du heavy-metal traditionnel actuel. Le groupe traverse une période difficile (leur bassiste Brad Raub est récemment décédé) mais il sait se montrer vif et conquérant. En sept morceaux, Jason Tarpey (chant), John Powers (Guitares) et le surdoué Arthur Rizk (aux guitares, mais surtout producteur émérite de Power Trip, Cavalera etc.) prouvent qu’ils sont au sommet. Oubliez les pauvres Manowar, les Eternal Champion en ont dans le slip. Des vrais, des purs, et surtout, des durs ! Les hymnes pleuvent et l’orgasme est atteint avec le jouissif « I am the hammer », chanté par Jason avec une cotte de maille sur le visage. C’est ça Eternal Champion ; le genre de groupe qui compose des chansons qui donnent envie de partir au combat, le glaive levé vers le ciel ! Que c’est bon.

Parlons franchement du cas Anvil. Depuis le documentaire « Anvil ! The story of Anvil », nous avons une grande sympathie pour ces glorieux perdants du metal. Alors quand le trio débarque sur cette mainstage trop grande pour lui, le sourire affiché par Lips (chant/guitare) fait plaisir à voir. Le mec est heureux et veut nous rendre la pareille. Hélas, le répertoire de Anvil n’a jamais été très fameux ; hormis l’excellent « Metal on metal », il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.

Avec Sanguisugabogg, l’amateur de death-metal a toujours l’assurance de passer un bon moment. Une parenthèse au pays du riff ultra calorique s’ouvre donc sous l’Altar. Sanguisugabogg n’a peur de rien et enchaîne les comptines poétiques. « Black market vasectomy » ouvre le bal et annonce la couleur. C’est du lourd. « Dragged by a truck » et « Necrosexual deviant » ravissent une Altar demandeuse. C’est un bonheur. Mais là ou les Ricains assurent, c’est musicalement. En oubliant le son de caisse claire horrible de leurs albums (il y a des fans), ce death porn gore se révèle d’une efficacité redoutable. Et rien que pour ça, il fallait être sous l’Altar.

Si sur disque, Black Stone Cherry n’a jamais retrouvé la superbe de ses deux premiers albums, sur scène c’est une autre histoire. Le groupe de Chris Robertson (chant/guitare) est une machine qui tourne à plein régime. Pas de fioritures, Black Stone Cherry déballe ce qu’il fait de mieux : un efficace southern rock aux accents grunge. D’emblée, « Me and Mary Jane » met tout le monde d’accord. La suite est une ribambelle de titres taillés pour la scène (« White trash millionaire », « Blame it on the boom boom »…). Ce show nous donne envie de nous replonger dans leur discographie.

Voir Stratovarius sur une mainstage est toujours un bonheur. Une reconnaissance amplement méritée pour ces tauliers du power metal mélodique. Malgré un temps imparti, Timo Kotipelto, Jens Johansson et leur compères font comme la plupart des groupes en festival : une sélection de leur meilleurs morceaux. Une habile façon de contenter fans de toujours et spectateurs occasionnels. Et ça fonctionne! Impossible de résister à « Eagleheart » , « Black Diamond », « Speed of light » et « Hunting high and low ».

On a généralement coutume de dire que le talent est héréditaire. Qu’un père transmet à son fils son savoir et sa science. L’adage se vérifie avec Wolfgang Van Halen. Le gamin est doué, généreux sur scène et d’une humilité guitaristique à faire blêmir un guignol comme Yngwie Malmsteen (nous y reviendrons, rassurez-vous). Bref, Wolfie sait jouer et nous propose quelques morceaux tirés de ses deux albums (forts sympathiques au demeurant). C’est de l’excellent boulot et nous ressortons de ce trop court set satisfaits. Espérons sincèrement que Mammoth WVH sorte un jour LE morceau qui fera de lui un groupe incontournable. Wolfgang Van Halen suinte le talent, ce ne serait qu’un juste retour des choses.

Yngwie Malmsteen a un ego gros comme une pastèque. Il le prouve avec ce concert autocentré sur sa petite personne. Si le Suédois a pu faire preuve de virtuosité et de talent dans le passé, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il nous livre ici un concert risible où les solos s’enchaînent sans véritable ligne directrice. La technique ne fait pas tout.

Quand Extreme déboule sur la mainstage, c’est une toute autre histoire. Énergie, virtuosité et fun sont au rendez-vous. Le groupe est là pour en découdre. « It (’s a monster) » est la première torgnole inaugurant le tour de chant. Le public exulte pendant que Gary Cherone saute dans tous les coins (au point de se télescoper avec un cameraman). Si la section rythmique (Badger/Figueiredo) fait des étincelles, tous les regards sont posés sur Nuno Bettencourt. Le guitariste s’en donne à cœur joie et fait preuve d’un talent monstrueux doublé d’une humilité à faire pâlir plus d’un Suédois has-been. Les tubes s’enchaînent ; c’est une joie d’entendre « Decadance dance », « Kid ego », « #Rise », Am i ever gonna change » et « Hole hearted ». L’obligatoire « More than words » est beuglé par le public qui en redemande. Le show se termine avec « Get the funk out » et le récent « Rise ». C’est LE concert du festival.

La nuit commence à tomber, tout comme la pluie. Peu importe car la venue de Mr Bungle sur la Valley est un des évènements majeurs de cette édition 2024. Cette incarnation du projet de Mike Patton est d’autant plus exceptionnelle qu’elle regroupe Scott Ian d’Anthrax et le mythique Dave Lombardo (ex Slayer) complétant l’équipe habituelle (Trey Spruance et Trevor Dunn). La Valley est bondée et assiste à un show étrange mais plaisant. Mike Patton est complètement cintré ; ses acolytes suivent ses humeurs et délires. Le groupe enchaîne le répertoire de The Raging Wrath of the Easter Bunny avec des reprises improbables (« I’m not in love », « Satan never sleeps »…) et d’autres plus judicieuses (un « Hell awaits » gargantuesque). Wolfgang Van Halen s’invite sur scène pour « Loss of control » de feu Van Halen et Andreas Kisser pour « Territory ». C’est ce qu’on retient le plus de ce set qui ne propose que la toute première période de ce groupe avant-gardiste. L’affaire se termine sur « All by myself » (transformé ici en « Go fuck yourself ») repris en chœur par l’assistance. Un concert satisfaisant, mais une légère pointe d’amertume se fait sentir : nous aurions préféré un récital regroupant des titres des trois premiers albums.

Le déluge ne s’est toujours pas arrêté. Malgré cela, la Warzone se remplit tranquillement pour The Interrupters. Le public est très motivé. Dès l’intro (« Ghost Town » des Specials, on a connu pire), The Interrupters nous met dans le bain. « Gave you everything » frappe fort et juste ; le public trempé montre son enthousiaste. Aimee Allen et les frères Bivona en rajoutent avec un mélange de punk, ska saupoudré d’une grosse louche de rocksteady influencé par les Specials, Selecters ou encore Rancid(« A firend like me »). Au milieu du set, la pluie s’arrête enfin. Le groupe enquille les incontournables (« By my side », « Got each other »), une reprise improbable (« Bad guy » de Billie Eilish) et le tubesque final « She’s Kerosene ». C’est sur ce joli moment de sourires, de joie, de générosité que se termine notre journée. Allez à demain !

Nico.

Les photos de cette troisième journée se trouvent ici.