J'arrive avec un énorme sentiment de culpabilité devant la salle: je déteste être en retard, je savais que je ne pourrais pas être là pour l'ouverture des portes je visais donc « l'entrée en scène du premier groupe »… sauf qu'à cause d'une sombre vieille dame qui m'a tenu la jambe en fin d'après-midi (pourquoi les personnes âgées veulent-elles toujours me raconter leur vie dans les moindres détails?!), j'arrive 25mn en retard sur cet « horaire prévu ». Et en fait 2 minutes avant la fin du dernier morceau « du groupe en scène ». Et après le concert j'apprendrai qu'il y avait en fait encore un autre groupe avant… bah oui, j'avais retenu 19h comme « heure sur le billet » (ne me demandez pas pourquoi.…), finalement c'était 18h30, et pas de temps d'attente entre l'ouverture des portes et le premier groupe: pas fiesta du tout! Et aucun avis sur Cluster ou Outcast donc, logiquement. Je suis à la fois peu surprise et un peu déçue de l'affluence très moyenne: peu surprise parce que « les concerts de soliste » ça attire généralement peu de monde, un peu déçue parce que même sans avoir lu les annonces apparues deux semaines avant le concert on pouvait facilement deviner que « la surprise » serait « un passage Adagio », plus ou moins long selon l'interprétation de chacun… m'enfin bon, il est vrai que la qualité de ce groupe n'est absolument pas proportionnelle à sa reconnaissance publique, comme souvent me direz-vous!
(Enfin si, une chose à dire sur Outcast, en un sens: à la pause, je croise un très vieil ami que je n'avais plus vu depuis… une éternité. On commence à papoter, beaucoup, et il me décrit entre autres comment il a eu peur de subir « un brailleur qui braille faux » quand le chanteur d'Outcast a commencé à chanter, puisqu'apparemment le monsieur « braille faux », enfin pas totalement faux mais désagréablement faux en gros: comme je tique, il m'explique comment on peut « brailler juste » ou « brailler faux »… j'aurais bien aimé voir un peu plus d'Outcast pour comprendre un peu mieux ce concept bizarroïde!)
C'est rapidement au tour de STEPHAN FORTE d'entrer en scène, accompagné des musiciens d'Adagio (- batteur pour cause d'empêchement de dernière minute, donc remplaçant) (- chanteur puisque titres solo en premier):
Grosso modo et de mémoire, l'intégralité de son album solo est joué ce soir. Ca tombe bien je l'aime bien (sinon je ne me serais pas embêtée à venir, notez.) Le côté « quand même très proche d'Adagio! » se ressent évidemment énormément, au moins dans les ambiances etc., mais là il peut s'amuser à la guitare du début à la fin des morceaux alors que dans Adagio c'est plus limité à des « cases » bien précises, logiquement. J'avais un peu peur que ça fasse longuet s'il enchainait les titres solo/instrumentaux (ils auraient pu mélanger des titres d'Adagio et ses trucs à lui après tout), mais finalement c'est passé tout seul, tout juste si je n'ai pas été surprise d'entendre qu'ils partaient « déjà » faire une pause en coulisses. L'ambiance avait quelque chose d'un peu bizarre: le public était très attentiste, réagissant très peu (des progueux quoi, ha!) et en même temps on sentait que tout le monde était concentré sur ce qui se passait sur scène, sans qu'il s'en dégage quelque chose de négatif au contraire… difficile à décrire, très bizarre, pas forcément très agréable pour les musiciens à vue de nez (ça a besoin de répondant ces petites bêtes !), mais c'est comme ça que le ressent la salle dirons-nous. Quelques trucs me paraissent un peu bizarres à la batterie, mais Stéphan expliquera un peu plus tard qu'ils ont dû prendre un batteur remplaçant pour cause d'empêchement de dernière minute du batteur attitré (je me disais bien que je me souvenais mal de sa tête!): pour quelque chose appris à la va-vite c'est plus que bien. Petit moment d'amusement pendant la Sonate au Clair de Lune, quand même: à un moment, sur une montée, il me semble entendre un truc un peu bizarre… bah, mes oreilles me jouent parfois des tours, aucune importance. Quand le passage revient après je prête un peu plus attention à ce que fait le monsieur guitariste (jouant du piano moi-même je connais la partie piano plus que par coeur… et même si je comprends parfaitement qu'il est impossible d'interpréter au piano si on veut respecter les temps etc., histoire qu'un autre musicien « se calle » en même temps, je n'arrive pas à me concentrer sur « une Sonate au Clair de Lune mécanique » !): il fait sa montée très proprement, attaque la dernière note avec énormément de conviction, ça va être ze conclusion qui cloue sur place vous voyez… et bam, ça sonne un demi-ton trop bas. Or à la guitare ça n'est pas comme au violon, on ne peut pas trichouiller en un millième de seconde: il est obligé de tenir sa note qui aurait tellement bien sonné si elle avait été un demi-ton au-dessus! L'ami à côté, guitariste, soutient que c'est le claviériste qui se plantait, tandis que pour moi, pianiste, c'est le guitariste qui se plantait… chacun prêche pour sa paroisse, normal! Ca sera aussi le seul moment du concert où Stéphan sourira vraiment, plus que « le sourire social » s'entend, pas qu'il ne soit pas communicatif mais… ça tient plus du « sentiment contrôlé », un peu comme un acteur en représentation? Comme il a du charisme ça passe sans problème, mais pour les gens (genre moi) qui cherchent autre chose qu'une simple représentation quand ils vont à un concert, ça laisse quand même une petite impression de « dommage ». (*et la barbe si cette remarque est mal prise, honnêtement ça devient franchement blessant d'entendre régulièrement des remarques sur l'affection que je peux porter à ce groupe parce que je ne dis pas « amen » à tout sans la moindre réserve… Je vénère Paul McCartney et pourtant même pour lui je ne tombe pas en pamoison devant la moindre seconde du moindre de ses concert ou album, purée de sale bête!!! Pareil (voire encore plus…) pour Kirito, c'est bien dommage si vous ne connaissez pas!*)
Mini-pause bizarre puisque la lumière est rallumée dans la salle (eh? on n'est pas censés demander un « bis », dont on se doute bien qu'il sera un mini-concert d'Adagio? ça serait déjà fini? mais que se passe-t-il donc?), et on est repartis pour un tour, avec ADAGIO pour de bon:
Bien évidemment, « l'attraction » principale de ce concert est le nouveau chanteur: que vaut-il? Je dois avouer qu'il me laisse une impression un peu mitigée: il chante très bien très juste et avec beaucoup de conviction, mais… ça manquait de variation dans le chant? Quelque chose dans ce goût… Depuis quelques albums il y a beaucoup de « variations de timbre » dans le chant chez Adagio, en tout cas je l'appelle comme ça (et j'aime beaucoup ça). Or j'ai l'impression d'entendre toujours le même timbre ce soir (en dehors des passages hurlés par Stéphan, forcément). D'où dommage et petit manque. D'un autre côté on est (très) loin de « la catastrophe Mats Leven », qui m'avait tout sauf convaincue quand je l'avais vu avec Adagio en première partie de Kamelot en 2010 (peu importent son CV et sa qualité vocale: en étant gentille je dirais qu'il n'avait fait aucun effort pour faire un bon concert, en étant méchante je dirais qu'il l'avait massacré). On est également loin de mon « coup de foudre vocal » avec Christian Palin, mais puisqu'apparemment il était impossible de le garder… on verra bien ce que donnera celui-ci, en espérant que cette fois-ci c'est le bon! Et puis apparemment il n'y a pas eu de répétition avant ce concert, ça n'aide évidemment pas à « lâcher sa voix ». Kelly, le dit nouveau chanteur, est sans doute assez nerveux en entrant en scène puisqu'il gesticule assez inutilement, mais ça se calme énormément par la suite et il a finalement une attitude tout à fait correcte. Il essaiera de temps en temps de nous « dérider » un peu, mais c'est peine perdue, le public a décidé d'être très mou et attentiste ce soir. Enfin, en dehors des anglais (je suppose) à ma droite peut-être: à force de boire de la bière ils deviennent très « volubiles », à rire dans le vide etc., quand ils le font aussi sur les intros au piano censées « plonger dans une ambiance sombre » c'est assez fatiguant… enfin, autre pays autres moeurs!
Bizarrement, alors que le son était tout à fait bon pour la partie « Forté – solo » du concert, il devient assez brouillon dans la partie Adagio. Brouillon et irrégulier en fait: tantôt c'est tel instrument qui pêche, tantôt tel autre, tantôt un peu le tout, tantôt ça redevient correct, ça peut même varier pendant un morceau… bizarre. A un moment du concert, je m'avance un peu puisqu'un gros trou s'est formé petit à petit devant moi: la vue y est bien meilleure, le son y est peut-être encore pire… j'essaierai de reculer un peu après, mais en fait non, c'est la sonorisation elle-même qui a empiré. Ca n'aide pas du tout à apprécier le morceau issu de l'album à venir, puisqu'il est difficile de distinguer exactement ce que fait chacun. Au final il donne même plus l'impression d'un travail en bonne voie d'aboutissement que d'un morceau vraiment fini: l'intérêt des morceaux d'Adagio est souvent qu'ils sont peaufinés jusqu'au bout du peaufinage, si je puis dire, alors que là Kevin avait l'air de principalement pianoter la même boucle en continu, Stéphan était très accroché à faire la guitare rythmique, la basse et la batterie étaient moins détaillés que d'habitude… vraiment pas eu l'impression d'entendre un morceau finalisé, ou sinon l'album à venir va être très simplifié par rapport à ce qu'ils faisaient jusque là (or, vu l'évolution de leur musique, je ne parierais pas là-dessus): difficile de donner un avis.
Enfin!
Je chipote, je chipote, mais je passe un bon moment, là encore « la fin arrive vite ». Et au moins je ne les laisse pas avec un gros sentiment d'inquiétude, que m'avait inspiré Mats Leven, qui, bon… déjà expliqué: ici c'est plutôt de la curiosité, ce qui est préférable.
Une séance de dédicaces est organisée après le concert, comme je n'ai rien à leur faire signer on reste en bas avec l'ami déjà cité, et on papote… jusqu'à une figure artistique rare: alors que l'un de nous deux termine une phrase, arrive un énorme « plop » dans son verre (heureusement presque vide)… Oh! Des lunettes de soleil! En plein dans le verre! La fille (forcément?) descend les récupérer et nous explique qu'elles sont tombées de sa tête alors qu'elle regardait un truc en bas, c'était tellement bien visé que c'est typiquement le genre de chose que « même si ça avait été volontaire, je n'aurais pas pu le faire aussi bien! »… et prend en fait son temps pour l'expliquer, essaie de faire monter le truc et blah-blah. Nan, mais il a une copine le type tu sais, inutile de minauder comme ça cocotte! Je suis sans doute très mal placée pour parler vu que je ne sais absolument pas draguer, mais c'est parfois amusant de voir les minaudages des autres… ou mignon, au choix! Nous finissons par monter, la séance de dédicaces étant à l'étage… et dispatchée: nous croisons Kevin qui papote en montant, Franck papote avec des gens dans un coin (il a maigri d'ailleurs?), et Stéphan est à l'extrémité opposée… en fait c'est le seul à rester « là où la dédicace est prévue », il est discipliné, c'est bien! M'enfin il y a du monde, rien à faire signer, pas grand chose à dire… on papote avec l'ami. Et une première Madame Cluster vient nous proposer d'acheter un cd du groupe… ça aurait été avec plaisir si j'avais eu de la monnaie, et surtout si j'avais pu voir le groupe, histoire de savoir si leur musique me plaît! Une deuxième Madame Cluster retente un peu après… et encore un peu après… et une dernière fois à l'extérieur, après que les vigiles nous aient presque dit: « Voulez-vous bien vous diriger vers la sortie ? ça commence à être l'heure… » (j'exagère sans doute, mais c'était vraiment dit très gentiment/poliment, ça change!) S'en suit une conversation assez généraliste sur la musique… que je laisse évoluer, me doutant de là où ça va aboutir, jusqu'à ce que mon ami dise très naturellement : « oui, l'installation aussi c'est important, mais les gens le réalisent rarement, c'est pour ça qu'ils sont toujours étonnés quand ils voient la laine de roche sur mes murs! » C'est vrai quoi, – tout le monde – est perfectionniste au point d'envisager de mettre -de la laine de roche- sur ses murs pour assurer une bonne isolation phonique! Parce que bon, quand il leur a parlé de ses six guitares Petrucci (la même, six couleurs différentes… mais surtout six accordages différents, ça change tout!) ils ont un peu compris qu'ils avaient affaire à quelqu'un de passioné/pointilleux, mais là… tout juste s'ils ne sont pas bouche bée quand il nous sort cette merveille… pendant que j'éclate de rire, tellement je le voyais venir gros comme une maison depuis un moment!
Polochon
[Photos d'Adagio
Interview avec Stéphan Forté.]