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2021 : le Top 20 de Patate

Une fois n’est pas coutume, le Top 10 devient un Top 20, sans véritable hiérarchie (même si vous devez vous douter que plus un album apparaît tôt dans la liste, plus il m’a marqué).

CROWN – The End Of All Things
« Tu vas voir, c’est comme du NIN époque Hesitation Marks, mais en pas chiant ». Fallait pas me dire ça alors que j’avais à nouveau sombré dans les œuvres de Trent Reznor. Du coup, j’ai sauté sur cet album comme un enfant afghan sur une mine. Une énorme claque. L’album français de l’année, sans la moindre hésitation.
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The Project Hate MCMXCIX – Spewing Venom Into The Eyes Of Deities
L’album de tous les superlatifs. Toujours plus dense, toujours plus fouillé, toujours plus grandiloquent… Et paradoxalement, tous ses aspects positifs en font un album tellement exigeant qu’il ne s’écoute qu’en de rares occasions. Il faut presque planifier un rendez-vous avec son casque et cette galette, en ayant la certitude de ne pas être dérangé, pour pouvoir le déguster à sa juste valeur. Oui, je sais #FirstWorldProblem
L’album est uniquement disponible auprès du groupe

So Hideous – None But A Pure Heart Can Sing
Appelez ça du post-black, du shoegaze, collez autant d’étiquettes que vous voulez à cette galette, je m’en bats les kiwis : cet album ne se décrit pas, il se ressent, il se vit. Les cuivres et les instruments à cordes ne sont pas un simple gimmick, ils apportent vraiment une profondeur incroyable aux morceaux. Et Mike Kadnar, bordel ! Un des incontournables de l’année 2021.
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Ethereal Shroud – Trisagion
Le meilleur album de Black Metal de l’année (et pourtant, 2021 nous a gâtés en matière de Black). 64 minutes d’une intensité rare, qui prennent aux tripes. Pas de cirque satanique, pas de folklore diabolique, juste une déferlante d’émotions humaines. Inutile de se demander si le groupe parviendra à faire mieux un jour, Trisagion est son chant du cygne. Ce n’est pas un album, c’est un mic drop.
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Déhà – À Fleur De Peau IV / Déhà – Ave Maria II
Déhà est mon artiste de l’année, ça ne fait aucun doute. Et parmi toutes ses sorties en 2021, je n’arrive pas à départager ces deux morceaux. J’ai même des difficultés à décrire ce qu’ils me font ressentir. Les 5 premières minutes d’Ave Maria II, par exemple, devraient être mises dans tous les manuels du Metal à la rubrique « CA, c’est une intro ! ». Ou cette transition sur À Fleur De Peau IV qui culmine à 19:28 avec une trouée presque lumineuse. C’est du grand art. De l’émotion avec un grand É.
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Plebeian Grandstand – Rien Ne Suffit
« La vérité c’est que personne veut admettre que des Toulousains aient réussi quelque chose haha ». Ouais beh parle pour toi, moi, j’ai du mal à admettre que j’ai déjà mis deux albums français dans mon Top 20. Mais en même temps, quel album. De la douleur auditive. Une des plaques les plus radicales de l’année.
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Blood Red Throne – Imperial Congregation
Pas vraiment de surprises sur ce dixième album des Norvégiens de Blood Red Throne. C’est brutal sans tomber dans l’excès, il y a toujours une petite dose de mélodie et une grosse louche de groove… C’est « juste » du Death Metal (et dit comme ça, c’est tellement réducteur), mais ça fait du bien.
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Cannibal Corpse – Violence Unimagined
Cannibal Corpse n’avait pas semblé aussi inspiré depuis Kill. Qui est sorti il y a 15 ans. Bon, ok, les albums précédents avaient encore leur lot de morceaux intéressants, mais Violence Unimagined est parvenu à me convaincre dans son ensemble. On dira ce qu’on veut, mais l’ajout de Rutan à la gratte apporte un plus indéniable.
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The Amenta – Revelator
Tout est déjà dit ici
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FLUIDS – Not Dark Yet
1 EP, 2 singles, 3 splits (dont un avec les Japonais de Pharmacist, qui font du Carcass mieux que Carcass) et un album : les ricains de FLUIDS n’ont pas chômé cette année. ET PUTAIN QU’EST-CE QUE C’EST CON ! Les riffs sont pachydermiques, les samples dégoulinent de malaise, la B.A.R. permet des accélérations fulgurantes, et ce chant… HA CE CHANT ! Le genre d’album qui s’écoute à toute occasion, qui ne requiert aucun effort mental. C’est con, mais c’est bon.
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Blockheads – Trip To The Void
Un troisième album français dans mon Top 20, arrêtez tout, putain, cette année est vraiment claquée au sol. Plus sérieusement, Blockheads fait partie de mes chouchous (et je ne les ai vus qu’une seule fois, au Bloodshed 2013 après la sortie de This Word Is Dead) et ils ont sorti ZE album de grind de l’année. Rien que ça.
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Acausal Intrusion – Nulitas
Du Death sinistre et décousu, avec une caisse claire qui colle des migraines en trois minutes. Vendu comme ça, c’est pas très alléchant. Pourtant, la sauce prend. Le genre de galette à classer avec Ulcerate et Ad Nauseam. Il faut quelques écoutes pour rentrer dans le trip, mais l’effort en vaut la chandelle.
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Cult Of Luna – The Raging River
« Ils ont vraiment ce truc pour exprimer le ‘feeling dead inside’ en musique ». Ha, si tu savais à quel point tu as raison. Une de mes découvertes de l’année. Ouais, je connaissais pas Cult Of Luna.
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Rivers Of Nihil – The Work
Je ne m’en cache pas : je suis un fanboy de Rivers Of Nihil, et j’attendais cet album avec impatience. Mission accomplie : le groupe progresse encore inlassablement et propose un parfait équilibre entre technique et lourdeur. Si vous aimez votre Death Metal avec une petite touche jazzy et ici et là un peu de cuivre, sautez sur cet album.
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Fuoco Fatuo – Obsidian Katabasis
Des Italiens qui sortent un album de Funeral Doom tellement sombre et étouffant qu’on le croirait tout droit sorti du fond de l’enfer (ou de la Finlande, au choix). Et on s’étonnera encore que nos gosses sont des billes en géographie. Cet album a été testé sur un Hamster adulte. Il a kiffé.
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Tardigrada – Vom Bruch Bis Zur Freiheit
Interlude – pavé épique – interlude – pavé épique – interlude – pavé – interlude – coup de grâce avec un… PAVÉ, bien entendu. Certains reprocheront quelques longueurs, mais c’est justement ce qui m’a plu dans ce deuxième album des Suisses de Tardigrada, ce côté hypnotique.
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Dream Unending – Tide Turns Eternal
« Mec, c’est un des mecs de Tomb Mold et un des mecs d’Innumerable Forms, la fusion de ces deux groupes de Death, ça ne peut donner qu’un groupe de Super-Death ». Ou pas. Genre pas du tout. Un grand merci à eux, j’ai pu caser un album de « Prog » dans mon Top 20.
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Voices – Breaking The Trauma Bond
Savoir jouer dans plusieurs registres, c’est bien. Parvenir à combiner tous ces registres en un seul album sans pour autant donner l’impression d’un patchwork décousu, c’est mieux (et beaucoup plus compliqué). Ils sont forts, ces Anglais.
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Friisk – …un torügg bleev blot Sand
Black Metal + Allemagne + Vendetta Records = la promesse d’un bon moment.
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Il est aujourd’hui difficile, voire impossible, d’échapper à Gojira sur les réseaux sociaux, tant le groupe est porté aux nues par l’ensemble des zines Metal généralistes. « Album de l’année », « Groupe de la décennie »… nos confrères ne tarissent pas d’éloges et de superlatifs pour parler des Landais et de leur nouvel effort, Fortitude.

Mais cet engouement est-il vraiment dû à la musique ? Si on regarde bien l’évolution du groupe depuis maintenant quelques albums, Gojira donne l’impression d’un groupe qui dilue son propos, qui le polit, l’adoucit sans pour le rendre pour autant plus digeste. Vous vous souvenez de l’époque de « Backbone » ? Cette époque est bel et bien révolue. Vous me direz qu’il faut respecter les choix de l’artiste, et je vous rejoins sur ce point. D’ailleurs, je regrette souvent amèrement la frilosité des artistes qui se cantonnent à une seule formule gagnante, mais dans le cas de Gojira, c’est le message sous-jacent à l’album et non l’album lui-même qui est à l’origine de l’engouement.

Retirez les thématiques abordées dans Fortitude, oubliez un instant la récolte de fonds pour l’Amazonie et concentrez-vous sur la musique. Comme à l’époque de L’Enfant Sauvage, le groupe retombe dans l’écueil des passages redondants. Le titre éponyme, par exemple : à quoi sert-il, si ce n’est à allonger artificiellement un « The Chant » qui est déjà bien assez long. Mis à part les deux premiers titres qui tirent leur épingle du jeu, Fortitude manque de punch et de cohérence.

Si Fortitude rencontre un tel succès, c’est parce que son message parle aux gens*, et ce, malgré ses défauts au niveau de la forme. Comment pourrait-on haïr un groupe qui dénonce, pour ne citer que cette problématique, la déforestation en Amazonie ? Le message est important, la démarche est louable (la récolte de fonds tourne bien et ça fait plaisir de voir des groupes se mobiliser)… Mais cela ne doit pas nous aveugler sur les défauts de Fortitude. On peut dénoncer des problèmes sociétaux ou environnementaux sans adoucir son propos pour le rendre aussi accessible que possible. Demandez à Napalm Death ou à Cattle Decapitation comment ils ont fait…

* et encore, le message porté par « Another World » est tellement résigné qu’il en devient déprimant

Depuis des semaines, je n’avais plus goût au Metawl.

Non, pas vraiment : depuis des semaines, j’étais devenu un Boomer, un vieux con rouillé, coincé dans ses habitudes. Pourquoi porter aux nues un groupe comme Vitriol (qui fait pourtant du très bon taf sur To Bathe From The Throat of Cowardice) quand on peut se replonger avec délice dans les premiers méfaits d’Immolation ou de Dying Fetus ? Pourquoi accorder ne fût-ce que 20 minutes à Daemon, le dernier album de Mayhem en date, quand on peut se vautrer dans A Grand Declaration Of War ? Au lieu de faire son kéké en interview en mode « ouais mais non, j’étais prêt à buter Euronymous », Necrobutcher aurait pu demander à Attila de fermer sa gueule et d’arrêter de diluer le charme de Mayhem dans de nouvelles sorties à l’intérêt discutable.

Le point culminant ? Celui qui a suscité en moi une prise de conscience radicale de mon état ? Vendredi dernier. Veille d’un long week-end et jour de sortie de The Repentless Killogy, dernière offrande live de Slayer. 21 titres, 91 minutes : sur le papier, la garantie d’un bon moment avec mes idoles. J’étais prêt, la veineuse dans la main droite, le poing gauche fièrement dressé vers le ciel, prêt à reprendre en chœur les refrains tout en faisant abstraction de la lente agonie du groupe depuis le décès de Jeff.

Ha, Jeff… Je me souviens encore du jour de son décès comme si c’était hier. Assommé par le Jack ingurgité en after du Neurotic Deathfest, je m’étais endormi, écrasant une larme en pensant à ce fier héros de la gratte terrassé par les suites d’une nécrose due à la morsure d’une araignée. Plus tard, j’ai appris que c’est l’alcool qui l’a tué. Terrassé par la Keken. Voilà qui écorne le mythe…

Mais je m’égare. Ce live de Slayer, donc. Comment dire. Les cris de Tom sont devenus aussi crédibles que les menaces de Rose Hreidmarr quand on parle mal du dernier Baise Ma Hache. Mes derniers repères se sont écroulés. J’avais du mal à concevoir un monde sans Slayer. J’en venais soudain à souhaiter que ce live n’ait jamais existé. Certes, on n’est pas au niveau de médiocrité d’un Diabolus In Musica, mais quand même, c’est rude.

J’ai donc pris une décision radicale : m’ouvrir au monde, voir ce que d’autres personnes pensent ou recommandent.

Internet est un lieu terrifiant. Un lieu où des gens recommandent Deafheaven. « Nan, mais c’est de l’émotion pure. T’as jamais vraiment éprouvé de tristesse en écoutant de la musique si t’as pas écouté Sunbather de Deafheaven ».

ALORS excuse-moi Jean-PostBlack, mais toi, t’as jamais vu One Way Mirror en live pour oser dire une énormité comme ça.

Il est donc temps de se remettre en chasse. De sortir des sentiers battus. D’oser remettre en question des idées préconçues. Et cette rubrique sera l’occasion, dans les semaines à venir, de parler de Metawl, de chroniquer des albums en trois lignes, de me pencher sur d’éventuelles recommandations