Motocultor 2015, Samedi 15 Aout
Posted by nicoOct 5
Son: Bon.
Lights: Très bons.
Affluence: Un site rempli comme un oeuf.
Ambiance: Familiale.
Moments forts: Tankard, Sodom, Carcass, God Seed
Ce samedi démarre sur les chapeaux de roue avec Bliss of flesh et son death metal racé. Necurat, le chanteur, impressionne ; le groupe surprend. Son death/black est net, carré et sans bavure. Ce concert donne envie de se pencher sur leurs deux albums Emaciated deity et Beati pauperes spiritu. On tient là un groupe de qualité dont on guettera les prochaines prestations.
Les Espagnols de Avulsed ne sont pas réputés pour faire dans la dentelle. Pour preuve, leur dernier album Ritual Zombi. Sur scène, c'est à peu près la même chose. Le groupe est brutal et son death/gore est assez délicieux quoi qu'un peu convenu. Le tout est rattrapé par la superbe prestation de son leader. En effet, Dave Rotten ne se ménage pas et la communication avec le public du Motocultor est parfaite. Se démener de telle sorte mérite toutes les louanges. Avulsed décroche la timbale d'un des concerts les plus sympas du jour.
Kronos est un mastodonte. Si son nom évoque le roi des titans dans la mythologie grecque, sa musique en est l'équivalence. Kronos bluffe son monde avec une technique irréprochable. Le concert ne laisse pas place à l'improvisation ; on a juste l'impression de se prendre un quinze tonnes en pleine figure. Les morceaux de l'excellent Arisen new era passent comme une lettre à la Poste. Et le public ressort soufflé de ces 50 minutes. Malgré quelques changements de line-up, ce groupe a bien fait de continuer sa route.
Glorior Belli est une formation unique qui propose une musique peu commune. Quand elle entre sur la Massey Ferguscene, nous plongeons dans un autre univers. Une ambiance particulière se diffuse. Billy Bayou, comme il se fait appeler désormais, distille une atmosphère poisseuse. Ce black metal saupoudré d'influences southern-rock ne fait pas dans la demi-mesure. Soit on y adhère, soit on le rejette. Le public réagit, pour sa part, positivement à cette invitation.
A peine débarqué sur scène, Andy Gutjahr, guitariste de Tankard, enchaîne sur le riff du tube absolu des Allemands : « Zombie Attack ». La messe est dite en deux accords. Gerre au micro se démène comme un beau diable ; il est joyeux et motivé. La troupe est remontée malgré l'absence de Olaf Zissel remplacé aux fûts par Gerd Lücking de Holy Moses. Que dire d'autre ? Qu'un concert de Tankard est toujours une fête agitée où l'on beugle bruyamment ses hymnes une bière à la main ? Même si le groupe déçoit sur ses derniers albums, il ne faut pas manquer ces célébrations qui sont toujours l'occasion de s'amuser en écoutant du bon vieux thrash vintage.
On enchaîne avec un autre membre du Teutonic Big Four : Sodom. Le trio a toujours été excellent sur scène. C'est brutal et précis. Tom Angelripper, t-shirt Venom à l'appui, est l'incarnation de ce que le metal allemand a fait de mieux. C'est impressionnant de voir ce vieux brisquard arpenter les scènes avec la même conviction qu'il y a trente ans. Véritable machine de guerre, Sodom joue ses classiques (« The saw is the law », « Agent orange »…), ne fait pas de prisonnier et assoie son hégémonie sur le thrash européen. Le thrash metal teuton est au diapason.
Dire qu’on aime Abbath est un doux euphémisme. Que ce soit avec Immortal ou son projet « I », tout ce que touche l’artiste se transforme en or. Pourtant, un projet aussi casse-gueule que Bömbers (des reprises de Motörhead plus vraies que nature) pouvait laisser craindre le pire. Bömbers est au contraire une réjouissante récréation. Ca MARCHE à 200%. Abbath possède assez de recul et d’humour pour que l’ensemble tienne la route. La set-list reste aventureuse (« Going to Brazil », « Back At The Funny Farm ») et le public chante à l'unisson. On se surprend alors à penser que lorsque Lemmy aura passé l’arme à gauche, Bömbers pourrait prendre la relève.
Carcass est un groupe qui a eu la bonne idée de se reformer. Fort de son dernier album, la formation de Bill Steer et Jeff Walker débarque conquérante sur la scène. Et ascène ses frappes chirurgicales. Les Anglais jouent une flopée de tubes et donnent sans compter. Les deux petits nouveaux s’amusent ; une vraie unité se dégage. « Heartwork », « Incarnated solvent abuse » et même l’inespéré « Keep on rotting in the free world » sont joués comme à la grande époque. La grande classe.
Death to all est un vibrant et sincère hommage au regretté Chuck Schuldiner. C'est aussi une bonne occasion d'écouter sa musique dans de bonnes conditions. La barque menée par le talentueux Steve DiGiorgio (Sadus, Testament) est une mécanique imparable. Accompagné de Gene Hoglan et du jeune Max Phelps, il prepétue l'héritage de Shuldiner. Phelps se révèle en digne héritier de Chuck tandis que le reste du groupe interprète à la perfection des compositions immortelles. Toutes les périodes sont couvertes ; la set-list passe d'une gâterie gore (“Zombie ritual”) à un morceau complexe (“Symbolic”) sans choquer. Cet excellent concert nous rappelle l'immense vide laissé par Chuck.
Parlons de la blague Brujeria qui nous prouve que mêmes une icône du metal peut se planter. On se demande ce que font Shane Embury (Napalm Death) et Jeff Walker (Carcass) dans cette vaste fumisterie, mélange pathétique de bouillie grind/death/latino. Seule éclaircie, les trois dernières minutes, avec la reprise de la Macarena en « Marijuana ».. Il est savoureux de constater que les metalleux n’ont pas oublié la chorégraphie de Mia Frye.
Ultime concert et grand choc de la journée. Quelques minutes avant l'entrée en scène de God Seed, nous apprenons qu'il s'agit là de leur dernière prestation ! La rumeur enfle et parle d'altercation entre King, Gaahl et Abbath avec pour résultat ce triste split. Dès leur arrivée, l'ambiance est tendue. Gaahl et King s'évitent soigneusement. Quand ils se croisent, la tension est perceptible. C'est d'autant plus dommage que l’interprétation de leur unique album (I begin) est réussie. Gaahl est magnétique. Il est, sans commune mesure, l'un des chanteurs les plus effrayants du black metal. Il est tard, il fait froid et le concert se termine. King part d'un côté, Gaahl de l'autre. Un grand concert a eu lieu. Et une histoire se termine. Clap de fin.
Nico.
Toutes les photos du Motocultor 2015 se trouvent ici.
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