Souvenez-vous. Sepultura dans les années 90. Le groupe était au top. La communauté thrash avait mis la formation brésilienne sur un piédestal. Roots était un chef d’œuvre absolu au succès indiscutable. Max Cavalera avait le monde à ses pieds.
La suite est moins avenante : dysfonctionnement, split, formation de Soulfly, deux bons albums puis… La déchéance. Plus rien. Jusqu’aux retrouvailles avec son frère, lui aussi démissionnaire du groupe qu’ils avaient créé. Résultat : trois albums corrects et une vraie renaissance en 2017 avec Psychosis. Mais il faut quand même bouffer. Alors les frangins prennent sur eux ; ils organisent des tournées commémoratives : en 2016 pour célébrer Roots ; en 2019, pour Beneath the remains et Arise, deux pierres angulaires du thrash/death. C’était le programme du concert organisé au VIP de Saint-Nazaire.
La salle est bondée. Un public de quadras aux cheveux et aux barbes poivre et sel attendent de pied ferme les deux frères. Max et Iggor arrivent sous les hourras, prêts à en découdre. Le tour de piste commence avec l’efficace « Beneath the remains ». Si l’assistance est d’emblée conquise, je ne rentre pas tout de suite dans le concert, décontenancé par l’apparence du chanteur.
Pourtant, à la fin du morceau et à l’entame de « Inner Self », le gros Max se tourne vers son batteur de frère et son regard brille. Un coup d’œil suffit. Max Cavalera, celui que nous adulions, possède encore la foi. Ce feu qui le fait continuer envers et contre tous. La drogue, l’alcool, les déceptions, les albums médiocres n’ont plus d’importance. A l’instar de Mickey Rourke dans le film The Wrestler, nous sommes en face d’un type sincère qui ne lâchera rien. Chose précieuse à notre époque où le superficiel est roi.
Plus rien ne peut arrêter les Cavalera. Les classiques s’enchaînent : « Arise », « Desperate cry » ou « Mass hypnosis » sont toujours aussi mordants. Si tout n’est pas parfait (« Altered Sate » incluant une reprise ratée du « War Pigs » de Black Sabbath), l’enthousiasme est prégnant. Le public enchaîne pogos et slams pour le plus grand plaisir de Max. En fin de concert, le quartet dégaine l’artillerie lourde : « Orgasmatron » de Motorhead, le cultissime « Troops of doom » et le tubesque « Roots, bloody roots ».
L’affaire se conclue avec un medley « Beneath/Arise/Dead Embryonic Cells ». Les frangins saluent et claquent même quelques mains. Ça sourit des deux cotés. Que demander de plus ?
Nico