Archive for novembre, 2024

Comme tous les ans, le Muscadeath nous donne rendez-vous au Champilambart de Vallet. Depuis plus d’une vingtaine d’années, le festival est une bulle d’air frais où se retrouvent une poignée de passionnés réunis par l’amour du blast beat et du riff assassin.

En 2024, l’organisation n’a pas bougé d’un iota et c’est tant mieux. Pourquoi changer une formule gagnante ? Habitués et néophytes (re)trouvent donc facilement leurs repères. Niveau programmation, un menu attrayant mêlant noms établis et découvertes nous est proposé.

Cette année, nous ferons un focus sur les formations qui se sont distinguées lors de ces deux jours de fureur musicale. Et ce, sans dénigrer les découvertes (Ruyyn, War Inside et Malkavian) ; des valeurs sûres (Hate et Mortuary) ; la subtilité de Pénitence Onirique ; l’efficacité de Vorhees et d’Aborted qui puise malheureusement toujours autant son inspiration chez Carcass.

Houle, second groupe programmé lors de la première journée, a le vent en poupe : signature sur le label des Acteurs de l’ombre ; E.P et excellent album ; concert remarqué au dernier Hellfest. Houle prouve en moins de 3/4 d’heure que cette reconnaissance est méritée. Son black-metal épique nous conquiert avec ce concept original tourné autour de l’océan. Les musiciens sont au cordeau mais, ce qui impressionne le plus sont les vocaux de Adsagsona. Le public réserve un triomphe aux Franciliens. S’il continue sur cette lancée, Houle ira loin.

Dark Funeral est la tête d’affiche du premier jour. Le groupe de Lord Ahriman fait preuve d’un professionnalisme exceptionnel. Dès « Nosferatu », Dark Fu nous emporte dans un tourbillon qui ne cessera qu’avec «Where Shadows Forever Reign ». La troupe sait aussi se ménager avec un « When I’m gone » intense et touchant. Heljarmadr est un frontman charismatique, théâtral, aux vocaux efficaces. Les musiciens sont bien rodés et retranscrivent avec talent les classiques du groupe (« Ravenna Strigoi Mortii », « My funeral » , «Shadows Over Transylvania »). Si la fatigue commençait à poindre le bout de son nez, Dark Funeral procure un regain d’énergie pour l’ultime rendez-vous : Hail to Dark Funeral !

Disfuneral est la découverte de la seconde journée. Et quelle trouvaille ! En quelques notes et accords, nous devinons que Disfuneral a été biberonné au Sweadeath. Celui de Dismember, Entombed ou encore Nihilist. Voix putride, dissonances, pédale Boss HM2W et riffs ultra caloriques sont au rendez-vous. Les Nancéiens connaissent leur partition sur le bout des doigts et nous livrent un set enthousiasmant. Résultat, nous nous ruons sur leur premier album Blood red tentacle.

Nous n’aurions pas misé un kopec sur Karras. Imaginez le tableau, un groupe de death/grind avec un ancien Aqme et un membre de Mass Hysteria. La bonne blague. Et bien, nous nous trompions ! Tout d’abord, parce que Étienne Sarthou (ici à la batterie) a depuis longtemps fait ses preuves avec Freitot, Grymt et les excellents Deliverance et que Yann Heurtaux (guitares) a du se remémorer ses débuts au sein de Necropsy. Mais le vrai plus est Diego Janson, (ex Sickbag) qui insuffle une vraie dynamique au trio. Karras propose un show époustouflant où se mêlent un esprit punk cradingue, des riffs agressifs et une distorsion constante. Il n’en fallait pas plus pour se procurer leur dernier effort None more heretic.

Tout au long de la seconde journée, nous croisons beaucoup de spectateurs avec des t-shirts Bolt Thrower. Logique car l’avant dernier groupe est Memoriam, des vieux briscards dont Karl Willet est le beugleur en chef. Oui, celui de feu Bolt Thrower qui nous a enchantés pendant de nombreuses années. Et même si Memoriam n’est pas du même calibre que son précédent groupe, le quatuor propose un death-metal mid tempo lourd comme une enclume qui vous tombe sur la tête. Le set est plaisant ; Willet est heureux de dispenser la bonne parole. Ses acolytes (dont Frank Healy – Benediction, Cerebral Fix) assurent le job avec savoir-faire et humilité. Pépère peut être mais au final très efficace.

Comme toujours, le Muscadeath est une belle expérience. Un festival à taille modeste qui n’a pas les yeux plus gros que le ventre et dont le but est de satisfaire un public passionné avec une programmation de qualité sans cesse renouvelée. Donc merci pour tout à Ben et à Carnage Asso et vivement l’année prochaine pour l’édition 2025 qui aura lieu les 19 et 20 Septembre !

Nico.

Exuvial : album en écoute

Le groupe Exuvial (Denver, Colorado) propose son premlier album en écoute (sortie via Silent Pendulum Records), avis aux amateurs de Death Metal Progressif un poil technique :

Exuvial – ‘The Hive Mind Chronicles – Part 1: Parasític :

« Si tu ne pouvais garder qu’un seul morceau de Korn, tu choisirais lequel ? »

Fun fact : pendant de nombreuses années, j’ai eu en ma possession plus d’albums de Korn que d’albums de Slayer. Celles et ceux qui me connaissent dans la vraie vie véritable fronceront peut-être les sourcils en se demandant lors de quel festival j’ai pris un coup sur la tête suffisamment direct pour m’entrechoquer autant les neurones et me faire dire une telle énormité, mais entre 1996 et 1998, Korn, c’était un peu le sommet de la pyramide alimentaire du Metal pour le p’tit con que j’étais. Bon, à l’époque, même Slayer « faisait du néo » avec son poussif Diabolus In Musica, et pas mal de groupes plus extrêmes ne faisaient pas le poids face à cette déferlante sous-accordée.

Et en 1998, il y a aussi et surtout le Family Values Tour, premier du nom. Et à cette époque, c’est sur MTV que les fans pouvaient espérer voir quelques morceaux de chaque groupe. Limp Bizkit, Incubus, Orgy, Rammstein… Je me souviens avoir enregistré la diffusion sur une VHS pour pouvoir me repasser ces extraits de live en boucle. À l’époque, Korn est « à son prime », comme disent les ricains. Depuis le premier album éponyme, le groupe gravit les échelons sans faiblir et sort son opus magnum : Follow The Leader. Je ne le savais pas encore à l’époque (j’étais con et naïf, je pensais que le groupe ne pourrait que poursuivre son ascension jusqu’à un pinacle ultime), mais j’avais entre les mains un monument du néo de la fin des 90s, voire du néo tout court (aux côtés de White Pony des Deftones, le premier System Of A Down et le méconnu et pourtant si parfait The War Of Art de American Head Charge). Et le point d’orgue de leur carrière, ce titre ultime, il fera l’objet d’un clip, début 1999.

« Freak On A Leash ».

Je me demande sincèrement si beaucoup d’autres gars de mon âge ont le même souvenir vivace du premier visionnage du clip. MTV, fin de soirée, ce début de clip en dessin animé inspiré de l’artwork sublime de l’album, la chute du policier, la balle qui brise le quatrième mur du dessin pour une incursion dans le monde réel, l’interlude Davisien dans cette pièce aux murs criblés d’impacts de balles et ces jeux de lumière entourant le groupe… La claque visuelle vient s’ajouter à la mandale musicale.

Malgré une débauche de moyens sur les clips suivants et un Issues qui trône très haut dans le cœur de nombreux fans de la bande à Jon Davis, Korn n’arrivera, à mes yeux, jamais à surpasser ce moment de grâce. Un quart de siècle s’est écoulé depuis la sortie de ce clip, mais le souvenir est toujours vivace, et cette madeleine de Proust conserve une saveur particulière.