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Tant qu’il y aura du buzz

Dans les légendes urbaines colportées à notre sujet sur la toile, il y en a quelques-unes qui sont particulièrement savoureuses. On a déjà parlé du rapport étrange qu'entretiennent quelques groupes et responsables de labels au sujet de l'objectivité, il est vrai que c'est tellement plus agréable de se faire encenser… Voilà que certains se répandent sur le fait que nous aurions délibérément massacré leur travail dans une chronique dans le seul but de faire du buzz. Du BUZZ. Le mot est lâché.

Hé bien c'est vrai. Chaque vendredi, je consulte les statistiques et je convoque les chroniqueurs, à charge pour eux à la lecture des mots-clés qui amènent au site de proposer un article qui fera le buzz à coup sûr. Le prochain d'ailleurs, je vous le délivre en avant-première bande de veinards, sera consacré à ces ringards de metalleux qui arborent fièrement une coupe mulet, et qui cherchent sur la toile "les mystérieuses cités d'or – hentai". 

Plus sérieusement, derrière le mot Buzz, il n'y a rien de tout cela. Je suis désolé d'avouer que nous n'avons pas de stratégie concertée de publicité sauvage. Parfois, c'est même agaçant, quand on a écrit un article avec soin, de le voir relégué à des centaines de lectures par un démontage en règle du dernier album d'Emmental Eviscération qui se retrouve en tête des chroniques les plus lues du mois. 

Agaçant mais pas plus que cela : après tout, les articles du site quels qu'ils soient sont faits pour être lus. Et ce n'est pas la régie publicitaire qui s'en plaindra, quel que soit le buzz, c'est toujours bon à prendre. Pour autant, je réfute toute volonté de s'acharner sauvagement sur des "petits" groupes qui ont sué sang et eau pour sortir un disque. Quel que soit le statut du groupe dont l'album est chroniqué, ce n'est pas pris en compte lorsque l'article fait le buzz. Christopher Johannsson de Therion peut en témoigner, nous n'avons pas ménagé sa dernière sortie discographique, et nous sommes sur la même longueur d'onde lorsqu'il explique que même un mauvais buzz est bon à prendre.

On en oublierait presque le buzz positif engendré par une chronique qui a plu au groupe ou au label et dont la diffusion n'a rien à envier aux diffusions sujettes à polémique.

Faire du buzz pour faire causer, pour exister ? Cela ne tient pas la route. Certes, certains articles mis en avant provoquent une hausse des connexions -sur une durée très limitée – mais il n'y pas d'utilisation abusive de notre part : les chroniqueurs sont libres de proposer des articles susceptibles de faire le buzz, dès lors que le sujet est pertinent. 
Au contraire de certains sites, nous ne publions pas des dossiers qui touchent le fond du genre les "50 chanteuses les plus sexy du metal" qui doivent provoquer bien des connexions de métalleux mâles. Voilà une occasion manquée de faire du buzz pourtant…
Lorsqu'il s'agit de chroniques, la maîtrise du buzz en question est très relative, cela dépend d'abord de vous lecteurs, puis des groupes concernés, qui jouent le jeu, ou pas.

 

Vous le savez, sur Metalchroniques, on aime bien dire ce qu'on pense, sans langue de bois aucune. Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, Patate m'a passé sa plume ardente pour que je puisse vous parler d'un truc qui m'énerve au plus haut point lors des concerts de notre époque. En effet, il est une question que je me pose de plus en plus :

Faut-il imposer aux gens de laisser leurs téléphones dans un casier à l'entrée des salles de concerts et autres espaces culturels ?

En effet, je constate de plus en plus que les gens sont accros à leur petit écran, jusqu'à en devenir agaçants, caricaturaux, voire même pathétiques. Certes, cela fait un petit temps déjà que les bras levés dans les premiers rangs sont légion, affublés de Smartphones de plus en plus grands pour capturer photos et vidéos qui, au mieux, finiront sur Youtube avec un son qui ne rendra jamais hommage à la prestation du groupe capturé (au pire, dans les limbes électroniques de la mémoire de l'appareil, quelques octets perdus entre le mini jeu tactile parfait pour égayer un passage aux toilettes et le répertoire de l'utilisateur). Ca, on va dire qu'on a fini par s'y habituer, mais le problème est à mon sens tout autre maintenant que les opérateurs offrent toujours plus de possibilités de surfer sur la toile et d'être hyper connecté en permanence.

Cela fait déjà un moment que les choses se passent de cette manière, mais c'est cette année durant le Hellfest que ça m'a sauté à la figure ! N'ayant pu prendre congé pour partir à Clisson, j'ai eu tout le loisir de surfer sur Facebook ce week-end-là et de constater le nombre effarant de personnes en train d'uploader tout et n'importe quoi en direct du festival ! Un statut pour dire qu'ils sont en train de regarder le concert ultime de leur groupe préféré, une photo de la bière qu'ils viennent d'acheter, une autre photo les montrant fièrement entre amis au camping, et j'en passe ! Rien ne vous choque ? Je n'ai rien contre le fait de prendre des photos, que du contraire : ça fait des souvenirs, mais relisez bien, le problème est tout autre : tu es en festival, tu es avec tes amis, tu es sensé prendre du bon temps et profiter un maximum de l'instant présent. MAIS NON !!! Tu es là, rivé comme un con sur l'écran de ton téléphone, ne trouvant rien de mieux à faire que d'aller sur internet dans ce besoin désespérant de te rattacher socialement et virtuellement à tes contacts, et ce peu importe qu'ils soient avec toi au camping ou restés chez eux…

Je m'éloigne le temps de quelques lignes du cadre concerts et festivals pour citer un autre cas de figure : aller voir un film au cinéma ! Ca ne vous a jamais marqué ? La prochaine fois que vous irez voir un film en salle obscure, prêtez-y attention deux minutes, vous verrez : constamment, de petites lumières s'allument dans la salle, le temps de répondre à un sms ou d'aller sur un réseau social dire qu'on est en train de regarder tel film, et bien souvent réagir aux personnes qui viennent de commenter. C'est juste super, tu viens de payer dix balles pour voir un film sur écran géant, et tu préfères faire autre chose sur le petit écran…

Mais trêve de bavardage, revenons au vif du sujet. Vous aurez pu comprendre que le comportement hyper connecté 2.0 des gens m'exaspère, mais le plus triste est quand l'infrastructure de la salle de concert accueillant le super festival où tu pars prendre du bon temps encourage cette déviance ! Ainsi, pas plus tard que ce week-end au Eindhoven Metal Meeting, j'ai pu voir affiché fièrement en plusieurs endroit du bâtiment d'immenses affiches "Free WIFI available" ; et constater pendant les concerts de nouveau un bon nombre de personnes connectés à Facebook, à uploader instantanément leurs photos prises à bout de bras à l'autre bout de la salle (les gars, si vraiment vous voulez des photos du concert à ramener chez vous comme souvenir, laissez faire les professionnels, vous profiterez plus de l'instant présent et vous aurez des photos qui déchirent à disposition quelques jours plus tard) ou encore, et je parle d'expérience ce vendredi, constater que le gros imbécile devant vous préfèrera passer des coups de fils pour faire écouter le concert et partir à la chasse aux images drôles sur la toile pour les montrer à ses amis plutôt que de profiter du concert se déroulant juste en face de lui, ô comme c'est comique, justement le groupe affiché fièrement sur son t-shirt …

Ainsi, pour toi, l'internaute mobile décomplexé, ainsi que pour tout ton entourage pendant les festivités, tu ne penses pas qu’il serait vraiment plus agréable de te priver de ton téléphone juste le temps de te reconnecter à l'instant présent ? Et la prochaine fois que je te verrai uploader une photo directement via ton mobile d'un concert en cours avec comme commentaire "hihihi saytrobien", tu goûteras à mon 43 DTC !

Au lendemain du Mass Deathtruction 2013, une discussion s'est invitée dans les impressions post-festival : "depuis quand ne peut-on plus slammer dans un festival de Death Metal ?" (1). Ho mon Dieu, ma pauvre Lucette, c'est bien une question qui nous turlupine, pas vrai ? Une pratique honteuse, cette interdiction, une infraction à notre liberté individuelle, celle de monter sur la gueule des premiers rangs pour se rapprocher un instant de nos idoles ! 

Quels connards, ces slammeurs.

Déjà, il faut se mettre dans sa tête, au slammeur. Le gars se fait porter vers la scène. Il y va même pas à pied, il a besoin de porteurs. Au début, il se fait soulever par ses potes. C'est cool, l'amitié, porte-moi, je te porterai, mais rapidement, les potes balancent le slammeur vers les premiers rangs. Qui eux, n'avaient rien demandé et veulent simplement profiter du concert dans de bonnes conditions. Et là, bam, ils se prennent un poilu moyen sur le râble, et il a rarement un gabarit de grive. Avec du pot, tu prends ses fesses dans la nuque. Si t'as moins de chance, c'est le coude, voire même le pied. Et ce connard porte rarement du léger : metalleux oblige, il porte le genre de bottines orthopédiques que portaient les malades de la polio. Dans la nuque, ça fait pas du bien, je parle d'expérience.

Et ce con arrive encore à se plaindre quand il se vautre. C'est normal que tu sois tombé : c'est la gravité. Et plus t'es lourd, plus tu risques de te viander. Et il cherche un fautif à sa chute, par dessus le marché : le public qui ne l'a pas porté (il est pas là pour te porter, non plus), la sécu qui ne l'a pas réceptionné et/ou a essayé de le repousser (beh ouais, ils ont que ça à foutre, réceptionner des lourdauds comme toi)… 

Le slammeur est un égoïste de première, prêt à marcher sur la tête des autres. Il se laisse porter vers la scène, sourire béat aux lèvres et bras écartés. Si j'étais sound tech, je couperais la musique et je foutrais "I Believe I Can Fly" de R Kelly à pleins tubes dès que j'en vois un. Ils comprendraient peut-être, à force, qu'ils nous cassent les couilles et qu'ils sont tout aussi dangereux, voire plus dangereux (tant pour eux que pour leur entourage) que ceux qui se bousculent dans la fosse. 

 

(1) La réponse est : au moins depuis 2010 au Neurotic Deathfest, le plus gros fest Death Metal indoor d'Europe.