Il ne m'était jamais arrivé de prendre au sérieux la publicité orchestrée par les labels autour de leur dernière signature, dans les présentations fournies avec les pressages destinés à la presse. Généralement les superlatifs et les hyperboles s'amoncellent sans ne provoquer d'autre sentiment qu'un amusement un peu détaché. Mais cette fois tous les commentaires louangeurs sont appropriés car c'est une perle rare que vient de signer Frontiers et sans doute une sensation dans le monde de l'AOR. On se sent même portés à envisager que le groupe perce au-delà de ce milieu tant On The Rise fait preuve d'un talent et d'une maturité exceptionnels sur son premier album. 

Énumérer toutes les qualités dont fait preuve le groupe au fur et à mesure des quatorze morceaux qui composent son premier opus toucherait au fastidieux, tant à chaque nouvelle écoute une finesse de composition, d'arrangement ou mélodie vocale se révèle. Je tenterai donc d'en cerner les plus importantes.

Constatons une réelle originalité, qui ne tient pas tant au souhait ou à la propension à sortir des sentiers battus qu'à la capacité à se forger une identité à partir de mille sources dont le groupe sait effacer les traces. On The Rise sonne à sa manière, malgré tous les parallèles que l'on pourra tenter d'établir. Cette originalité tient en partie au son du groupe, mis en valeur par une production impeccable, répondant parfaitement aux standards actuels. On the rise est doté d'un son léger mais non fade, péchu mais pas agressif, pour soutenir des compositions riches mais jamais touffues ni laborieuses. 

Il met parfaitement en valeur le jeu du guitariste Terje Eide, qui produit de bout en bout du disque un travail irréprochable. Travail caractérisé par le choix de la superposition très fréquente de deux parties de guitares, au détriment des claviers peu présents sur l'album. Eide apprécie particulièrement la juxtaposition de parties en saturées et en son clair, pour mieux doser ainsi l'énergie dégagée par les morceaux (le couplet de « Sadness Like A Stone  »). Il dévoile un réel talent pour dénicher les riffs simples mais tout de suite mémorisables (« Pride ») sans pour autant négliger des recherches plus complexes (le riff de couplet du tubesque « Stay Away »). Jamais il ne se montre lassant ou redondant et son phrasé éthéré sied à merveilleux à la légèreté et à l'élégance du groupe (le solo de « Lift You Up »). Sa fluidité et sa dextérité peuvent se faire plus tranchantes, comme sur « World Of Change », mais dans tous les cas chaque intervention se révèle mise au service des chansons. 

Il épaule aussi au chant l'autre pilier du groupe, le chanteur Bennech Lyngboe, et à chaque fois leurs voix se marient parfaitement. Les quatre ballades sont riches d'émotion sans jamais d'accents sirupeux, tant Benech Lyngboe pose parfaitement sa très belle voix, systématiquement secondé par les passages solo d'Eide d'une grande pureté. Les deux amis excellent particulièrement aux harmonisations vocales sur « Keep My Love Alive » mais aussi sur les chœurs de titres plus rock comme « Stranded ». Cette richesse vocale, cette créativité s'expriment en fait sur chacun des refrains qui se révèlent quasiment tous entraînants voire entêtants.

Ainsi au gré de l'écoute, chacun des morceaux prend place sans jamais suggérer l'ennui, tant l'inspiration doublée d'inventivité est présente en permanence. En d'autres temps, la musique d'On the rise aurait saturé les bandes FM de singles et rempli des stades. Il reste à croiser les doigts pour que son talent force les portes du succès devenues à ce jour trop closes pour le rock mélodique.

Baptiste (8,5/10)

 

Frontiers / 2003

Tracklist : 1. Beat Of Your Heart 2. Lift You 3. The World Of Change 4. Memories Forever 5. Pride 6. Leaps & Bounds 7. Running In The Night 8. Keep Our Love Alive 9. Stay Away 10. Sadness Hits Like A Stone 11. Two Young Hearts 12. Could Have Been The Last Time 13. Stranded 14. The Moment