Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Vitriol – Suffer & Become

Que de chemin parcouru par Vitriol depuis la sortie de leur EP Pain Will Define Their Death sorti sur une base indépendante il y a (déjà !) 7 ans… Déjà à l’époque, le combo de Portland dévoilait un potentiel fou, mixant allègrement les influences de Hate Eternal, Krisiun, Behemoth et autres pour servir un premier avant-goût de leur violence sonore… Puis vint la signature chez Century Media, un premier album plus que recommandable et, cette année, l’album de la confirmation.

Le secret de l’efficacité de Suffer & Become ? l’Intensité avec un grand I. Mis à part quelques brefs instants plus mélodiques, Vitriol s’abat dans un feu nourri de blast et de riffs sur l’auditeur. Certains diront qu’« il se passe énormément de choses dans cet album pour dissimuler le fait qu’il ne s’y passe rien » et, dans un certain sens, je les comprends. Parce qu’aucun morceau, aucun moment ne sort vraiment du lot, si bien qu’il est presque difficile de se raccrocher aux branches. Face à cette déferlante, certains se sentiront dépassés comme à l’écoute d’un album de Hate Eternal, par exemple.

Et pourtant, contrairement à, disons, Archspire, Suffer & Become garde une touche plus organique, moins clinique que tous ces groupes aseptisés au possible. Le terrain de jeu de Vitriol n’est pas un laboratoire, mais plutôt un abattoir. Suffer & Become, l’album de Death de l’année ? Il sera à mes yeux en tout cas très difficile de détrôner Vitriol cette année : la brutalité est au rendez-vous tout en gardant une approche technique qui évite de verser dans le gros son brouillon cher à certaines formations brutales. Frontal tout en étant subtil (l’écoute au casque permet de mieux s’immerger dans l’album), il ravira tous les amateurs du genre.

9/10

Facebook officiel

(Century Media Records – 2024)
Tracklist (47:20) 1. Shame and Its Afterbirth 2. The Flowers of Sadism 3. Nursing from the Mother Wound 4. The Isolating Lie of Learning Another 5. Survival’s Careening Inertia 6. Weaponized Loss 7. Flood of Predation 8. Locked in Thine Frothing Wisdom 9. I Am Every Enemy 10. He Will Fight Savagely

Couch Slut- You Could Do It Tonight

Avec le temps et la quantité astronomique de sorties chaque année, on pense parfois avoir fait le tour de la question. C’est moche, non ? Se dire que plus rien ni personne ne parviendra à vraiment nous surprendre, à nous prendre à contrepied, à nous faire vaciller. On a tout vu, tout entendu, les sens sont presque émoussés, le rythme cardiaque peine à s’élever, si ce n’est pour quelques groupes fétiches où l’engouement tient plus du réflexe pavlovien que d’autre chose. Et puis, au détour d’une discussion / d’une recommandation sur Facebook / d’une annonce de tournée avec des premières parties inconnues au bataillon, la surprise nous saisit. Enfin quelque chose qui remue les tripes, qui interpelle, qui donne envie de creuser encore plus pour tirer au clair la source de ces émotions. Cette sensation, je l’ai ressentie en découvrant cette nouvelle plaque brûlante de Couch Slut.

Au menu : de la haine, de la rancœur, du malaise… En termes d’émotions, Couch Slut joue sur le terrain du Black Metal, mais loin des thématiques abstraites du genre. Ici, la crasse est tirée de la vie réelle. Et c’est peut-être la raison pour laquelle You Could Do It Tonight frappe si fort : parce qu’il exsude la vraie vie et toute ses vicissitudes. Prenez « The Donkey » : 5 minutes qui semblent durer une éternité, ce son rugueux et, surtout, cette capacité à raconter une histoire en alternant spoken word et hurlements. Si je devais faire un parallèle ici avec un autre groupe, j’évoquerais spontanément les Frenchies de Cowards et leur « One Night In Any City ».

Loin du « vrai » Metal, le noise de Couch Slut prend par la gorge et/ou les couilles. Alors que des dizaines de groupes essaient d’impressionner les fans de sensations fortes à grands renforts de textes brutaux, Couch Slut semble livrer une autobiographie placée sous le signe de l’atrocité ordinaire de l’existence. Viscéral comme les Cumshots, abrasif comme le béton sur lequel on se rétame, You Could Do It Tonight est une giclée acide dans la marmite musicale. Il ne s’écoute pas, il se subit. Et c’est douloureusement bon.

9/10

Facebook officiel

(Brutal Panda Records – 2024)
Tracklist (38:07) 1. Couch Slut Lewis 2. Ode To Jimbo 3. CENSORED 4. The Donkey 5. Presidential Welcome 6. Energy Crystals For Healing 7. Downhill Racer 8. Laughing And Crying 9. The Weaversville Home For Boys

Hellbutcher – Hellbutcher

Hellbutcher est un sacré personnage. Le chanteur de Nifelheim s’est surtout fait connaître par son look improbable (moustache classieuse, combo crâne dégarni/mulet du plus bel effet) , une attitude et des poses (roulement des yeux, mâchoire serrée , tenue plus cloutée qu’un Rob Halford top bondage) flirtant régulièrement avec le ridicule. Heureusement, les Suédois se rattrapaient avec un black/thrash sauvage totalement « over the top ». Malgré cette combinaison improbable, Nifelheim restait une curiosité hilarante. Alors que le quartet est en « stand by » pour une durée indéterminée, il ne restait plus qu’à Hellbutcher de se lancer dans la grande aventure de l’album solo.

De prime abord, ce premier album est plutôt réussi. Hellbutcher a su s’entourer de mercenaires aguerris ayant bossé chez Unleashed, Bloodbath ou encore Gaahls Wyrd. Les mecs connaissent le job et le font bien. Pas une note ne dépasse, tout est parfaitement exécuté. C’est une affaire qui roule et ces trente-cinq minutes passent à la vitesse de la lumière.

Mais même si ce black-metal teinté d’influences heavy pourrait, en temps normal, nous contenter, il a un défaut : ces huit morceaux sont beaucoup trop propres. Hellbutcher manque cruellement de fange, de danger, d’un son sorti d’une cave, d’un chanteur qui crache sa bile à la face du monde. De cette impression « too much » qui prédominait chez Nifelheim, ici, nous avons l’impression que tout est en pilote automatique. Et c’est bien triste au vu du pedigree des exécutants.

Hellbutcher est donc une vraie semi-déception (l’album se tient ; il est loin d’être aussi fade que le dernier album d’Abbath par exemple) en regard de ce que nous en attendions.

Nico (7/10)

Site Officiel : https://hellbutcher.com/

Metal Blade /2024

1. The Sword Of Wrath 2. Perdition 3. Violent Destruction 4. Hordes Of The Horned God 5. Death‘s Rider 6. Possessed By The Devil‘s Flames 7. Satan‘s Power 8. Inferno‘s Rage