Le contenu de ce Tribe avait certains atouts pour éveiller l’attention du public de Queensrÿche significativement assoupi après les deux malheureux opus Hear In The Now Frontier et Q2k. Un live réussi avait rappelé que les qualités d’interprétation du groupe restaient indemnes sur scène. Mais surtout, un certain battage avait été fait autour du retour de Chris de Garmo au sérail. Avec un peu de recul, il semble bien que la dernière nouvelle ait été un peu exagérée et que l’ancien principal compositeur du groupe, s’oriente plutôt vers une participation épisodique, plus ou moins parcimonieuse. Sa collaboration sur Tribe s’est révélée en fait importante sur trois morceaux uniquement et il est difficile de juger que si c’est bien elle qui est à pointer du doigt pour expliquer le regain d’inspiration relatif du combo de Seattle.
Regain d’inspiration relatif
J’évoque ici un « regain d’inspiration relatif » avec mûre réflexion et quelques écoutes attentives. Malgré un premier contact assez négatif, qui m’avait incliné à voir là un nouveau naufrage dans le sillage des prédécesseurs directs de Tribe, la conclusion s’est finalement imposée d’une plus grande continuité avec le dernier grand album en date de Queensryche : Promised Land. Tribe reprend en quelque sorte les choses là où Promised Land les avait laissées.
Geoff Tate, pilier du groupe
Le groupe est aussi de nouveau capable de pointes plus hargneuses comme sur « Desert Dance » au chant rythmé, voire de retrouver le sens du riff de jadis (« Art of Life »). Mais globalement, Tribe est plutôt calme faisant une place significative aux parties acoustiques souvent inspirées (voir celles de « Falling Behind » où Chris De Garmo arrive à conserver une certaine fraîcheur sur ses propres parties) et évidemment au chant de Geoff Tate. Constituée plus que jamais en principal pilier du groupe, la majesté et la beauté de sa voix portent de bout en bout Tribe, sauvant régulièrement des morceaux (« Doin’ Fine » autrement plutôt quelconque), voire atteignant fréquemment des sommets d’émotion : on pense au beau refrain de « Great Divide » – le morceau le plus politique évoquant le cloisonnement communautaire de la société américaine – mais surtout au superbe « Rythm of Hope ». Les deux morceaux se succèdent et alternent donc les sentiments d’inquiétude et de réconfort.
Il est d’ailleurs dommageable que les paroles ne soient pas ici reproduites, car les réflexions et les sentiments de Geoff Tate nimbent entièrement l’album, accentuant volontairement ce sentiment de spleen, mélancolique mais non désespéré. Cette teinte si attachante propre à Tribe fait tout l’intérêt de cet album, dont Queensryche n’a en rien à rougir.