Le quinzième album studio de Saga ne devrait pas faire date. On savait que depuis quelques années, le groupe balisait des sentiers qu’il avait auparavant bien arpentés, mais cela se faisait toujours avec un certain bonheur, comme en témoignait la livraison précédente (le réussi House of Cards).
Encore une fois ici, on retrouve, les traits caractéristiques de Saga : des riffs complexes et syncopés (« Streets of Gold »), une grande capacité à faire « respirer » leur métal progressif (« How Are You »), l’élégance dans la combinaison de la guitare et du claviers (« Hands Up »), des morceaux mémorisables qui se veulent accrocheurs, et évidem-ment la voix unique de Michael Sadler.
Pourtant, si l’interprétation est au-dessus de toute critique, et si le travail d’Ian Crichton à la guitare est encore une fois remarquable (on retiendra notamment les bons passages solo de « Return to forever »), l’ensemble ne marque pas la mémoire. Le premier morceau « Marathon » s’écoule sans déclencher l’intérêt. Les crescendos couplet-prérefrain-refrain sur lesquels sont généralement basées les structures des morceaux manquent de puissance et de refrains convaincants. Finalement les titres s’égrènent sans retenir l’attention.
On peut certes trouver des choses intéressantes sur Marathon comme ce joli thème sur le break réussi de « Streets of gold », de bons riffs parsèment de bout en bout en le disque et la fin de l’album se révélant plus enlevée (« You know, I Know » et « World Apart »). Les inconditionnels apprécieront. Mais surtout, trois morceaux se détachent largement du lot : il s’agit de trois chansons lentes (« Breathing Lessons », « Blind Side Of The Heat » et « Rise and Shine ») où la voix envoûtante de Sadler se fait d’une grand expressivité, là où sur le reste de l’album elle pêchait par manque d’inventivité. Ces titres valent absolument le détour et d’une certaine manière démontrent assurément que Saga a encore des choses à dire, s’il daigne peut-être se remettre un peu en question…
Baptiste (5,5/10)
SPV / 2003
Tracklist : 1. Marathon (4:59) 2. How Are You? (5:22) 3. Breathing Lessons (4:25) 4. Hands Up (3:44) 5. Streets Of Gold (Chapter 14) (5:11) 6. Blind Side Of The Heart (4:35) 7. Return To Forever (4:26) 8. You Know I Know (Chapter 12) (4:36) 9. Too Deep (4:21) 10. Rise & Shine (3:32) 11. Worlds Apart (Chapter 16) (6:10)
MTM inaugure par cette réédition sa collection des « classix » de la FM. Plutôt que de classiques, il faudrait plutôt parler de « découverte » car ce premier album de Snake Charmer était passé largement inaperçu lors de sa sortie. Ce groupe composé de musiciens ayant dans leur majorité travaillé pour Malmsteen, pouvait s'appuyer sur la voix de Goran Edman et des deux frères Johanson sans que ce cocktail a priori prometteur ait pu quelque peu émerger de l'oubli assez brumeux dans lequel avait sombré la FM dans les années 90.
« FM » n'est par ailleurs pas vraisemblablement le qualificatif le plus adéquat pour décrire le premier essai de Snake Charmer. L'expression de « FM pop » serait sans doute plus juste, tant toute agressivité fut ici mise de côté au profit d'une production aux traits en fait très consensuels. Le son et le grain de guitares sont d'une légèreté lorgnant vers le West Coast et les backing vocals haut perchés éliment toute aspérité métallique à ce « Backyard Boogie ». Sur le refrain du morceau d'ouverture, « Miracle Man », on touche même quelque peu au niais. Et ce n'est pas une chason quelque peu hard rock comme ce " She made me fall " qui écartera ce sentiment de candeur légèrement naïve qui parsème tout le disque (« Someday You Are Gonna Love Someone », toutefois très sympathique).
Au demeurant, le talent des musiciens n'a pas été non plus tempéré sur ce disque et il s'exprime par exemple tout à fait sur ce « Need A Little Help », où claviers et soli de guitare se révèlent en fait assez étourdissants. Ce morceau d'un calibrage plutôt classique est en réalité convaincant tout comme la reprise de D. Bowie « Life On Mars ». De plus un « White Boogie » un peu plus saignant redonne un peu de mordant sur la fin du disque.
Cela ne fait pas de ce Backyard Boogaloo, un incontournable, loin de là, mais une réalisation vivifiante et agréable assurément.
Baptiste (06,5/10)
MTM records – M10 / 2003
Track listing :1. Miracle Man 2. Someday You Are Gonna Love Someone 3. Life On Mars ? (cover version of David Bowie) 4. Need A Little Help 5. Pretty Little Small Town Girl 6. Not A Day Without You 7. She Made Me Fall 8. Free Floating 9. Take A Look At Yourself 10. Cold Hearted Woman* 11. White Noise Boogie** 12. Heart Of A Demon**
* Bonus track / **Bonus tracks, originally for Japanese edition
Derrière une pochette, pour le moins insolite voire mystérieuse, se cache le dix-septième album studio du Pourpre profond réalisé par ce qui est devenu le Mark VIII, à la suite du départ d’un Jon Lord ayant finalement choisi d’opter pour la retraite. Avec trente-cinq années au compteur – mais composées de haut et de bas –, le groupe affiche toujours la forme gaillarde à laquelle il nous avait habitué depuis la séparation d’avec Ritchie Blackmore, au profit du main-tenant incontournable Steve Morse.
Une telle capacité à proposer dans ce contexte une musique de qualité et, sur certains points, fraîche et inspirée, relève largement de la gageure. C’est pourtant le constat qui s’impose sans réticence, à l’écoute de ce Bananas. Il n’y a sur ce disque rien à écarter. Que ce soit le tonitruant « House of pain » en ouverture, la ballade classique mais touchante « Haunted » ou un morceau plus ambitieux comme « Bananas », les exigences sont plus que satisfaites.
À chaque fois les riffs de Morse touchent au but (« Razzle Dazzle » ou le bluesy « Silver tongue »), les harmonies des deux instruments lead sont parfaites (« Picture of innocence » qui nous autorise à employer ce qualificatif), et la voix d’Ian Gillan bien posée, au service de lignes vocales solides.
Mais il y a dans tout cela exposé un peu plus que du métier ou de la technique éprouvée : on retrouve sur Bananas cette combinaison si particulière au Pourpre Profond entre une démarche hard rock d’essence plutôt directe et une virtuosité mélodique plus sophistiquée. Et avoir réussi à entretenir cette alchimie au cours des décennies n’est pas une des plus minces causes de l’admiration que ce groupe fondamental mérite aujourd’hui. Seule réserve toutefois : Bananas est globalement moins bon que ne l’était Abandon, lui-même inférieur à Purpendicular. On verra pas la suite s’il y a lieu de s’alarmer de cette petite baisse de qualité.
Baptiste (7/10)
EMI – Capitol / 2003
Tracklist : 1. House Of Pain 2. Sun Goes Down 3. Haunted 4. Razzle Dazzle 5. Silver Tongue 6. Walk On 7. Picture Of Innocence 8. I Got Your Number 9. Never A Word 10. Bananas 11. Doing It Tonight 12. Contact Lost