Archive for juillet, 2004

Aquilon – Intramedia

aquilon-intramediaIl est bien difficile d’aborder ce premier album des français d’Aquilon. Le mélange des multiples influences des six membres du groupe rend complexe l’appréhension de chaque titre qui est tout sauf immédiate. C’est un bon point me direz-vous cela les rend unique dans leur approche du métal et vous aurez en partie raison mais dans ce cas, il est nécessaire de bien maîtriser son sujet et le fait de vouloir mettre beaucoup (trop ?) d’éléments (cassure de rythmes, mélange des voix…) au sein de chaque entité de cet opus rend les premières écoutes assez difficiles pour ne pas dire pénibles.

Passé ce cap de quelques écoutes, on peut découvrir assez sereinement la musique d’Aquilon et s’accommoder de la basse très présente accompagnée de touches électros sur « Articuler les chapitres » tout en découvrant les parties vocales agressives ou claires d’Alexandre plutôt convaincantes surtout sur les titres chantés en français. Les guitares, quant à elles, sont assez discrètes sur tout l’album par rapport au couple basse/batterie bien qu’elles sachent intervenir de façon judicieuse pour donner une ambiance propre à chaque morceau.

« Play the victim » permet de découvrir la voix d’Anne et le clavier se fait marquant sur l’intro de « Les ombres de quatre murs » mais il faudra attendre « Les témoins de l’aube » pour enfin reconnaître le talent d’Aquilon, sous-jacent jusque là. Ce titre est la symbiose du savoir faire du groupe où l’on retrouve toutes les caractéristiques du combo dispersées jusque là, le point marquant étant le refrain accrocheur qui vous trotte dans la tête le reste de la journée, non pas que ce soit l’objectif premier d’un bon album mais c’est visiblement le travail que s’est évertué à réaliser Aquilon sans y parvenir. La suite de l’album échappera également à ce côté accrocheur et plus direct, seul « My madness » peut rivaliser au titre de meilleur morceau de l’album.
Le dernier titre totalement acoustique avec Anne au chant fait figure de bonus puisque totalement en décalage par rapport au reste, placé en milieu d’album il aurait peut être fait tâche mais aurait eu le mérite de relancer mon intérêt pour la suite.
En résumé, Aquilon ne correspond pas tout à fait à la définition du dictionnaire qui parle d’un vent du nord, froid et violent. On met plus d’espoir dans cet Aquilon musical même s’il se cherche encore sur ce premier album je suis par contre persuadé que l’étape suivante leur permettra de marquer les esprits, la qualité des musiciens n’étant nullement remise en cause.

Clayman (06/10)

myspace.com/aquilonband

 

Adipocere / 2004

Tracklisting (51:49)

1. Articuler les chapitres 2. Play the victim 3. ABC of time 4. Les ombres de quatre murs 5. Témoins de l’aube 6. Intramedia; 7. Pulse 8. My madness 9. Univers 10. Tracer les contours 11. As I was a child (bonus)

 

Monolithe – I

monolithe-1Quand des membres d’Anthemon, The Old Dead Tree et Despond unissent leurs forces pour créer un side-project, il en résulte Monolithe, un groupe-concept qui officie dans un registre doom/death planant parfois à la limite du funeral doom. Pari risqué que de se lancer dans le grand bain avec un premier album constitué d’une seule et même piste de 52 minutes, pari en partie relevé. Il va sans dire que cette oeuvre s’adresse avant tout aux fans inconditionnels du genre, les autres risquant d’être bien vite rebutés par l’extrême lenteur de la musique et la linéarité (certes relative pour le style) de l’ensemble. Sylvain Bégot, maître à penser et unique compositeur de Monolithe a pris soin de diversifier les ambiances et alterner les dynamiques afin de garder l’attention de l’auditeur éveillée jusqu'au bout de l’aventure.

De ce point de vue là, Monolithe I est une réussite. Les passages s’enchaînent presque toujours naturellement, tantôt aériens, souvent funèbres et parfois plus lourds et rythmés. Il suffit de fermer les yeux pour devenir l’auditeur privilégié de la B.O d’une épopée mystique, aux prémices de l’Ere Quaternaire. Enregistré ‘à la maison’ il y a maintenant plus d’un an, cet album bénéficie d’une production honnête. Le son caverneux fait la part belle aux reverbs en tous genres, ce qui ne manque pas d’amplifier le côté mystique de cet effort. Le chant de Richard Loudlin est principalement axé sur l’aspect guttural et linéaire. La voix intervient en effet de manière assez sporadique et discrète, rarement plus de 3 ou 4 syllabes d’affilée. A noter qu’une voix déclamée et suave ainsi qu’une autre plus chuchotée ponctuent quelques-uns des breaks les plus aériens.

Vous l’aurez compris, ce Monolithe I est donc avant tout une histoire de guitares. Celles-ci constituent les fondations de l’oeuvre et lorsqu’elles ne remplissent pas l’espace sonore à l’aide de lourds accords plaqués, elles se font plus intimistes par le biais d’arpèges ou de leads cristallins. Certaines mélodies reviennent d’ailleurs plusieurs fois sous différentes déclinaisons, telles un fil conducteur. Il est simplement dommage que les trois guitares ne soient pas plus souvent utilisées de manière distincte, à l’instar des quelques magnifiques soli harmonisés. La batterie est en fait une boîte à rythme, ce qui n’est pas dérangeant pour l’occasion car le côté froid de la machine sied plutôt bien au style éthéré du groupe. Les rythmiques lourdes comme une chape de plomb sont légion et les quelques accélérations de tempo sont intelligemment amenées. Là aussi un léger bémol cependant : quelques breaks improbables arrivent comme un cheveu sur la soupe vers la fin, décrédibilisant légèrement ce Monolithe I. Le clavier est le seul instrument qui pêche assez ouvertement.

Mis à part les nappes envoûtantes et les quelques arpèges de piano, le synthé s’illustre trop souvent de manière grandiloquente et le choix des sons me paraît parfois discutable. Au final, ce disque demeure une surprise plutôt agréable ainsi qu’un vivier d’idées très intéressantes. La composition tout comme l’interprétation et la production sont globalement très réussis et les quelques choix qui m’apparaissent plus maladroits ne gâchent pas franchement le plaisir. Monolithe II devrait être disponible à la rentrée, espérons que ces petits détails seront corrigés, que l’utilisation des guitares sera plus audacieuse et que les claviers seront utilisés avec plus de parcimonie. Que l’aventure continue !

Rano (08/10)

www.monolithe.free.fr

Appease Me Records / 2003
Tracklisting (51:57) 1. Monolithe

 

 

Seventh Key – The Raging Fire

Entre les interminables tournées de Kansas aux USA, dont le dessein semble surtout de ravir quelques vieux fans encore fidèles, Bill Greer (qui n'a jamais pu trouver sa place de compositeur dans Kansas) s'adonne avec bonheur à des escapades solo prenant le nom de Seventh Key. Dans cette nouvelle réalisation de ce projet, il se retrouve toujours accompagné du guitariste originel de Streets (groupe formé avec Steve Walsh au début des années 80 et par lequel transita lui aussi Bill Greer avant de participer à la remise sur pied de Kansas avec Steve Morse), Mike Slammer, et persévère dans une optique FM, très travaillée, mais néanmoins traditionnelle. Si les titres avoisinent ici plus régulièrement les six minutes (voir les nombreuses parties finement composées de « You Cross The Line » aux relents progressifs nets) que les quatre minutes de rigueur dans le hard mélodique, les longues digressions instrumentales sont cependant absentes. 

Notre disque s'ouvre donc avec fougue sur le hard rock « The Sun Will Rise », Greer ayant ici manifestement privilégié l'efficacité à l'originalité : le riff mis en avant n'est pas bien neuf mais s'impose aisément. « Always From The Heart » s'inscrit dans la même démarche et convainc tout autant. Puis les choses se modifient plus sensiblement, lorsque s'installent « You Cross the Line », diablement bien construit (une petite influence de Steve Walsh est par ailleurs perceptible dans la ligne vocale) ou « An Ocean Away », structuré autour d'un thème entêtant et réussi. Le tempo reste lent sur « Raging Fire », dont les parties vocales tiennent parfaitement la route. Toujours de manière heureuse et en rien envahissante, l'influence de Kansas se fera sentir encore en certains passages de « Wind of Wars », en clôture de disque. 

Il me semble que justement en fin de parcours Raging Fire perde un peu de qualité. Ainsi « Sin City » est à l'image de son titre, c'est-à-dire très convenu, dans un registre hard-rock classique bien senti, mais en rien novateur. « Run » affiche quelques accents hard US, au demeurant plaisant mais un peu datés ; « Pyramid Princess » est doté d'un refrain par trop proche de celui de « Thunder and Lighting » de Giant pour être pleinement satisfaisant. 

Quelles que soient ces réticences (somme toute mesurées), un certain nombre de points forts fait de ce Raging Fire un disque dans tous les cas toujours intéressant et de qualité. Le groupe sait surprendre par quelques traits inventifs d'emblée bien accueillis : le break orientalisant de « Pyramid Princess » relève par exemple fort bien la saveur de la chanson. Mike Slammer est indispensable et incontournable, tant à la production – inattaquable –, qu'en tant que guitariste, à la fois plein de retenue mais incontestablement présent voire inspiré (le beau solo de « Raging Fire » et surtout le thème répété de l'élégant titre FM « It Should Have Been You »). Et enfin Seventh Key jouit de bout en bout de l'aisance de Bill Greer, au chant d'une grande justesse et aux idées abondant. Sans établir de parallèle inopportun, on admettra qu'une place plus significative dans Kansas pourrait lui être accordée, au vue des dernières prestations de Steve Walsh s'entend. 

Nous avons donc ici plus qu'un projet de « requins » expérimentés manifestant une certaine dose de savoir-faire, mais une tentative riche et travaillée, aux qualités si manifestes, que l'on ne peut espérer que l'auditoire de Seventh Key s'élargisse au-delà de celui de Kansas (fort estimable par ailleurs).

Baptiste (07,5/10)

 

Frontiers / 2004

Tracklist : 1. The Sun Will Rise 2. Always From The Heart 3. You Cross The Line 4. An Ocean Away 5. The Raging Fire 6. Sin City 7. It Should Have Been You 8. Run 9. Pyramid Princess 10. Winds of War + Always From The Heart (video)