Double changement pour Asia qui pourrait surprendre un tant soit peu l’auditeur chevronné d’un groupe approchant les vingt cinq ans d’existence. La première nouveauté est le choix d’un nom d’album ne s’achevant ni ne se finissant par la lettre « A ». Il est vrai que la discographie du groupe allant régulièrement en s’étoffant, il devenait délicat de bien distinguer chaque disque, au milieu des Alpha, Aqua, Aria ou du récent Aura. C’est sans doute pourquoi chaque pochette de disque, qu’elle soit réalisée par Roger Dean ou par Rodney Matthew, lui garantissait d’emblée une identité très nette. Il est ainsi très cohérent que ce Silent Nation ait délaissé les illustrateurs habituels d’Asia pour une photo montage, peut-être moins onirique, mais assez intéressante.
Le chapitre des petites révolutions doit cependant se clore assez vite car dans l’ensemble Silent Nation s’intègre parfaitement dans l’ensemble de la discographie récente du combo de Geoff Downes. Le disque combine une grande partie des approches musicales du Asia Mark II, depuis l’intégration de John Payne au chant et à la basse en remplacement de John Wetton. L’homme est devenu un élément à part entière du groupe, fonctionnant en binôme avec Geoff Downes et s’est chargé ici de la production ainsi que de la co-composition.
Quant à la musique, elle lorgne souvent vers la rock-pop apaisée (« Ghost In The Mirror »), en intégrant quand même de bons moments de musique progressive (le break de « Midnight » ou le long mais intéressant « Gone Too Far ») se situant souvent dans le sillage de celle du disque précédent, Aura (voir l’éponyme « Silent Nation »). Les amateurs du Asia de la première époque ou des premiers disques avec John Payne (les excellents Aqua et surtout Aria) seront très vraisemblablement déçus. Si l’album débute plutôt bien par un Rock FM de bonne qualité, bien qu’un peu trop retenu, le-dit « What About Love », les choses s’assagissent fort vite par la suite. Il faut attendre, pour assister à une montée des décibels, le septième titre, lorsque sur ce très bon « I Will Be There For You », Payne hausse la voix et la guitare se fait plus incisive.
Ce qui sauve sur le fond le disque de la monotonie et de l’engourdissement est sans doute l’interprétation, de très bon calibre, assise par une meilleure intégration des deux nouveaux venus : Guthrie Gowan, très inspiré, notamment sur le superbe solo de « Gone Too Far » et l’ex-batteur d’AC/DC, Chris Slade très à l’aise dans ce contexte musical. Ce sont les atouts qui vont de ce disque, un opus dans l’ensemble de bonne qualité voire inventif (« Darkness Day ») et en fait plus digeste que le plutôt longuet Aura. Les nostalgiques vont cependant consateter avec dépit que la démarche poursuivie depuis l’album Arena correspond bien au début d’une nouvelle ère pour le groupe.
Baptiste (7/10)
Inside Out / 2004
Tracklist : 1. What About Love ? 2. Long Way From Home 3. Midnight 4. Blue Moon Monday 5. Silent Nation 6. Ghost In The Mirror 7. Gone Too Far 8. I Wil Be There For You 9. Darkness Day 10. The Prophet