Archive for octobre, 2004

Asia – Silent Nation

Double changement pour Asia qui pourrait surprendre un tant soit peu l’auditeur chevronné d’un groupe approchant les vingt cinq ans d’existence. La première nouveauté est le choix d’un nom d’album ne s’achevant ni ne se finissant par la lettre « A ». Il est vrai que la discographie du groupe allant régulièrement en s’étoffant, il devenait délicat de bien distinguer chaque disque, au milieu des Alpha, Aqua, Aria ou du récent Aura. C’est sans doute pourquoi chaque pochette de disque, qu’elle soit réalisée par Roger Dean ou par Rodney Matthew, lui garantissait d’emblée une identité très nette. Il est ainsi très cohérent que ce Silent Nation ait délaissé les illustrateurs habituels d’Asia pour une photo montage, peut-être moins onirique, mais assez intéressante.

Le chapitre des petites révolutions doit cependant se clore assez vite car dans l’ensemble Silent Nation s’intègre parfaitement dans l’ensemble de la discographie récente du combo de Geoff Downes. Le disque combine une grande partie des approches musicales du Asia Mark II, depuis l’intégration de John Payne au chant et à la basse en remplacement de John Wetton. L’homme est devenu un élément à part entière du groupe, fonctionnant en binôme avec Geoff Downes et s’est chargé ici de la production ainsi que de la co-composition.

Quant à la musique, elle lorgne souvent vers la rock-pop apaisée (« Ghost In The Mirror »), en intégrant quand même de bons moments de musique progressive (le break de « Midnight » ou le long mais intéressant « Gone Too Far ») se situant souvent dans le sillage de celle du disque précédent, Aura (voir l’éponyme « Silent Nation »). Les amateurs du Asia de la première époque ou des premiers disques avec John Payne (les excellents Aqua et surtout Aria) seront très vraisemblablement déçus. Si l’album débute plutôt bien par un Rock FM de bonne qualité, bien qu’un peu trop retenu, le-dit « What About Love », les choses s’assagissent fort vite par la suite. Il faut attendre, pour assister à une montée des décibels, le septième titre, lorsque sur ce très bon « I Will Be There For You », Payne hausse la voix et la guitare se fait plus incisive.

Ce qui sauve sur le fond le disque de la monotonie et de l’engourdissement est sans doute l’interprétation, de très bon calibre, assise par une meilleure intégration des deux nouveaux venus : Guthrie Gowan, très inspiré, notamment sur le superbe solo de « Gone Too Far » et l’ex-batteur d’AC/DC, Chris Slade très à l’aise dans ce contexte musical. Ce sont les atouts qui vont de ce disque, un opus dans l’ensemble de bonne qualité voire inventif (« Darkness Day ») et en fait plus digeste que le plutôt longuet Aura. Les nostalgiques vont cependant consateter avec dépit que la démarche poursuivie depuis l’album Arena correspond bien au début d’une nouvelle ère pour le groupe. 

Baptiste (7/10)

 

Inside Out / 2004

Tracklist : 1. What About Love ? 2. Long Way From Home 3. Midnight 4. Blue Moon Monday 5. Silent Nation 6. Ghost In The Mirror 7. Gone Too Far 8. I Wil Be There For You 9. Darkness Day 10. The Prophet

Dare – Beneath The Shining Water

Dès les premières notes de « Sea of Roses » et les lignes de voix posées délicatement par Darren Wharton sur ce nouvel opus de Dare, un sentiment double saisit l’auditeur. Tout d’abord l’émotion, tant la justesse du ton et des mélodies de Wharton s’écoule abondamment, avec une touchante sincérité, sitôt les premières secondes de l’écoute. Mais aussi, de manière plus raisonnée, la conviction que, si preuve en était nécessaire, la page est bel et bien tournée pour l’ancien claviériste de Thin Lizzy.

Les débuts hard rock de Dare, des disques Out Of The Silence et Blood From Stone, ont été définitivement dépassés au profit d’un rock mélodique, doux et mélancolique. Ici la saturation et l’agitation ne sont que quelques scories d’une époque révolue. L’inspiration est directement celle des deux prédécesseurs, Calme Before The Storm et Belief, en peut-être en encore plus apaisée. Les guitares sont lointaines ou légères, caressantes mais jamais abrasives ni acérées. Les paroles joignent avec bonheur la romance sentimentale avec le goût des grands espaces naturels (« Silent Hills » très beau ou « Beneath The Shining Water »). Ces thématiques s’inspirent, nolens volens, à proprement parler du romantisme du XIXe siècle qui alliait le goût nouveau pour les paysages et les évocations tourmentées des mouvements de l’âme de l’artiste.

Je suis en général très goguenard devant les sujets amoureux, qui combinent le plus souvent le banal et le niais dans la musique rock. Mais ici, l’émotion et la sincérité qui guident Wharton sont tellement palpables qu’on ne peut s’empêcher d’être touché par cette démarche si vraie. La justesse du sentiment vrai est ce qu’exprime Wharton sur son disque et c’est elle qui maintient l’attention tout le long de Beneath the Shining Water, malgré une certaine linéarité et la lenteur clairement adoptée sur la grande majorité des morceaux.

D’autres artistes auraient pu facilement sombrer dans l’insipide ou le banal, mais Darren Wharton a transcendé son matériau musical d’une si belle manière qu’il a fait de chacune de ces caractéristiques, des atouts pour mieux exprimer une émotion à la beauté ici si expressive.

Baptiste (8/10)

 

MTM / 2004

Tracklist : 1. Sea Of Roses 2. Days Gone By 3. Silent Hills 4. Beneath The Shining Water 5. The Battles That You’ve Won 6. Allowed To Fall 7. I’ll Be The Wind 8. Where Darkness Ends 9. Storm Wind 10. Last Train 

Behemoth – Demigod

Behemoth-DemigodBehemoth est de retour et en force ! Visiblement Nergal s’est fait poser un caisson de basse dans sa Xantia Turbo car la production de cet album en a fini avec la « bosse » dans les 40-50Hz pour le plus grand bonheur des systèmes d’écoutes audiophiles. Le résultat ne se fait pas attendre, l’effet « Boombastic » en moins le son de Behemoth perds son coté un peu aquatique et brouillant pour une production plus crénelée et bien plus incisive. Il est clair qu’au niveau du mix général c’est pas encore ça mais c’est nettement plus cohérent que de part le passé.
Nous avons toujours le chant et la batterie outrageusement surmixés mais la nouvelle production générale, moins boombastic, permet aux guitares de rester à la lisière de l’écoute et dans les moments les plus favorables se permet le luxe d’entrelacer les différentes parties guitares… La façon de composer de Behemoth a un peu changé aussi. Je vous rassure cela reste du Behemoth !! Mais on est pas obligé d’entendre le riff de guitare seul en intro avant de le noyer sous un déluge de percussion et de hurlements. Le premier titre commence comme ça d’ailleurs « A la Behemoth », façon de composer qui me faisait penser à la « trame » qui débute systématiquement les morceaux de musique indienne traditionnelle…
Même si l’album est relativement compact ( c’est du Behemoth je vous le rappelle !) La composition a été plus soignée et aérienne pour les guitares et contrepoids le chant se veut plus que pachydermique sur certains passages… Ce que je regrette c’est qu’il manque un fil conducteur, un fil rouge, pour en faire un monstrueux album. L’album est très cohérent, voire trop tellement certains riffs seraient interchangeables entre eux d’un titre à l’autre et les titres qui brisent la monotonie comme « Slaves Shall Serve » sont de véritables bouffées d’oxygène.
Un album supérieur à son prédécesseur de par sa production. Une syntaxe moins téléphonée que de par le passé, un mix plus cohérent et des compos un peu moins conventionnelles… Behemoth touche du bout des doigts l’album parfait, mais pas encore pour cette fois, même si c’est pas loin !

Rash (09/10)

www.behemoth.pl

myspace.com/behemoth

www.facebook.com/behemoth

Regain Records / 2004

Tracklisting (40:41)

01. Sculpting the throne ov Seth 02. Demigod 03. Conquer All 04. The Nephilim Rising 05. Towards Babylon 06. Before Aeons came 07. Mysterium Coniunctionis ( Hermanibus) 08. XUL 09. Slaves Shall Serve 10. The Reign ov Shemsu-Hor