Depuis quelques temps déjà, Lenny Wolf œuvre de manière complètement solitaire au sein de son combo, Kingdom Come, qu’il mène ainsi selon ses propres desiderata. Ici, il s’est fendu de toutes les parties musicales et vocales en sus de la production, faisant appel uniquement à un intervenant extérieur pour les soli de guitare. Comme ni la production, ni l’interprétation ne sont exécrables, l’auditeur ne peut rien avoir à redire a priori. Seule la voix de Lenny Wolf commence à démontrer quelques signes de faiblesse, bien que notre chanteur ait conservé un timbre toujours personnel et identifiable (n’en déplaise aux accusations de plagiat qu’il dut longtemps supporter).
C’est plutôt dans l’orientation musicale que gît le lièvre à proprement parler. Sur ce point, la couverture, si contestée par de nombreux fans, est réellement réussie car elle fournit très nettement une image de la direction prise par Kingdom come sur ce Perpetual. La tristesse un peu inquiétante dégagée par ce dessin aux teintes grises et sombres synthétise assez bien l’atmosphère artistique ici construite par Lenny Wolf. Le premier morceau « Gotta Move Now », à la douce langueur un peu pesante, résume lapidairement tout le disque : un hard rock lent, mélancolique et lourd. Nous sommes donc très loin des débuts du combo, qui alliaient avec succès FM et touches seventies (pour ne pas dire zeppeliniennes). Ici, Kingdom come est tout sauf aérien ; la répétition un peu obsédante de riffs (« Hang’em High Now ») fait beaucoup pour cela. Les titres lents sont souvent les plus réussis (« Silhouette Painting » est intéressant), mais ne dissipent pas un fort sentiment d’ennui, voire d’agacement. C’est que l’alchimie tentée par Lenny Wolf n’a pas fonctionné réellement et ce qui devait intriguer, envoûter ou tout au moins se montrer suggestif se révèle pénible au possible. Les titres pourtant rarement longs en terme de durée deviennent interminables, tout comme le disque à vrai dire.
On ne peut vraiment définir ce Perpetual comme étant un mauvais disque de mauvaise musique. Il est juste raté et c’est en cela assez malheureux car l’on sent bien que Lenny Wolf a voulu lui donner une âme et une identité particulière et personnelle.
Baptiste (4,5/10)
Frontiers / 2004
Tracklist : 1. Gotta Move Now 2. Hang’em High 3. Crown of Moscow 4. Time to Realign 5. Silhouette Paintings 6. With The Sun In Mind 7. King Of Nothing 8. Borrowed Time 9. Connecting Pain 10. Watch The Dragon Fly 11. Inhaling the Silence