Quand un groupe culte et légendaire tente de revenir sur le devant de la scène, l'alternative est simple, soit il s'agit d'un pétard mouillé regrettable, soit tout semble rentrer naturellement dans l'ordre. Et dans ce cas on ne tient pas rigueur au groupe d'avoir du attendre (toujours trop longtemps pour les fans) un nouvel effort discographique. Concernant Cathedral, la situation était un poil confuse, changements de labels (fin de contrat avec Earache aboutissant au best of "The Serpent's Gold", et un dernier album -"The VIIth Coming" chez Dreamcatcher), tandis que Lee Dorrian contribuait à la doomination metal à travers le monde via son label Rise Above (avec en guise de fer de lance Grand Magus).
Ce huitième effort démarre avec une intro bizarre et crasseuse, qui laisse vite la place à du heavy doom psychédélique et entrainant (ceux qui ont déjà vu la danse des canards interprétée par Lee Dorrian, verront vite de quoi il s'agit), mais qui ne déroge pas aux lentes et pachydermiques rythmiques à la gloire du doom, le vrai, celui qui donne envie d'avaler des cachets tout en se tressant une corde, sans oublier la lame de rasoir. Le titre suivant part dans une autre direction, du genre heavy qui sonne et fait trébucher, ou Lee Dorrian fait une petite démonstration de chant clair, solo de guitare psychédélique en prime.
Le titre suivant se distingue par une rythmique épileptique (pour du doom) et une voix féminine éthérée, qui ne gâche en rien l'ambiance, une illustration sonore du doom sous champignons (avec des rythmiques dignes d'un bulldozer qui lui appuie sur le champignon, vous suivez ?). Tendance générale sur l'album, une bonne pelletée de bruits étranges en guise d'intro, Corpsecycle démarre avec la voix féminine du metro londonien et la sonnerie annonçant la fermeture des portes, le titre sonnant comme du hard rock gras et velu, tandis que Brian Dixon martyrise ses fûts avec acharnement, sans oublier un refrain accrocheur… alors à ce point là ce disque est si varié qu'il ressemble à un livre de recettes ultime de Cathedral, une vraie revue de titres qui sonnent comme des classiques. Le titre s'achève comme il a démarré avec le bruit du métro londonien qui s'éloigne, un grand moment de poésie, non ?
Encore un changement, un interlude acoustique (avec violons s'il vous plait) de deux minutes en guise d'intro pour le morceau "Oro The Manslayer", et c'est reparti à fond la caisse, cette fois Lee Dorrian beugle à pleins poumons, de la folie furieuse sonique qui devrait faire des ravages sur scène. "Beneath A Funeral Sun", sonne plus classique de la part de Cathedral, tendance psychédélique , avec des vocalises délirantes (les voix d'enfants, entre autres), avec une bonne dose d'ambiance seventies. Puis arrive LE moment de bravoure de l'album, qui justifie à lui seul qu'on jette une oreille sur l'album. 27 minutes de doom, d'ambiance sombre un poil malsaine, sobrement intitulé "The Garden", chant féminin et guitare acoustique alterne avec des riffs écrasants et irrésistibles, les variations de tempos sont menées de main de maître. La messe est dite, Cathedral vient de livrer un des albums les plus captivants de l'année au rayon doom culte qui tâche.
Hamster (09/10)
Nuclear Blast / 2005
Tracklist (70:52) : 01. Dearth AD 2005 02. Tree Of Life & Death 03. North Berwick Witch Trials 04. Upon Azrael's Wings 05. Corpsecycle 06. Fields Of Zagara 07. Oro The Manslayer 08. Beneath A Funeral Sun 09. The Garden 10. Proga-Europa.