Archive for février, 2007

Crossfade – White On Blue

crossfade-white-on-blueAlors que Street Talk semble entamer une longue période de stand-by, Göran Edman a choisi d'intégrer un nouveau projet suédois mis sur pied par le guitariste et producteur réputé Lars Hallbäck. Goran Edman n'est pas la seule grosse pointure du combo puisque celui-ci est composé avant tout de musiciens de session réputés en Suède : les frères Lindvall à la section rythmique étaient présents sur la dernière tournée d'A-ha et Richard Stendström est là-bas un claviériste fameux. 
On imagine que, doté d'un line-up pareil, Cross Fade fasse plutôt dans la dentelle que dans le dépeçage à vif et ce sentiment se confirme effectivement, dès les prémisses du titre d'ouverture, « The day the music died », au tempo, disons, très calme. Je ne pense même pas que le qualificatif de West coast, soit tout à fait adapté pour cerner ce « White on blue » tant la musique de Crossfade lorgne vers la pop soft et veloutée. Même la voix de Göran Edman, dont on ne dira jamais assez de bien, se fait bien fluette. 
Notre chanteur place souvent de belles parties vocales, notamment sur le second titre « Did you really ? » qui démarre lui un peu plus les hostilités. Il n'y a globalement rien à lui reprocher tout comme il n'y a rien à redire aux prestations de tous les musiciens. Ces derniers sont très en place et très à l'aise : les parties de clavier sont douces et raffinées sur la fin de « The day the music died » et les parties percussions bien composées. Des cuivres apparaissent avec bonheur sur « Flying », soutenus par une très bonne ligne de basse. Il y a sur ce White on blue plus que du savoir-faire et, en fait, un talent certain. De fait on ne s'ennuie pas le long du disque malgré la longueur (relative) de certains morceaux comme ce « Loving eyes » un peu ennuyeux. On imagine que les ballades se font ici plutôt sirupeuses (« Thorns of life ») mais régulièrement la voix d'Edman parvient à rendre l'écoute audible des morceaux les plus lents. 
L'ensemble est cependant vraiment très apaisé, faisant passer des groupes comme Chicago ou Toto comme survitaminés et les amateurs doivent en être avertis. 
Le disque a assurément ses chances sur les ondes suédoises, mais il est très difficile à classer parmi les disques de (hard) rock. À la limite, il intéressera les fans jamais assouvis de Göran Edman ou les auditeurs en quête d'un petit écart musical avant tout reposant. Les autres passeront vite leur chemin.

Baptiste (06/10)

crossfade.nu

MTM / 2004

Tracklist (:) : 1. The Day The Music Died 2. Did You Really ? 3. Vanity Fair 4. Flying 5. A Deeper Shade Of Love 6. Thorns of Life 7. Loving Eyes 8. Time 9. Don't Really Matter 10. You

 

Journey – Live In Houston 1981

Alors que Journey poursuit bon gré malgré son aventure avec Steve Auguri, produisant cette année un Generations intéressant mais non mémorable, Steve Perry, à l'activité proprement musicale rachitique, se maintient à la mémoire de tous par la mise sur le marché de ce DVD/CD de Journey dont il a assuré lui-même la production. L'homme a touché juste avec l'édition de cet enregistrement live tant l'époque de l'enregistrement a été choisie avec perspicacité : il s'agit de la tournée faisant suite à la parution du monumental Escape. L'album avait alors atteint la première place des charts US et recueillait l'enthousiasme délirant des fans.

À ce jour, il reste un des plus grands albums d'AOR des années 80' avec Everybody's Crazy de Michael Bolton et 4 de Foreigner. Plus : il marque un tournant de Journey vers une musique plus AOR et entièrement ancrée dans les années 80' suivant l'orientation du nouveau venu aux claviers, Jonathan Cain. C'est pour cela que la chaîne MTV, alors à ses débuts, avait enregistré et filmé ce concert, assurant ainsi autant sa promotion que celle du groupe. Par ailleurs, ce live a pour grand atout de ne pas faire double emploi avec le Greatest Hits Live sorti il y a quelques années de cela et qui saisissait le groupe au sommet de sa gloire, sur la tournée Frontiers, autre album culte du groupe. 

Tout d'abord car la set-list est évidemment différente, laissant une large place à l'album Escape représenté avec huit titres en tout, dont quelques perles rarement présentées comme « Keep On Running » ou l'unique « Mother, Father », sur lequel les prouesses vocales de Steve Perry égalent sans difficulté celles enregistrées sur disque. On notera aussi avec plaisir la présence de l'excellent single « Party's Over » malheureusement non filmé par MTV et donc absent de la vidéo. Ce manque est malheureux car le morceau prenait en live un aspect plus rock et rugueux qui caractérise à vrai dire l'ensemble de ce live. C'est un second point sur lequel le concert diffère substantiellement du Greatest Hits Live : ce dernier était doté d'un son trop propre et aseptisé. Ici, à l'instar du titre d'ouverture, « Escape », le groupe affiche un aspect beaucoup plus tranchant. 

Par rapport aux capacités de l'époque, l'enregistrement vidéo de MTV est de qualité, même si l'on est très loin de la sophistication croissante qui marquera les vidéos des années 80'. Cependant cette relative simplicité sert quelque part le groupe en évitant l'impasse de tous les clichés des années 80', à l'image du look des musiciens encore très simple (jean, basket et tee-shirt), loin des permanentes et des couleurs flashy à venir.

Musiciens qui se concentrent avant tout sur leur musique et sur leurs parties solo respectives à l'image du solo de l'excellent Steve Smith mais surtout de la prestation d'un Steve Perry. Son très honnête successeur, Steve Auguri, fait bien pâle figure à côté de lui tant il imprègne de son charisme et de son talent toute la soirée. En cultivant la mémoire de son ex-groupe Steve Perry a peut-être continué à parfaire la légende du plus grand groupe d'AOR américain mais a aussi, sans doute involontairement, quelque peu desservi la cause du Journey actuel.

Mais abandonnons ces hypothètiques arrière-pensées pour goûter un disque indispensable.

Baptiste (10/10)

 

Sony / 2005

Tracklist : 1. Escape 2. Line of Fire  3. Lights  4. Stay Awhile 5. Open Arms  6. Mother, Father 7. Jonathan Cain's solo 8. Who’s Cryin’ Now 9. Where Were You 10. Steve Smith Solo 11. Dead or Alive 12. Don’t Stop Believin’ 13. Stone in Love 14. Keep on Runnin’ 15. Wheel in the Sky 16. Lovin’, Touchin’ Squeezin’ 17. Anyway You Want It  18. The Party's over (hopelessly in love) (présent sur le CD seulement)