En toute franchise, j'avais complètement oublié l'existence de ce groupe, au point de penser qu'il avait dû splitter au nom des traditionnelles "divergences musicales", prétexte qui a bien souvent fait sombrer nombre de combos prometteurs. Depuis 2003 pas la moindre nouvelle, le groupe a voulu faire le point en gardant le silence, changeant de label, en passant de Wicked World (filiale d'Earache) qui avait sorti leurs deux premiers albums, à Anticulture qui leur a sans doute promis de s'occuper un peu plus d'eux en terme de promotion.
C'est certain, Corporation 187 (référence à l'article du code pénal nord américain, l'article 187 traite du meurtre, là vous avez tout le programme poétique du groupe), à réussi à se faire discret. C'est une prise de risque de la part d'un groupe qui n'était pas établi, mais logique dans la mesure où il faut bien l'avouer, la réputation des suédois n'allait pas très loin. Efficace petit cousin hargneux de The Haunted (pas étonnant de la part d'un ex tribute band de Slayer) et d'autres groupes de death mélodique suédois, un savoir faire évident mais pas très original. Voulant éviter de rester relégué derrière toute la tripotée de groupes de Gothenburg, Corporation 187 a opéré un virage radical de son orientation musicale.
Que reste-il de la formule de départ ? Au delà de l'artwork, qui est encore une fois signé de Niklas Sundlin…. on retrouvera une bonne dose de thrash metal, une pincée de death mélodique, mais l'ensemble de ce troisième album est nettement plus venimeux (en particulier du côté des vocalises). Les suédois ont ajouté à leur recette du black metal, qui s'incorpore comme il faut aux compos. La production est solide et l'album ne faiblit pas tout au long de l'écoute. Les variations de tempo prennent à la gorge, et quand le groupe se làche pour balancer un bon uppercut sonique, c'est efficace.
Le groupe a gagné en maturité, et n'est plus seulement une bête fauve qui livre un death mélodique somme toute classique et qui a été rabaché maintes fois par nombre de confrères plus prestigieux. Les suédois ont construit un album passionnant, dont les passages les plus intéressants ne sont pas forcément les plus rapides qui tabassent, la lenteur du titre éponyme illustre toute la maîtrise du groupe (pas loin de l'intensité du dernier effort de The Haunted sans que cela sonne comme une vulgaire copie). Et Corporation 187, exécute d'autres titres lourds et écrasants sans faillir, tel Procession, qui en impose avec une atmosphère malsaine bien ficelée. A l'écoute de Newcomers Of Sin, on comprend d'autant mieux la remise en question des Suédois qui livrent aujourd'hui un album abouti. Ils ont réussi à sortir du carcan et leur retour est des plus prometteurs.
Hamster (08/10)
https://myspace.com/corporation187
Anticulture records / 2008
Tracklist (43:21) 01. Provoking The Prophet 02. Newcomers Of Sin 03. My Sickness 04. Question The Light 05. Suffer As One 06. Teaching The Sick, Feeding The Dead 07. Procession 08. Madhouse 09. Cardiac 10. In The New Messiah 11. Virus Nation