Bon, soyons honnêtes, Andre Matos, tout le monde connaît. Il évolue sur la scène métal internationale depuis 1987 (Soldiers of Sunrise avec VIPER) et a connu gloire et renommée grâce à ANGRA qu'il a formé dès 1991. Le groupe a tout cassé pendant plusieurs années et connaissait en particulier en France un grand succès. Après Angels Cry (1994), Holy Land (1996) et Fireworks (1998) les ennuis commencèrent. Matos décide de quitter ANGRA en 2001, suivi par le bassiste Luis Mariutti et le batteur Ricardo Confessori, à cause de divergences avec les deux guitaristes. Il propose deux albums avec SHAMAN mais le groupe ne remporte pas le succès escompté et se sépare en 2006 ne laissant plus aux commandes que Ricardo Confessori.
Malgré ce chemin de croix, Andre Matos revient en ce début d'année 2008 avec un nouvel album qu'il signe de son nom. Il a su s'entourer de musiciens talentueux, les toujours fidèles Hugo (guitare) et Luis Mariutti (basse), Andre Hernandes (guitare), Eloy Casagrande (batterie), Fabio Ribeiro (claviers). Et on peut déjà annoncer que monsieur est en grande forme.
Après une courte introduction orchestrale du meilleur goût (rappelons que Matos a suivi au Brésil des études musicales notamment pour devenir chef d'orchestre), on rentre directement dans le vif du sujet avec un « Letting Go » survitaminé. Et là on se dit, avec un énorme sourire, que l'on retrouve ENFIN le Matos de la période faste d'ANGRA. La chanson est ultra mélodique avec des orchestrations soutenues par des guitares tranchantes et une section rythmique gigantesque. Ce titre fourmille de petits détails, la prestation de Casagrande est époustouflante. Matos alterne parfaitement les rythmes et les ambiances, les parties acoustiques et quelle VOIX !!!! (qui me rappelle de plus en plus Tobias Sammet…)
Le deuxième titre "Rio" est beaucoup plus classique, dans la veine Helloween. Les claviers sont plus discrets, les guitares sont mises en avant… Un bon gros titre. Le break central acoustique introduit quelques sonorités plus ethniques rappelant un peu la période ANGRA. Matos nous prouve qu'il n'a rien perdu de sa voix, il ne s'épargne rien et atteint des sommets. "Remember Why" nous étonne en utilisant, en introduction, quelques sonorités celtiques assez éloignées de l'univers habituel des brésiliens. Cette chanson est très efficace, Matos fait preuve d'un sens de la mélodie imparable.
La chanson suivante « How Long (Unleashed Away) » est l'un des sommets de cet album, un titre super catchy qui rentre dans le crâne en quelques secondes. Cela reste assez simple mais l'accent est mis sur le talent d'Hernandez et Hugo Mariutti qui jouent vite et se complètent merveilleusement. Et on pourrait continuer ainsi pour chacune des chansons de cet album. Il n'y a pas de fausse note, pas de remplissage. Certains titres ne sont pas très originaux et propose un métal "helloweenien" classique mais le tout est diablement bien fait.
Les longs « Time to be Free » et « New Moonlight » (plus de 8 mn chacun) constituent les morceaux de bravoure de cet album. Matos a toujours été un maître pour l'écriture de titres plus doux, bourrés d'émotions (cf « Fairy Tale » de SHAMAN, etc.). Mission parfaitement réussie avec ces deux chansons. Et il se permet même de rendre hommage à Beethoven sans que le résultat ne soit ridicule. Sa voix est subtile et envoûtante, les orchestrations sont très réussies et il souffle un vent néo-classique très rafraîchissant.
Tous les musiciens sont excellents, au sommet de leur art. Ils sont très expérimentés, à l'exception de Eloy Casagrande déjà prodige de la batterie à 16 ans ! Quelle prestation, quelle claque ! Bien entendu, le son et la production de ce disque sont eux aussi excellents, au top niveau grâce à la dream team habituelle de Matos: les enregistrements se sont effectués entre Sao Paulo et l'Allemagne avec Roy Z (Bruce Dickinson, Halford, Judas Priest) et Sascha Paeth (Rhapsody of Fire, Kamelot, Edguy) aux manettes.
Le message parait clair. Après les expériences ANGRA et SHAMAN, Andre Matos est un artiste libre qui peut laisser exploser pleinement et sans concession son talent et ses qualités vocales hors-normes. Je suis prêt à parier que grâce à ce "Time to be Free", il saura retrouver les faveurs et le lien particulier qu'il a toujours connu avec son public français. Il ne devrait pas tarder à battre le pavé de nos routes nationales pour une tournée. Un rendez-vous, vous l'aurez compris au vu de notre enthousiasme, à ne pas rater !
Oshyrya (09.5/10)
SPV – Replica Records / 2008
Tracklist (51:35) : 1.Menuett 2.Letting Go 3.Rio 4.Remember Why 5.How Long (Unleashed Away) 6.Looking Back 7.Face The End 8.Time to be Free 9.Reason 10.A New Moonlight 11.Endeavour