Halte là ! Je vous vois venir, je vous sens même à plein nez, les donneurs de leçon, fan des suédois aux temps bénis des Jester Race, Whoracle, Colony… Vous le savez pourtant parfaitement In Flames a évolué, In Flames fait dans le death (oui enfin il en reste pas grand-chose) mélodique à la sauce moderne, je devrais même préciser à la sauce « In Flames » tout simplement. Car s’il est vrai que la musique a progressé depuis maintenant huit ans et Reroute To Remain, la bande de Jesper reste indéniablement un leader et non un suiveur gardant à l’esprit l’empreinte d’un style. J’évoquais donc le fait que malgré votre connaissance de la musique actuelle d’In Flames et sachant pertinemment que vous n’aimez pas voire détestez, vous venez ici pour critiquer : « ouais, de toute façon, ils font du néo », « c’était mieux avant »…
La vérité du miroir
À ceux là la je dis : « lâchez nous la grappe et aller voir ailleurs ». Aux autres, entrez avec bonheur, une fois de plus, dans le monde enchanté du groupe de Gotheborg. Vous rencontrerez une bande de joyeux drilles qui s’acharne avec talent à perpétuer une carrière possédant peu de point faible. Toujours est-il que nous sommes là pour savoir dans quelle direction In Flames a pu tirer la corde avec ce neuvième album A Sense Of Purpose. Passons sur la pochette créée par Alex Pardee !!!! Chacun se fera son opinion ! Vous trouviez que Come Clarity était dans un sens un bon croisement entre l’ancienne et la nouvelle période d’In Flames, A Sense Of Purpose va confirmer ce ressentiment. Les suédois usent d’un son plus brut moins clinquant et atténuent les apports électroniques. « The Mirror’s Truth », le single ne laisse pas un souvenir imparable mais il a le mérite de ne pas être un titre « jumpant ». Sa vivacité marque par contre bien l’entame et le refrain est le plus accrocheur de cet album. Le clip, fait pour l’occasion, est totalement zarbi, c’est sans doute ça la vérité du miroir.
La suite se laisse déguster avec plaisir, en avant la zique avec « Disconnected » totalement en adéquation avec le passé récent, sonorités modernes avec une basse bien présente, riffs mémorisables, breaks mélodiques et toujours Anders avec ce chant éraillé (qui a décidément parfois de fortes similarités avec Jonathan Davis de Korn). « Sleepless Again » est dans la même veine avec quelques samples et une capacité de séduction énorme. Les dix secondes en arpège de ce morceau sont trompeurs car au final l’énergie prime.
Tripes, vivacité, énergie et riffs catchy
« Alias » démarre plus posément, nous sommes dans un morceau mid-tempo qui aurait fait un single parfait avec des breaks ultra marqués et un chant plus mélodique par moment avec un refrain sobre mais attachant puis arpège qui file des frissons avant de reprendre son cours normal. La suite lâche la bride et enfin je rentre dans cet album avec des morceaux qui me prennent aux tripes, vivacité, énergie et riffs catchy provoqueront en live des bousculades et des bananes larges comme celle du Joker dans Batman. Plaisir au rendez-vous, éclate totale…grâce à « I'm the Highway », « Delight and Angers » (refrain à reprendre en choeur), « Move Through Me » qui s’enchaînent sans temps mort pour faire ressortir la substantifique moelle de A Sense Of Purpose. Ensuite vient le nœud du problème de cet album, le titre le plus spécial écrit par In Flames dans toute sa carrière, le plus inapproprié au reste en tout cas, le plus mauvais (pas seulement parce que différent), le plus inintéressant…Une verrue au milieu du nez d’une princesse. Certes « Your bedtime story is scaring everyone » (dernier morceau de Come Clarity) était encore plus bizarre mais situé en fin d’album, il faisait office d’outro même si pas totalement atmosphérique avec sa minute criarde de chant d’Anders.
Ce quasi instrumental mettait un terme de façon presque classieuse à Come Clarity. In Flames a décidé de nous plomber l’ambiance pendant huit minutes d’un titre aéré, spatial. Un titre de rock lent, avec un chant à la limite de la désespérance suicidaire, un genre de morceau à la Anathema, plein de feeling mais hors de propos. Quitte à pondre « The Chosen Pessimist », il aurait figuré en bonne place à la fin de l’album (quitte à réitérer l’effet présent sur l’album précédent) mais à la moitié c’est surprenant, déstabilisant mais c’est aussi la force d’In Flames de n’en faire qu’à sa tête. Ici il ressort plus une gêne qu’autre chose.
Un album qui tient la longueur
Par la suite, la décharge sonore va vite faire oublier ce que je considère comme une erreur. Contrairement à certaines fins d’album pouvant paraître faiblardes chez In Flames par rapport à des débuts tonitruants, A Sense Of Purpose tient la route (mis à part « The Chosen Pessimist ») sur la longueur, les quatre derniers titres peuvent même se targuer d’être plus intéressants que le début. Peut être plus cru, plus brut de décoffrage avec moins d’artifices, « March To The Shore » conclut avec rage cet album même si les deux grattes à deux minutes ne semblent pas se répondre correctement (un peu brouillon).
Vous aimiez Come Clarity pour son éloignement léger avec ces deux prédécesseurs et un certain retour en arrière (léger lui aussi, oui nous sommes dans le monde des subtilités chez In Flames), vous aimerez A Sense Of Purpose, enfin pas dans son entier puisque « The Chosen Pessimist » est totalement hors de propos comme je vous l’ai expliqué. Plus je déguste ce nouvel album et plus je m’en délecte. Come Clarity bénéficiait de ma part d’un 9,5 bien mérité et toujours d’actualité mais je ne pourrais mettre ici qu’un 8,5. NB : le single « The Mirror's Truth » sort un mois avant l’album soit le 7 Mars, il contient trois autres morceaux non présents sur l’album : « Eraser », « Tilt » et « Abnegation » réenregistré (ce dernier était déjà présent sur la compilation Viva la Bands Vol.2).
Clayman (08,5/10)
Nuclear Blast / 2008
Tracklist (48:32) : 01. The Mirror's Truth 02. Disconnected 03. Sleepless Again 04. Alias 05. I'm the Highway 06. Delight and Angers 07. Move Through Me 08. The Chosen Pessimist 09. Sober and Irrelevant 10. Condemned 11. Drenched In Fear 12. March To The Shore