Allez, nous n’allons pas faire l’affront d’une présentation d’ARP, vieux de la vieille s’il en est puisqu’officiant mine de rien depuis 1989 et délivrant, ce qui ne nous rajeunit pas, un 18ème album – dont douze « studios » – avec ce Tales Of The Crown. Adepte de la première heure du gratteux compositeur de Bochum, celui-ci ne m’a jamais laissé déçu, si ce n’est parfois par cette manie de pondre quelques offrandes de ballades ou par le dernier Diamonds Unlock en 2007, galette de covers divers et dispensable. Mais bon, il voulait se faire plaisir et cela nous a fait patienter, alors disons « Joker ».
Cependant, pour les jeunes métaleux néophytes, les hibernatus justes décongelés, ou ceux rentrant de voyages interstellaires de plusieurs années lumières, voici le line up de ce dernier opus : Axel bien évidemment, l’historique bassiste Volker Krawczak, le monstrueux légendaire batteur tentaculaire Mike Terrana (Rage, Metalium, Masterplan, Artension, Squealer etc., et halte au feu) et enfin l’énorme tatoué de claviériste/guitariste qui a du enregistré avec, ou épaulé la moitié des grands noms de la planète heavy, Ferdy Doernberg. Ah oui, il manque le chanteur ; mais bien évidemment c’est toujours Johnny Gioeli, La voix d’ARP, la mise en vocalise des créations, le complice de la dualité locomotive à cet attelage infernal, version teutonne beaucoup plus poussée qu’une paire Us Rob Rock/Roy Z par exemple, et ayant définitivement fait oublié depuis six galettes l’initial Jeff Scott Sotto.
Pas de révolutions pour ce nouvel album, ce que tous fans depuis des lustres redoutent toujours. Le quinton délivre son heavy/power mélodique traditionnel et ciselé par une expérience incommensurable, oscillant selon les plages vers le prog, le speed ; mais majoritairement vers le bon vieux hard rock labélisé eighties. Du Rudy Pell pur jus, bien frais et empli de spontanéité, ou tout sentiment de rengaine est absent malgré les certaines réminiscences habituelles de Rainbow ou Dio et l’absence totale de nouveautés… Enfin, sauf peut être au niveau de la production qui parait être plus emphatique, plus puissante et colossale que précédemment ; le talent de l’ingénieur du son Charlie Bauerfeind n’y étant certainement pas étranger.
Une tracklist haut de gamme, sans temps mort ni plage plus faible. ARP assène sans coups férir et vous conquiert dès le « Higher » inaugural, tellement entendu mais si bien ficelé que l’on s’avoue vaincu et conquis d’entrée. Surfant dans un panel habituel, un « Angel eyes » speedé au refrain power, un « Crossfire » cuirassé, un « Riding on an arrow » à l’intro dont s’enorgueilliraient les Scorpions, un colossal « Tales of the crown » ou encore un « Buried alive » du feu de dieu… Rien que du bon, du lourd, tendant vers l’excellence et véritablement marqué du Sceau. Des mélodies accrocheuses, des dégoulinés guitaristiques en cascades incandescentes, des riffs acérés et des vocalises calqués à merveille sur l’esprit des compos ; du grand art tout simplement. Une mention spéciale au titre instrumental « Emotional echoes », débuté à l’acoustique et … L’on en dira pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte.
Au final, comme une métaphore sur les ados voulant du Coca, du Mac do, de l’Adidas…, et pas autre chose. ARP est un label, une Aoc, une marque de fabrique dont on ne peut se lasser si on l’en apprécie les ingrédients. Ce d’autant plus que notre teuton ébouriffé est au sommet de sa forme, et que son « Tales » entrera sans conteste dans le tiercé gagnant de ses offrandes.
Metalpsychokiller (08.5/10)
SPV / 2008
Tracklist : 1. Higher 2. Ain't Gonna Win 3. Angel Eyes 4. Crossfire 5. Touching My Soul 6. Emotional Echoes 7. Riding On An Arrow 8. Tales Of The Crown 9. Buried Alive 10. Northern Lights