Archive for février, 2009

Cattle Decapitation – The Harvest Floor

cattle-harvest-floorDans une scène metal qui semble, au fil des mois, receler de moins en moins de groupes véritablement originaux et sortant des sentiers battus, nos amis de Cattle Decapitation font l’effet d’une brise rafraîchissante, d’une rafale salvatrice qui soulève la poussière accumulée au fil des ans, à tel point que l'on se prend à rêver d'un éventuel renouveau de la scène, ou du moins d'une nouvelle branche, dont nos amis des bêtes seraient les leaders…

Mais en quoi Cattle Decapitation est-il si différent de ses congénères ? Tout d’abord, les thèmes abordés par le combo, accordant une attention particulière à la protection des animaux (ce qui est assez rare pour être souligné). Sur un plan musical, le groupe parvient également à se démarquer en officiant dans un registre death-grind barré au possible. Les changements de rythme sont légion, le registre vocal du beugleur de service est impressionnant (passant du grunt grave aux vocalises de Gremlins en à peine quelques secondes) et l’album comporte quelques surprises, à l’instar de quelques petites touches jazzy venant apporter un moment de répit dans cet album radical.

Radical, en effet, et déroutant à plus d’un égard. Malgré sa durée assez courte (un peu plus d’une demi-heure), The Harvest Floor reste un pavé à digérer, compact et présentant de nombreuses facettes. Plusieurs écoutes s’imposent donc pour pouvoir découvrir tout le potentiel de cet album qui ne laissera certainement personne indifférent…

Mister Patate (07/10)

www.cattledecapitation.com

www.facebook.com/cattledecapitation

Metal Blade Records / 2009

Tracklist (37:31) : 1. The Gardeners of Eden 2. A Body Farm 3. We are Horrible People 4. Tooth Enamel & Concrete 5. The Ripe Beneath the Rind 6. The Product Alive 7. In Axetasy 8. Into the Public Bath] 9. The Harvest Floor 10. Regret & the Grave

 

W.E.T. – W.E.T.

Ce disque de W.E.T avait été annoncé sur tous les toits comme étant un (futur) disque majeur du genre. L'enthousiasme de ses auteurs serait tel que ces derniers prépareraient d'emblée un nouvel opus, alors que leur premier effort éponyme est à peine dans les bacs. Plus : Jeff Scott Soto avait expliqué qu'il s'agissait d'une disque qu'il aurait fait avec Journey, s'il n'avait pas été inélégamment évincé du super groupe US. Il est vrai que pour enterrer ses ex-comparses Soto a créé un projet extrêmement alléchant, tout au moins sur le papier. W.E.T. fait en effet office de super groupe dans le monde de l'AOR intégrant le guitariste des très talentueux Work Of Art (dont j'ai dit tout le bien que j'en pensais ici) mais surtout deux membres d'Eclipse, à savoir leur chanteur/guitariste Erik Martensson (uniquement aux guitares) et leur guitariste soliste Magnus Henriksson. Cette association se résume à un acronyme : WET pour Work Of Art, Eclipse et Talisman (ex-combo de Soto).

Le résultat de cet essai conjoint combine sans doute les meilleurs aspects des groupes précités : à la production moderne et à la puissance d'Eclipse s'allient la finesse et le sens de l'accroche de Work Of Art et la qualité du chant de Soto. Il faut bien reconnaître que si sa présence avec Journey étonnait plus qu'autre chose, ici le chanteur métis se montre parfait ; rarement son chant fut plus lumineux et modulé. Il est vrai qu'il est fréquemment soutenu par des chœurs somptueux (le single « One Love » ou « If I Fall »).

Le style pratiqué est à la rencontre du Heavy, du hard FM et de l'AOR : on rencontrera donc tour à tour des chœurs renversants, un clavier discret mais très bien utilisé, des ballades mélancoliques (« Come Down Like Rain ») mais aussi des soli extrêmement véloces (« One Love ») ou très mélodiques à la Neal Schon (« If I Fall), des parties de double grosse caisse et surtout des riffs puissants avec des guitare accordées assez grave. L'écoute du survitaminé « Invicible » permettra à chacun de se faire une idée de la qualité de cette hybridation. À vrai dire la qualité de l'ensemble et du mélange fera plus que réjouir l'auditeur : il devrai tracer les contours d'un renouvellement des styles sus-cités à travers un métissage bienvenu.   

Détonnant voilà le mot.

 

Baptiste (8/10)

 

Frontiers / 2009

Tracklist (51:52) : 1. Invincible 02. One Love 03. Brothers In Arms 04. Comes Down Like Rain 05. Running From The Heartache 06. I'll Be There 07. Damage Is Done 08. Put Your Money Where Your Mouth Is 09. One Day At A Time 10. Just Go 11. My Everything 12. If I Fall

 

Adagio – Archangels in Black

adagio_archangels-in-blackJe tiens d'abord à préciser que si je connais Adagio depuis Sanctus Ignis, soit 2001, je n'ai jamais vraiment accroché à leurs albums, « trop propres et trop gentils » pour résumer. Mais j'ai toujours eu un petit penchant pour ce groupe, j'attendais surtout de voir où un petit peu plus de maturité l'amènerait. Alors quand j'ai vu qu'ils venaient de sortir quelque chose au titre sombre (…et rappelant une chanson d'Angra, c'est forcément bon signe!) et à la pochette sanguignolante tout en restant assez classe dans son style j'ai décidé de laisser la curiosité parler à nouveau…
… Et bien m'en a pris ! Ou presque: la grande majorité de l'album est très bien faite, sombre, excellemment bien composée, avec des passages « les virtuoses se lâchent » ici et là mais sans jamais pousser jusqu'au point de saturation. Avec des accents de métal extrême pour accentuer l'ambiance très sombre des morceaux en bonus. Pas malsaine, juste très sombre, une sorte de mélange de colère, de rage… et de volonté d'auto-persuasion peut-être, sur le thème « je le ferai/j'y arriverai suivez-moi ». Etant pianiste moi-même, les passages au clavier qui semblent être véritablement composés au piano sont très appréciables ; je regrette qu'ils soient joués avec un son de clavier plutôt qu'un son de piano, mais que voulez-vous ainsi le veut la mode.

Alors oui il s'agit principalement de la juxtaposition de passages sentant bon la musique classique et de passages sentant bon le métal dans tout ce qu'il a de plus moderne. Mais on parle là de musique classique au sens large, allant jusqu'à l'introduction très contemporaine de « Codex Oscura » (ce passage me rappelle d'ailleurs quelque chose de très précis, mais je n'arrive pas à retrouver quoi… peu importe sans doute). Comme on parle de métal au sens large, allant jusqu'à l'extrême. Mais surtout: dès que l'on pourrait commencer à se lasser de tel univers musical, hopla ils nous amènent vers un autre. Sans que la transition paraisse forcée. Il y a du travail là-dessous, énormément, et je tiens à dire Merci Stephan Forté pour l'exercice de composition (et d'atmosphères). Ces morceaux sont d'ailleurs tellement riches qu'il m'a fallu une deuxième écoute pour bien comprendre « la structure » des morceaux, « leur but ».


Pourquoi ma réserve alors ? Parce que les trois derniers morceaux « officiels » (« Getsu Senshi » est un bonus) sont d'un long, mais d'un long… Je pense que c'est parce qu'ils en font trop dans ces morceaux, avec des arrangements inutiles qui font perdre le fil et/ou l'ambiance, des passages instrumentaux trop longs et démonstratifs, trop de temps passé sur les mêmes ambiances (au contraire des cinq premiers morceaux), etc. C'est vraiment dommage, parce qu'ils ont chacun leurs passages (très) intéressants… mais la sauce ne prend pas, ou du moins beaucoup moins bien.
Au chapitre des réserves je mettrais aussi le chanteur, qui est un peu juste parfois, comme s'il allait aux limites des capacités de ses cordes vocales. Le résultat final est très bon, mais parfois mes cordes vocales souffrent pour les siennes quand j'entends à quel point… ça vibre !

D'un autre côté Adagio demande beaucoup à ses chanteurs, de manière générale : espérons qu'ils en trouvent un définitif, celui-ci serait ma foi très bien, qui puisse prendre le temps de se muscler les muscles vocaux avec eux pour pouvoir rendre justice aux lignes de chant qui lui sont demandées.
Adagio se salit, avec des guitares parfois bien grasses, un chanteur qui ne cherche pas vraiment à nous engeoler par la douceur et la grâce de sa voix, et en offrant une atmosphère très sombre mais emprunte d'une certaine noblesse. Adagio se calme, en perdant ce côté pompeux qui gâchait beaucoup de ses chansons. Adagio reste perfectible, mais ils sont assurément sur la bonne voie. Reste à savoir s'ils trouveront un public: leur musique peut être trop extrême pour les amateurs de heavy traditionnel, d'où ils viennent et dont ils gardent énormément, et trop lêchée/mélodieuse pour les amateurs d'extrême. Mais ça viendra sans doute avec le temps: je me refuse à croire qu'un groupe proposant une musique aussi riche et travaillée puisse rester longtemps dans ce relatif anonymat.

Polochon (08.5/10)

 www.adagio-online.com 

Listenable Records – Pias / 2009

Tracklist (47:45) :
01. Vamphyri 02. The Astral Pathway 03. Fear Circus 04. Undead 05. Archangels In Black 06. The Fifth Ankh  07. Codex Oscura 08. Twilight At Dawn 09. Getsu Senshi