Adagio – Archangels in Black
Posted by PolochonFév 26
Je tiens d'abord à préciser que si je connais Adagio depuis Sanctus Ignis, soit 2001, je n'ai jamais vraiment accroché à leurs albums, « trop propres et trop gentils » pour résumer. Mais j'ai toujours eu un petit penchant pour ce groupe, j'attendais surtout de voir où un petit peu plus de maturité l'amènerait. Alors quand j'ai vu qu'ils venaient de sortir quelque chose au titre sombre (…et rappelant une chanson d'Angra, c'est forcément bon signe!) et à la pochette sanguignolante tout en restant assez classe dans son style j'ai décidé de laisser la curiosité parler à nouveau…
… Et bien m'en a pris ! Ou presque: la grande majorité de l'album est très bien faite, sombre, excellemment bien composée, avec des passages « les virtuoses se lâchent » ici et là mais sans jamais pousser jusqu'au point de saturation. Avec des accents de métal extrême pour accentuer l'ambiance très sombre des morceaux en bonus. Pas malsaine, juste très sombre, une sorte de mélange de colère, de rage… et de volonté d'auto-persuasion peut-être, sur le thème « je le ferai/j'y arriverai suivez-moi ». Etant pianiste moi-même, les passages au clavier qui semblent être véritablement composés au piano sont très appréciables ; je regrette qu'ils soient joués avec un son de clavier plutôt qu'un son de piano, mais que voulez-vous ainsi le veut la mode.
Alors oui il s'agit principalement de la juxtaposition de passages sentant bon la musique classique et de passages sentant bon le métal dans tout ce qu'il a de plus moderne. Mais on parle là de musique classique au sens large, allant jusqu'à l'introduction très contemporaine de « Codex Oscura » (ce passage me rappelle d'ailleurs quelque chose de très précis, mais je n'arrive pas à retrouver quoi… peu importe sans doute). Comme on parle de métal au sens large, allant jusqu'à l'extrême. Mais surtout: dès que l'on pourrait commencer à se lasser de tel univers musical, hopla ils nous amènent vers un autre. Sans que la transition paraisse forcée. Il y a du travail là-dessous, énormément, et je tiens à dire Merci Stephan Forté pour l'exercice de composition (et d'atmosphères). Ces morceaux sont d'ailleurs tellement riches qu'il m'a fallu une deuxième écoute pour bien comprendre « la structure » des morceaux, « leur but ».
Pourquoi ma réserve alors ? Parce que les trois derniers morceaux « officiels » (« Getsu Senshi » est un bonus) sont d'un long, mais d'un long… Je pense que c'est parce qu'ils en font trop dans ces morceaux, avec des arrangements inutiles qui font perdre le fil et/ou l'ambiance, des passages instrumentaux trop longs et démonstratifs, trop de temps passé sur les mêmes ambiances (au contraire des cinq premiers morceaux), etc. C'est vraiment dommage, parce qu'ils ont chacun leurs passages (très) intéressants… mais la sauce ne prend pas, ou du moins beaucoup moins bien.
Au chapitre des réserves je mettrais aussi le chanteur, qui est un peu juste parfois, comme s'il allait aux limites des capacités de ses cordes vocales. Le résultat final est très bon, mais parfois mes cordes vocales souffrent pour les siennes quand j'entends à quel point… ça vibre !
D'un autre côté Adagio demande beaucoup à ses chanteurs, de manière générale : espérons qu'ils en trouvent un définitif, celui-ci serait ma foi très bien, qui puisse prendre le temps de se muscler les muscles vocaux avec eux pour pouvoir rendre justice aux lignes de chant qui lui sont demandées.
Adagio se salit, avec des guitares parfois bien grasses, un chanteur qui ne cherche pas vraiment à nous engeoler par la douceur et la grâce de sa voix, et en offrant une atmosphère très sombre mais emprunte d'une certaine noblesse. Adagio se calme, en perdant ce côté pompeux qui gâchait beaucoup de ses chansons. Adagio reste perfectible, mais ils sont assurément sur la bonne voie. Reste à savoir s'ils trouveront un public: leur musique peut être trop extrême pour les amateurs de heavy traditionnel, d'où ils viennent et dont ils gardent énormément, et trop lêchée/mélodieuse pour les amateurs d'extrême. Mais ça viendra sans doute avec le temps: je me refuse à croire qu'un groupe proposant une musique aussi riche et travaillée puisse rester longtemps dans ce relatif anonymat.
Polochon (08.5/10)
Listenable Records – Pias / 2009
Tracklist (47:45) :
01. Vamphyri 02. The Astral Pathway 03. Fear Circus 04. Undead 05. Archangels In Black 06. The Fifth Ankh 07. Codex Oscura 08. Twilight At Dawn 09. Getsu Senshi
No comments