Archive for mars, 2009

Blut_aus_Nord-memoriaAvec Blut Aus Nord, il y a des constantes qui restent inchangées depuis leurs débuts : tout d’abord, des sorties régulières. Le groupe ne laisse jamais passer trop de temps entre deux sorties.  Sept full length, deux splits et un EP depuis la formation du groupe, ça force le respect. Ensuite, autre constante et pas des moindres, la qualité. Toujours au rendez-vous. Pour finir, celle qui me chiffonne le plus dans le cas présent : chaque sortie du groupe est difficile à chroniquer. Mettez ça sur le compte d’un style très particulier, inhérent à l’approche musicale du groupe, plutôt que de le mettre sur le compte de mon incapacité à trouver les mots justes pour parler de leurs albums, et je vous en serais reconnaissant !

On peut apercevoir sur le bas de la cover dans une écriture qui rappelle les runes un sobre « M.V.II » qui signifie « Memoria Vetusta II » auquel le groupe aura rajouté un sous -titre parlant, comme nous le verrons plus loin, en l’occurrence « A dialogue with the stars ». En effet, ce nouvel album n’est autre que la suite conceptuelle du « Memoria Vetusta I : fathers of the icy age » sorti il y a déjà treize ans, soit en 1996.

Les années passant, attendez- vous donc en toute logique à quelque chose d’assez différent du « Memoria Vetusta I » et encore plus  d’ « Odinist » que j’avais eu le plaisir de chroniquer il y a quelque temps déjà. Il y a toutefois une constante de plus que je me permets de rajouter ici : ce nouvel album ne sera pas particulièrement aisé à appréhender, comme la majorité des travaux du groupe si je ne m’abuse. N’allez pas imaginer non plus un album hermétique car il n’en est rien, j’ai simplement le sentiment qu’avec nos mystérieux français il n’y a pas de demi mesure, soit on aime, soit on n’aime pas, difficile de se placer entre les deux et de rester de marbre.

Donc, Memoria Vetusta II. Une fois de plus tout est dans l’ambiance et dans l’approche. Ce nouvel album construit une nouvelle fois des ambiances un poil torturées (notamment par le biais des vocaux), froides, voire dérangeantes. Oui, mais envoutantes aussi. On retrouve à nouveau ces lignes de guitares qui créent une atmosphère particulière. Les guitares qui sont sur cet opus largement mises en avant,  deviennent réellement l’expression de l’univers que le  groupe s’est recrée pour cet album. Les vocaux ne sont pas omniprésents et se placent un peu en retrait dans le mix, car comprenons le, la parole est ici donnée aux cordes. Et on ne pourra qu’apprécier le travail qui a été effectué à leur endroit, car dans cet ensemble il s’échappe malgré tout une bouffée d’air provenant de ces guitares lead continuellement présentes.
 Je me souviens à quel point j’avais été impressionné par « MoRt », qui brillait par un paradoxe flagrant : comment créer de la mélodie en ayant une démarche qui va à l’encontre même de la mélodie. Un album qui n’a pas laissé ses géniteurs indemnes et après lequel il était difficile d’envisager la suite. Pourtant, BAN est un groupe qui a de la ressource  et c’est le moins que l’on puisse dire si l’on jette un regard sur l’ensemble de leur carrière et surtout sur le fait de donner une suite à un album sorti treize ans auparavant, et cela sans décevoir.

C’est qu’au bout du compte nos amis français en deviennent hypnotiques et lancinants, et une fois happé par leur univers musical, il est foutrement difficile d’en sortir. Comme chacune de leurs offrandes, ce Memoria Vetusta II demandera certainement du temps pour se faire apprécier, mais ce temps est nécessaire, voire obligatoire et salutaire. Oui, car faire son boulot d’auditeur à la va vite ne serait pas rendre justice à BAN. Qui se contente d’entendre distraitement ne peut apprécier, il faut écouter, et plutôt deux fois qu’une. Car rarement un album n’aura aussi bien porté son sous titre. « A dialogue with the stars ». Différent du premier volet qui se voulait plus haineux, plus froid, (comprenez bien, le sous titre n’était pas « Fathers of the icy age» pour rien) MV II est doté d’une production plus claire faisant la part belle aux combinaisons des claviers et des guitares. Des guitares rythmiques qui restent froides et tendues, faisant corps avec des guitares leads qui se détachent en apportant mélodie, j’irai même jusqu’à dire mélancolie et chaleur. Les huit morceaux composant cet album ne sont rien de moins qu’un voyage émotionnel voire introspectif.

 Au voyage glacé du premier volet s’oppose le dialogue avec les étoiles, un dialogue ayant une forte propension à toucher l’immatériel, le cosmique, l’élévation. Car il s’échappe quelque chose de paradoxalement lumineux et chaud dans cet ensemble ténébreux, chaque morceau comporte son lot de passages mélodiques qui font l’effet de quelque point lumineux dans un ciel nocturne et froid. Atmosphérique, voire planants, les morceaux développent des thèmes lancinants et envoutants, des thèmes qui élèvent l’ensemble pour qu’il tutoie les étoiles. Alors, on pourra mettre en relief le fait que, considérant cet ensemble très homogène que forme MVII, certains thèmes se ressemblent un peu trop, et que le son de la batterie est un peu trop synthétique. Certes, mais au final cela importe peu, et n’entache en rien la qualité d’un tel album. Passons donc sur ce fait.

Odinist avait en quelque sorte légèrement ouvert la voie vers quelque chose de plus mélodique et de moins expérimental.  Ici dès l’intro au clavier on ne peut se tromper, le groupe à su trouver les ressources pour se sortir de ses ténèbres aux relents indus auxquelles il nous avait convié depuis quelques années, pour donner suite à un MV I, une suite qui appelait de toute ses forces un retour en arrière, un retour à un Black plus simple mais de loin pas plus simpliste, non plus prévisible.

Une fois de plus le pari –car chaque album du groupe pourrait être considéré comme tel- est réussi, et l’on ne peut que saluer la créativité de Blut Aus Nord.

Sheol (08/10)

myspace.com/thehowlingofgod

Candlelight Records / 2009

Tracklist : 1. Acceptance (Aske) 2. Disciple libration (lost in the nine worlds) 3. The cosmic echoes of non –matter ( Immaterial voice of the fathers) 4. Translucent body of air (Sutta anapanasati) 5. Antithesis of the flesh (…and then arises a new essence) 6. …The meditant (dialogue with the stars) 7. The alcove of angels (Vipassana) 8. The formless sphere (beyond the reason) 9. Elevation

 

Suidakra – Crogacht

Suidakra-CrogachtOn peut avoir des habitudes avec Suidakra, forcément, ils sont dans les parages de la scène metal folk depuis 1994 et ont à leur actif huit albums sans compter le petit dernier que voici dans les bacs. A la première écoute, en fond sonore, on se dit qu'ils se foutent un peu de nous les teutons avec cette production loin de rivaliser avec les poids lourds du metal. Et le son de la caisse claire dans les parties rapides agace plus qu'elle ne séduit. Mais foi de chroniqueur poilu, pas question d'opter pour un jugement hâtif ! On pouvait également avoir quelques inquiétudes sur la créativité du groupe en raison de l'absence de Marcel (guitare et chant clair). Cette fois c'est un trio à part entière qui poursuit l'aventure.

Dissipons le doute d'entrée, Arkadius a pris le relais, sans laisser libre cours à un ton plus extrême et le groupe n'a rien perdu de ce côté là. En toile de fond de la musique pagan folk un poil black death, rien de moins qu'un mythe celtique, cela ne manque pas de courage (c'est le titre de l'album en gaélique d'ailleurs) et d'ambition : on a donc droit à l'histoire légendaire de Cuchulainn qui rencontre sur l'île de Skye Scáthach qui lui apprend l'art de la guerre, ajoutez un soupçon de tragédie en prime, voilà pour l'histoire.

Côté musique, au delà de la production parfois un poil brouillonne dans les passages rapides, l'album est dynamique et accrocheur et en prime varié. Morceaux agressifs tel « Conlaoch » cotoyent des morceaux instrumentaux « Ár Nasc Fola », et l'inévitable cornemuse est bien de la partie. On retrouve également un morceau plus folk que metal – « Feats of War » – avec une demoiselle au chant. C'est sûr, Suidakra n'est pas le premier groupe à aborder cette légende celtique, mais il l'aborde en proposant un album solide et épique. L'équilibre entre les parties agressives et mélodiques est au poil et les Allemands nous livrent ici un album tout en fait recommandable, qui ne devrait pas ébouriffer les amateurs du groupe. Quant à savoir s'il est meilleur ou moins bon que Caledonia, à vous de juger…

Hamster (08/10)

 

 www.suidakra.com

 www.myspace.com/suidakra

Wacken Records / SPV 2009

Tracklist (41:16) : 01. Slán 02. Conlaoch 03. Isle of Skye 04. Scáthach 05. Feats of War 06. Shattering Swords 07. Ár Nasc Fola (instrumental) 08. Gilded Oars 09. Baile's Strand

Sunstorm – House Of Dreams

Trois ans après, il y aura du rab. Sans doute car le premier essai du projet AOR constitué autour de Joe Lynn Turner avait plutôt bien marché, Frontiers a eu l'idée (lumineuse) de recontacter le chanteur multisessionniste, coincé entre quelques apparitions de luxe sur divers albums, ses concerts en solo ou avec son tribute band à Rainbow, et ses réalisations personnelles, pour remettre les couverts. Le premier album de Sunstorm avait comme gage d'authenticité une réalité : le second album solo de Turner avait été un projet avorté et il n'était pas farfelu d'en réutiliser les compositions dont les démos circulaient déjà chez les afficionados. Mais il semble que toutes les musiques en réserve n'aient pas été employées alors puisqu'en voici d'autres qui constituent l'ossature de ce second disque, toujours (bien) produit par Dennis Ward. 

Toutefois, on peut supputer que si certaines compositions furent délaissées il y a trois ans, c'est qu'elles le méritaient. Ainsi « I Found Love » est un rock FM endiablé soutenu par une rythmique dynamique et par les vocalises efficaces de Turner mais n'est en rien un titre inoubliable. Il est vrai que la remarque peut être étendue à la plupart des morceaux proposés ici : le plombé « Divided » en ouverture de disque ou la jolie ballade de Peterik n'emporte qu'une conviction que très relative. À vrai dire ce n'est pas tant la voix de Turner, plus rauque mais toujours très prenante, ni non plus son professionnalisme irréprochable qui déçoivent. Quant aux compositions des habitués de Frontiers (Peterik et – ce qui est plus rare – Paul Sabu), elles sont d'une qualité réelle. 

Il y a derrière ce disque, comme d'ailleurs chez beaucoup de ce type de projets plus ou moins artificiels, un arrière-goût de cuit et recuit. La composition « Save A Place In Your Heart » est ainsi bien représentative de cet état des choses : jolie mais si entendue. Le fait que Turner excelle dans son registre et que les officiants ici mobilisés connaissent parfaitement les recettes clés participent justement de ce problème non résolu. 

 

Baptiste [7/10]

 

Frontiers / 2009

 

Tracklist (49:11) : 1. Divided 2. Don’t Give Up 3. The Spirit Inside 4. I Found Love 5. Say You Will (Compo: Jim Peterik) 6. Gutters of Gold (Compo : Jim Peterik) 7. Save a Place in Your Heart (Compo: Paul Sabu) 8. Forever Now (Compo : Paul Sabu) 9. Tears on the Pages (Compo: Jim Peterik, Jon Lind and Russ Ballard) 10. House of Dreams 11. Walk On