Faisant partie des vieux cons aigris avant l’heure, il n’est pas rare de m’entendre grommeler à qui veut l’entendre que la scène metal actuelle est dans un bien piteux état et que la relève tarde à pointer le bout de son nez. Ces foutus jeunes sont juste bons à mettre du « -core » dans tous leurs morceaux, à se tartiner une tonne de gel sur les cheveux pour avoir la coiffure de l’été et à sautiller comme des glandus en faisant leur numéro de tough guy pour minettes prépubères qui mouillent leur culotte devant une photo du minet efféminé qui sert de frontman à Tok’chiottes Hotel. Foutue époque pourrie jusqu’à la moelle, dirait mon confrère Vlad, et il n’a pas tort…
Cependant, cette situation est peut-être en passe de changer, et le groupe qui pourrait prendre la relève vient également d’Outre-Rhin. À l’instar de Tokio Hotel, les membres sont très jeunes (moyenne d’âge de 16 à 17 ans), allemands et ont tapé dans l’œil d’un gros label, en l’occurrence, Nuclear Blast. Et si Nuclear Blast a daigné prêter une oreille attentive à ce groupe, cela ne doit pas être un hasard. Le plus simple, pour vérifier cela, est de se coller Burn After Reaping dans les esgourdes.
Et là, on sent qu’Hackneyed n’est pas juste un énième groupe de petits jeunes aux dents longues qui tombera dans l’oubli après un ou deux albums. On sent que ces gamins ont les bonnes bases, qu’ils ont biberonnés du death et que, non contents de s’en inspirer, ils se sont mis à en faire. La maîtrise est là, le groupe fait preuve d’une sacrée maturité et signe là un deuxième album plus qu’enthousiasmant, même s’il est loin d’être parfait. Parfois un peu brouillon, parfois un peu approximatif, Hackneyed semble davantage se laisser guider par son enthousiasme, quitte à perdre en efficacité. La voix, quant à elle, est légèrement en retrait, il lui manque ce petit quelque chose qui insuffle de la rage dans le chant. Ces défauts, Hackneyed peut les surmonter et gravir les échelons un à un…
Mais…
Bien sûr, cela aurait été trop beau, l’avènement d’un nouveau groupe-phare auquel rien ni personne ne résisterait… Cependant, il faut reconnaître que le succès de cet album est aussi dû, en grande partie, à leur label (ce qui leur permet d’obtenir une couverture médiatique bien plus large que s’il avait été signé par un label moyen) et à l’âge des musiciens. Je suis d’ailleurs persuadé que cet album n’aurait pas le même retentissement si on nous disait que les gars qui l’ont composé ont tous 25-26 ans. Les quelques défauts de cet album (car oui, cette galette n’est pas parfaite non plus, loin de là) sont atténués, voire presque gommés par leur jeunesse, et on aurait vite tendance à se dire : « Ils sont jeunes, ils doivent encore apprendre et progresser… ».
Voilà justement le point sur lequel les petits gars d’Hackneyed doivent travailler d’arrache-pied s’ils veulent un jour pouvoir prétendre au statut de groupe majeur. C’est bien beau, de sortir coup sur coup deux albums qui valent le détour et de devenir une des nouvelles coqueluches d’un grand label, mais il faut pouvoir bâtir sur cette notoriété, continuer à mûrir, à évoluer, au risque de finir aux oubliettes, auprès de dizaines de groupes qui étaient également promis à un avenir radieux et qui se sont avérés de simples feux de paille…
Mister Patate (07/10)
Nuclear Blast / 2009
Tracklist : (55:53) 01. Burn… 02. Finger On The Trigger 03. Deatholution 04. Weed Flavoured Meat 05. March Of The Worms 06. Bloodshed 07. Redying 08. Kingdom of Thoughts 09. Home Meat Home 10. Putrid 11. Last Man On Earth 12. …After Reaping