Voici un disque qui constitue un bel objet d'UFOlogie. En pleine tourmente financière, alors que la Californie licencie ses fonctionnaires et ouvre ses prisons pour éviter la faillite voici arriver sur le sol français un disque de West Coast relevant plus du paléolithique que de l'actualité musicale tout court. Il s'agit du premier essai manifestement auto-financé de Daniel Nelson qui ne se constitue que de cinq titres, soit un format de EP plutôt rare parmi les temps qui courent. Il est vrai que pécunièrement les temps sont durs sur la Côte Ouest.
L'anonymat le plus total qui touche Nelson est sans doute moins important outre-Atlantique puisque l'homme, après des études de production et de son, a beaucoup travaillé pour la télévision américaine. Il en ressort un professionnalisme assez impressionnant tant au niveau vocal (Nelson a une voix superbe si l'on admet qu'il est bien loin des glapissements du black norvégien ou des chœurs poilus à la Manowar et plus proche de Joseph Williams) qu'au niveau de la production et de l'interprétation. Sur ce dernier point, on remarquera la qualité des parties de guitare très inspirées mais aussi l'utilisation très bien menée de cuivres qui participent de la teinte californienne revendiquée. La qualité globale arrive ainsi à nous faire oublier que nous sommes face à une réalisation musicale a priori complètement surannée mais aussi assez loin du hard rock malgré l'existence de titres péchus (« Madelyn ») voire groovy (« Here In LA» si bien nommé).
Logé entre David Foster, Toto et le Chicago des années 80 voici une réalisation très très surprenante. Mais après tout à l'époque post-moderne des modes aussi fulgurantes et évanescentes que les flux de capitaux, ce regard définitivement rétro est somme toute réconfortant.
Baptiste (8/10)
Myspace Officiel
Avenue of Allies Music – Underclass / 2009
Tracklist (23:50) : 01. Madelynn 02. Is It You ? 03. Camarillo 04. Here In L.A. 05. Emily
Soyons clairs: il ne s'agit pas de métal ici, ni de hard-rock, ou même de rock. Mais de pop. De la pop sucrée, gentille, mielleuse, tout douce. Qui vous fera souvent penser à ci ou ça, mais passons car là n'est pas le problème principal.
Parce que si je dois parler de qualité musicale… bah c'est simple, pour ne pas dire simplissime. L'accent est vraiment mis sur la voix d'Anneke, les instruments l'accompagnent avec de gentils bruits de fond. Alors certes Anneke a une jolie voix même quand elle se contente d'aller dans le un peu puissant, mais Dieu qu'elle tombe facilement dans le légèrement faux quand elle prend une voix moins travaillée! Et elle prend souvent une voix moins travaillée dans cet album… Ca ne serait qu'une fois de temps en temps ça serait un charme amusant, mais au bout d'un moment ça finit par taper sur les oreilles, si je puis dire (violoniste je suis: impossible de passer outre il m'est). L'avantage avec un gros accompagnement type métal est que ce genre d'imprécision peut être masqué par une mise en avant des instruments. Alors que là, comme les instruments sont très doux et mis en retrait, aussi bien par ce qu'ils jouent que par leur puissance, la moindre petite faiblesse vocale saute aux oreilles. Et ça finit par être fatiguant. Sur les quelques morceaux un peu plus énervés comme Wide open ça passe mieux (elle y fait d'ailleurs un peu de "gymnastique des cordes vocales" qui lui va très bien, je trouve)… mais ils ne sont pas nombreux. De jolis passages/accords piano-voix sur Home again aussi, mais pas de quoi casser trois pattes à un canard non plus.
Alors oui c'est Anneke. L'ancienne chanteuse de The Gathering. Mais quand j'entends un album beaucoup trop simple avec pas mal de faussetés vocales et pas toujours carré dans l'exécution musicale… ben je le dis, peu importe le passé de l'artiste. En toute honnêteté il m'arrive d'écouter de la pop (j'aime beaucoup Kylie Minogue par exemple, dingue hein), mais ça… en dehors même du fait que ça n'a pas vraiment sa place sur un webzine metal en dehors de la nostalgie « l'ancienne chanteuse de The Gathering! ouah! », c'est tout simple un album de pop très, très basique.
Polochon (04/10)
www.annekevangiersbergen.com
Season of Mist / 2009
Tracklist (42:19) : 01. Pearly 02. Hey okay! 03. I want 04. Wonder 05. The World 06. Sunny side up 07. Physical 08. Home again 09. Wide open 10. Longest day 11. Just fine 12. Adore
Franchement je ne comprends pas la déception affichée par de nombreux amateurs de Gotthard quant à ce nouveau disque, Need To Believe. Cette déception s'explique sans doute par le fait que Domino Effect était sans doute un des albums les plus heavy du groupe depuis au moins G. Il signait le retour à ce hard rock classieux des débuts mais qui avait déjà fait une réapparition sur l'excellent Lipservice et sur le très bon live Made In Switzerland.
Mais à mon avis l'agressivité de Domino Effect, son côté sombre et une certaine froideur faisaient de ce disque une réalisation un peu à part dans la discographie du groupe. En outre, il y avait bien peu de chances que Gotthard persévère dans cette voie au risque de perdre son statut d'institution nationale en Suisse, à savoir son pré-carré commercial.
Ce Need To Believe tranche effectivement par rapport à son prédécesseur car il s'avère plus chaud et – reconnaissons-le – plus apaisé. Le groupe n'est pour autant pas revenu aux recettes de Open ou Homerun : le style est logé entre les premiers essais du combo et, disons, Human Zoo. Et la production plutôt léchée renforcera cette idée d'un disque de croisière, somme toute très équilibré.
Si les ballades ne sont pas légions, elles se logent avec bonheur entre une suite de titres mid-tempo d'excellente facture (le single « Need To Believe » aux chœurs somptueux ou la très classieuse ballade heavy « Unconditionnal Faith ») et des chansons plus classi-quement hard rock : « I Don't Mind » et son riff à la AC/DC grande époque ou le péchu « Right Or Wrong ». Trois titres par leur intelligence attirent tout particulièrement l'attention : le second morceau « Unspoken Words » au refrain si riche, la power ballade « I Know You Know » et l'orientalisant « Shangri-La » aux relents Def Leppard bienvenus. Gageons que ces morceaux seront sans doute interprétés lors du concert (hélas) complet à venir à la Maroquinerie.
Quant aux musiciens eux-mêmes : Steve Lee est toujours prodigieux (après plus de vingt-cinq ans de carrière bientôt), la section rythmique très en place et la paire de guitaristes formée par Leoni et Scherer plus solide que jamais. Que conclure d'autre que Gotthard signe encore là un disque qui ravira tout le monde en trouvant parfaitement le point d'équilibre entre novation et tradition ?
Baptiste (8/10)
Nuclear Blast / 2009
Tracklist : 1. Shangri-La 2. Unspoken Words 3. Need To Believe 4. Unconditional Faith 5. I Don't Mind 6. Break Away 7. Don't Let Me Down 8. Right From Wrong 9. I Know, You Know 10. Rebel Soul 11. Tears To Cry 12. Ain't Enough (Bonus Track)