Archive for janvier, 2010

Dark Fortress – Ylem

Dark_Fortress-ylemEnfin, deux ans après un « Eidolon » qui avait fini avec une troisième place bien méritée lors de notre référendum de fin d’année en 2008 –ouch, énorme claque cet album, mes draps s’en souviennent encore…- les « Dimmu Borgir » allemands sont de retour avec un sixième album en neuf ans ! Précision, quand je dis « Dimmu Borgir » allemand, aucun rapport dans le style mais seulement d’un point de vue onomastique puisque « Dark Fortress » est en effet la traduction anglaise de « Dimmu Borgir »… mais trêve de bavardages, à nous « Ylem ».

Dans la droite lignée de ce que nous propose Dark Fortress depuis bien des années, « Ylem » ne révolutionne pas le style du groupe. Du Dark Fortress pur jus dirais-je, à quelques détails près. Point de révolution, que nenni, mais une évolution évidente qui pourra marquer la discographie du groupe si les allemands continuent à exploiter plus avant ces quelques nouveautés sur lesquelles je reviendrais.
Mais tout d’abord, pour ce qui est de la forme, comme d’habitude Dark Fortress ne déroge pas à la règle et nous propose un album long et dense, un Black mélodique sirupeux et inspiré qui découle tout droit des « Eidolon » ou autres « Séance », avec un son massif et puissant. « Ylem » est cependant différent en cela qu’il ne dégage pas la même agressivité. Pourtant, sombre et agressif, « Ylem » l’est, mais d’une façon qui a évoluée. Tout est plus nuancé ici il me semble, et la noirceur inhérente au style devient plus suggérée par des ambiances viciées et autre mid tempos vicieux, la ou le prédécesseur « Eidolon » frappait à coup de double pédale et de furie Black Metal. Prenons un titre comme « Redivider », qui arrive à dégager quelque chose de profondément noir et menaçant sans user de la violence habituelle ; les riffs y sont galopants, le chant incantatoire et le mid tempo majoritaire, ajoutons à cela quelques menus arrangements, subtiles et bien vus, et vous avez en quelque sorte le Dark Fortress cuvée 2010.

Après ces quelques points évoqués, venons-en aux chocs de l’album, j’ai nommé « Evenfall » premièrement ; le morceau qui amène le changement avec ses lignes de chant clair. Un morceau qui est bien à l’image du petit virage pris par les allemands sur cet album, un virage qui sera très certainement marquant pour la suite si le groupe se plait à creuse l’idée, et qui donne à « Ylem » une légère saveur de renouvellement. Morean se lâche derrière son micro et explore, je dirais même innove, car l’arrivée du chant clair dans un groupe de Black Metal n’est pas anodine et ouvre une porte vers un style qui tend à s’élargir -ou alors je me fais vieux et j’y comprends plus rien…-. La première moitié de l’album est proche d’ « Eidolon », -pas grand-chose de neuf sous le soleil bavarois, ça pète comme d’habitude- mais à partir d’ « Evenfall » les choses évoluent doucement mais surement, et j’irais même jusqu’à dire qu’au Black mélodique auquel le groupe nous avait habitué, la fin de l’album tendrait vers un Black mélodique à tendance progressive, avec un morceau comme « The valley » qui, excepté le registre vocal, n’est pas loin d’atteindre la lourdeur d’un Celtic Frost dernière mouture -et en sachant que V. Santura à rejoint les rangs de Triptykon, ce n’est peut être pas un hasard- . Et pour terminer en beauté et enfoncer encore un peu plus le clou de la nouveauté, Dark Fortress nous offre le second choc de l’album avec un « Wraith » presque mélancolique, lent, en chant clair et pour le coup carrément progressif, avec des lignes de chant clair que l’on croirait sorties d’un morceau de Heavy des années 80 ! Bam ! Dark Fortress ose, et Dark Fortress ressort grandit de cet excellent morceau qui m’aura rappelé dans une certaine mesure (allez, j’ose !) Solitude Aeternus période « Adagio », principalement pour ce qu’il dégage. Un morceau magnifique, qui met la touche finale à cet excellent album et ouvre par la même occasion l’horizon musical du groupe d’une façon surprenante.

Un tel rendement, mais surtout une telle constance dans la qualité, ça se respecte. Voilà d’ores et déjà un album qui aura certainement son mot à dire au moment des référendums de fin d’année.

Sheol (09/10)

www.darkfortress.org

www.facebook.com/officialdarkfortress

Century Media / 2009

Tracklist (70:16 mn): 1. Ylem 2. As the world keels over 3. Osiris 4. Silence 5. Evenfall 6. Redivider 7. Satan Bled 8. Hirudineans 9. Nemesis 10. The valley 11. Wraith

 

Crematory – Infinity

CREMATORY_-_InfinityJe dois avouer avoir eu pendant longtemps un à priori très négatif concernant les allemands de CREMATORY. Il faut dire, quel nom ! Dans le genre "classe", c'est digne des meilleurs groupes de Grind préférés de nos amis Patate et Castor. Après 17 ans de carrière, on comprend que les teutons préfèrent le conserver mais vu leur orientation musicale depuis 4 ou 5 albums maintenant je ne peux m'empêcher de penser que cela est contre-productif sur le long terme et freine la découverte de cette musique par un nouveau public. Surtout que le changement aurais-pu avoir lieu lors du split du groupe de 2001 à 2003. Bref, revenons à nos moutons et concentrons nous sur la cuvée 2010 avec "Infinity"

Nos amis teutons auraient pu inscrire la formule latine "ne varietur" (afin qu'il n'y soit rien changé) à "Pray" et l'envoyer au label. Le line-up est le même et surtout la musique ne varie pas d'un iota. Ils ont donc rentrés début 2009 aux Kohlekeller Studios avec Kristian “Kohle” Kohlmannslehner qui s'était déjà chargé des albums précédents “Revolution”, “Klagebilder” et “Pray”. Pas de raison de changer, CREMATORY a toujours bénéficié d'une solide production. Les allemands ont alors enregistré un album dans la veine des opus cités ci-dessus. No surprise, business as usual:
Gros riffs de guitares, lourdes rythmiques, nappes de claviers omniprésentes, alternance chant clair et grunts. Les chansons sont assez simples, construites autour d'une mélodie basique et  facilement mémorisable. CREMATORY a su faire preuve d'un grand talent pour écrire des chansons imparables avec des thèmes musicaux soignés permettant de headbanguer immédiatement. D'habitude, la chanson donnant son titre à l'album arrache tout. Le titre "Infinity" suit parfaitement la recette éprouvée mais il tombe un peu plat, avec un son bourrin et une mélodie plutôt brouillonne. "Sense of Time" rattrape le coup avec une super intro aux claviers, un chant plus varié et une énergie revigorante. Ouf, on est rassuré !

Après ces deux titres, la machine CREMATORY atteint sa vitesse de croisière et régale les amateurs de gothic métal/électroniques/ambiant/indus… Cet "Infinity" confirme l'orientation adoptée par le groupe depuis “Klagebilder”. On conserve une approche très mélodique avec une touche électro marquée mais on alourdit le débat avec un chant et des riffs plus lourds et agressifs. On découvre même une ballade "Broken Halo" très sympathique, à la guitare sèche, avec moultes cordes… Comme quoi, quand on veut, on peut surprendre. Well done guys ! Signalons la belle reprise du "Black Celebration" de DEPECHE MODE, très proche de l'original mais ce titre convient parfaitement à l'univers de CREMATORY. 
   
Pour conclure, j'ose (à peine) citer notre dictateur poilu bien aimé (Gloire à lui): "A défaut d'expérimenter, CREMATORY s'est attaché à l'essentiel et il faut bien l'admettre, les compos atteignent leur but systématiquement". Personnellement, j'en redemande !

Oshyrya (08/10)

www.crematory.de

www.facebook.com/CREMATORY

myspace.com/crematorymusic

Massacre Records / 2010

Tracklist (46:26 mn): 01. Infinity 02. Sense of Time 03. Out of Mind 04. Black Celebration 05. Never Look Back 06. Broken Halo 07. Where Are You Now 08. A Story About… 09. No one Knows 10. Auf der Flucht