Archive for mars, 2010

Borknagar – Universal

Oshy_-_20032010_-_BorkC’est avant tout sous le signe du mouvement que se place ce nouvel album de Borknagar, le premier signé chez les excellents Indie Recordings. Mouvement dans un premier temps parce qu’une fois de plus le line-up du groupe se voit renouvelé, avec le départ d’Asgeir Mickelson, remplacé par David Kinkade (Malevolent Creation) à la batterie -et il envoie le boulet le bougre !- et le retour de Jens F. Ryland à la guitare. Mouvement dans un second temps, parce que « Universal » risque de vous donner une forte envie de bouger la tête en cadence.

Malgré ces changements récurrents dans le line-up, Borknagar tient bon la barre, et reste égal à lui-même depuis maintenant huit albums, c'est-à-dire dans le haut du panier du Black norvégien –n’oublions pas que les prédécesseurs de Vintersorg derrière le micro n’étaient autre que Garm et ICS Vortex, soit deux des chanteurs le plus talentueux de la dernière décade. Bref, ces quelques remarques étant faites passons au plus important : « Universal » qui marque finalement le retour de Borknagar à ses premières amours Black Metal six ans après « Epic » (« Origin » étant un album à part dans la discographie du groupe, évoluant dans un registre purement Folk).

Well, pour ne pas faire durer le suspens plus longtemps, sachez que le temps ou Borknagar sortira un mauvais album n’est pas encore venu. Nous nous retrouvons face à un groupe efficace et sur de lui, même si il est désormais quelque peu prévisible par certains de ses aspects. Borknagar n’en reste pas moins l’un des fleurons du Black prog/mélodique, et conjugue avec toujours autant de maitrise puissance, douceur mélodique, et hargne typiquement Black Metal. « Origin » nous montrait un visage intimiste du groupe – n’ayant d’ailleurs pas plu à tout le monde -, qui revient ici à une musique puissante et racée. « Universal » est une parfaite mixture de Black norvégien typique, de Black mélodique et de progressif, à base de chant clair, de Folk, et de légères sonorités seventies (merci à l’orgue Hammond qui fait toujours son petit effet). Le travail est soigné, homogène et technique, et même s’il laisse peu de place à l’originalité, il n’en reste pas moins convaincant et très agréable, proposant des nuances, avec de nombreux breaks mélodiques et d’autres douceurs instrumentales. On pense parfois à Arcturus -ICS Vortex joue d’ailleurs les guest sur « My domain »-. Borknagar à cette caractéristique d’être un groupe capable de finesse au sein même de morceaux brutaux, et ce n’est pas donné à tout le monde, soyons honnête.

Ce huitième rassemble en quelque sorte les éléments qui ont donné sa personnalité à Borknagar depuis 1995, avec une forte propension à l’épique. Bien produit, bien écrit et surtout très riche -voire difficile à assimiler en seulement quelques écoutes-, « Universal » se place assurément dans le haut de la discographie du groupe, même s’il n’en est pas le meilleur album.

Sheol (07.5/10)

borknagar.com

www.facebook.com/borknagarofficial

Indie Recordings / 2010

Tracklist (46:54 mn) 1. Havoc 2. Reason 3. The stir of seasons 4. For a thousand year to come 5. Abrasion tide 6. Fleshflower 7. Worldwide 8. My domain

 

Aborted – Coronary Reconstruction

Oshy_10032010_-_AborPas content, le Svencho ! Bon, en même temps, faut le comprendre : un dernier album qui n’avait pas véritablement fait mouche chez les fans (perso, j’avais aimé le double effet Kiss Cool de Strychnine, la brutalité et le poil de mélodie qui fait passer le tout) et une évolution qui en dérangeait plus d’un, notamment avec la nouvelle « identité visuelle » du groupe. Faut dire que ça chambrait sec, hein, avec les t-shirts blancs aux motifs fluo gerboulade, j’imagine bien Lars Petrov, l’année passée au Neurotic, se pointer au stand Aborted et demander « un modèle taille 6 ans, c’est pour mon mouflet, il veut se la jouer king de la cour de récré ». Alors, à un certain moment, notre ami Sven, il en a eu marre. « Du passé, faisons table rase », le line-up complet passe à la trappe (et ça pile avant les fêtes, n’a-t-il donc pas de cœur, notre Svencho ?), Sven parle d’un retour au bon vieux Aborted, période Goremaggedon, et il annonce directement les remplaçants : « À la gratte ? Des membres de Whorecore et d’Abigail Willliams, et j’ai aussi repris le bassiste de mon autre groupe, System Divide ».

Bon, ça rigolait encore tout doucement dans les chaumières : – « C’est avec ces zicos-là que tu comptes faire revivre ce bon vieux Aborted des débuts ? Et à la batterie, tu vas coller qui ? Le méchu d’Attack Attack ? » – « Non, j’avais pensé à une vieille connaissance… Dirk ». Là, directement, les sourires narquois ont laissé place à des regards ébahis…

Dirk Verbeuren, de retour ? Les choses s’annonçaient finalement plutôt bien ! C’est donc avec une grande impatience que j’ai attendu la sortie de ce Coronary Reconstruction, et dès la première écoute, le constat était flagrant : oui, Aborted fait à nouveau du Aborted comme il le faisait si bien à l’époque de Goremaggedon. Le titre éponyme, qui ouvre cet EP, met immédiatement les choses au point et colle une bonne claque à tous ceux qui avaient pu penser, l’espace d’un instant, qu’Aborted les avait « trahis » en faisant évoluer leur son sur leurs derniers efforts… et ce n’est qu’un début ! « From A Tepid Whiff », « Grime » et « A Cadaverous Dissertation » enchaînent sans temps mort et renouent avec la tradition des morceaux pied au plancher. Dirk livre une prestation démente derrière les fûts, prouvant par la même occasion qu’il fait bien partie des batteurs les plus doués dans le genre, les nouveaux musiciens s’intègrent parfaitement au sein du combo et Sven, seul maître à bord, retrouve sa rage d’antan, nous livrant une prestation excellente et variée.

Seule ombre au tableau : la reprise de « Left Hand Path » du Père Petrov à la sauce Svencho… Était-ce vraiment nécessaire ? Personnellement, j’aurais préféré une cinquième nouvelle compo plutôt qu’une reprise, mais bon, les goûts et les couleurs… Au final, on ne peut que se réjouir de ce nouvel EP et croiser les doigts pour que leur prochain album soit aussi dévastateur !

Mister Patate (08/10)

Site Officiel : www.goremageddon.be

Myspace Officiel : www.myspace.com/abortedmetal

Century Media / 2010

Tracklist : 1. Coronary Reconstruction 2. From a Tepid Whiff 3. Grime 4. A Cadaverous Dissertation 5. Left Hand Path

 

At The Soundawn – Shifting

At-the-soundawn-ShiftingC’est un vrai voyage à mi chemin du Post-Rock et du Post-Metal que nous proposent les italiens de At the soundawn pour ce second album, un voyage en première classe, jalonné de paysages émotionnels et introspectifs, de mélodies aériennes et éthérées, mais aussi de sursauts typiquement Post-Core, saturés et somme toute plus convenus.

Néanmoins, avec une forte prépondérance de la dimension ambiante, Shifting est l’album parfait pour tripper et se laisser emporter, léger comme une plume, dans des développements progressifs qui rappellent parfois Sigur Ros sur les passages les plus « fragiles », et qui laissent place avec un naturel déconcertant à des passages saturés, ou la basse vrombit et le chant clair tirant légèrement sur l’émo se fait plus puissant, plus enragé, rejoignant par la même occasion les maitres du style (Isis, Neurosis…). C’est là tout le charme de Shifting, qui allie à la perfection puissance et fragilité, guitares saturées et lignes de saxophone, basse vrombissante et percussions caressantes.

Avec ce nouvel album le groupe se démarque, tire son épingle du jeu et démontre une maturité impressionnante dans la composition, ainsi qu’une maitrise indéniable du sujet. L’évolution par rapport au premier album Red square : we come in waves sorti en 2006 est évidente : At the soundawn a affiné son style et s’est clairement éloigné de ses influences, affirmant par la même occasion sa personnalité et apportant une touche de fraicheur dans un paysage Post-Rock déjà bien balisé. Les compos sont plus longues, plus « subtiles » et ne dégagent pas la même atmosphère ni les mêmes émotions : Shifting est réellement un album riche et attachant, plus posé et plus aérien dans l’ensemble, et surtout moins conventionnel que son prédécesseur, mais il est aussi bien plus « mélancolique » et introspectif, malgré les passages plus rentre dedans.

Shifting est un excellent album d’un groupe encore peu connu, qui démontre ici qu’il à tout pour plaire et pour se faire sa place, chose qui ne saurait tarder

Sheol (08.5/10)

myspace.com/atthesoundawn

Lifeforce Records / 2010

Tracklist (45:41) :1. Mudra: in acceptance and regret 2. 7th moon 3. Caofedian 4. Drifting lights 5. Black waves 6. Hades 7. Prometheus bring us the fire