« Ca crie pas assez, ya pas de tripaille, ca fait appelle a une part de ton esprit qui est en sommeil depuis que tu écoutes plus de berceuses pour t'endormir ». Ce brave Sheol croyait qu’il allait m’avoir comme ça, que j’allais laisser passer la dernière sortie de Cynic.
Car autant le dire tout de suite, bien que les compos dépassent allègrement les 4 minutes en moyenne, on est loin d’avoir un full-length dans les mains. Ceci dit, on a quand même droit à un EP à l’artwork soigné. Présentant une sorte d’ange ailé à plusieurs bras (c’est très abstrait hein, il s’agit en fait du même « ange » que sur la pochette de Traced in the Air, mais présenté ici comme une esquisse), le livret est à l’image de la musique de Cynic : très bien fait, soigné qui reste sobre. Sheol n’avait cependant pas tout à fait tort : c’est à mille lieues de ce que j’écoute d’habitude : pas de blast beat, pas de beugleur de l’enfer, pas d’envolées de guitares (sauf peut-être sur « Wheels Within Wheels »), pas de riffs BAM-dans-ta-gueule. Cependant, à voir l’évolution des membres de Cynic, ce n’est pas anormal. En effet, après s’être formé en 1987 pour sortir un seul album (après quatre démos certes) tendance death en 1993 avant de splitter en 1994, ils formèrent Gordian Knot en 1998, un groupe instrumental de prog. Il n’est donc pas étonnant de retrouver sur cet ep, sorti deux ans après Traced in the Air (sorti deux ans après la reformation de Cynic en 2006) ce côté prog et ces ambiances planantes.
Cependant, on y trouve un côté robotique de la voix (qui doit sans doute passer par une pléthore de filtres ou autres programmes de déformation). Je ne sais pas d’où vient cette tendance actuelle de retravailler à ce point les voix mais ce qui est sûr, c’est que ça ne sonne pas vraiment naturel. Ce qui est bien dommage quand on voit le travail accompli au niveau des compos et de leurs structures. Alternant des passages purement « samplés » ou les vrais instruments semblent presque absents à des passages plus raffinés encore niveau instruments, les compos sont rarement lassantes, même pour un fan de brutal death. Même si les quatre premières chansons sont en fait des reprises (j’aurais tendance à dire même des simplifications de compos présentes sur Traced in the Air – même les titres ont été « raccourcis »), cela est tellement éloigné des versions originales qu’il est difficile de les comparer.
J’avoue mettre laisser aller à écouter et surtout à apprécier le travail de Cynic. Cela n’a certes rien de très « metal » au sens pur et dur du terme mais le groupe a le mérite de persévérer dans sa quête de l’originalité et surtout de proposer quelque chose de cohérent, qui ne part pas (trop) dans dix mille directions pour au final se perdre et (plus grave) perdre ses fans. A l’instar de l’artwork « simplifié » par rapport à l’album précédent, Cynic retourne dans ses cartons chercher de vieilles compos et les « simplifie » pour proposer cet EP très prenant. Attention, il serait cependant faux de croire que cet EP est un exercice simple, une sorte dispensable, il mérite une attention toute particulière. Car au milieu de ces reprises se trouve une compo originale, « Wheels Within Wheels » qui est déjà plus fouillée et moins « simple » que le reste. Un aperçu du prochain album à venir peut-être ?
Une galette peut-être pas taillée pour moi de prime abord selon ce brave Sheol mais je pense surtout qu’il voulait se garder cet album plein de qualités pour lui. Il avait raison de jeter son dévolu sur cet album car s’il a su me convaincre du bien-fondé de ce style de musique que l’on appelle fusion (car le décrire serait trop fastidieux), il saura convaincre un nombre énorme de gens.
Supercastor (08/10)
Season of Mist – 2010
Tracklist (23:09) : 1. Space 2. Evolutionary 3. King 4. Integral 5. Wheels Within Wheels