Archive for juin, 2010

Ananke – Diary Of An Illusion

Oshy_-_26062010_-_AnanDans l'ombre, sans faire de bruit, à l'écart, la scène métal underground italienne continue son chemin. Les groupes émergent et disparaissent dans l'indifférence générale. Je dois avouer avoir toujours eu un faible pour ces formations courageuses qui font beaucoup avec peu et qui apportent bien souvent un vent de fraicheur salvateur. Les amateurs de mélodies transalpines connaissent forcément le label Underground Symphony qui édite le premier album d'ANANKE: Diary of Illusion.

Dès les premières minutes, les pourfendeurs de cette scène italienne vont s'y donner à cœur joie: chant très très aigu, production faiblarde et omniprésence des claviers. On est loin des chœurs mâles et guerriers des HAMMERFALL et autres SABATON. Un peu à l'image de Midnight, le regretté vocaliste de CRIMSON GLORY, Riccardo Minicucci n'hésite pas à aller chercher les notes les plus élevées. Cela pourrait en énerver plus d'un… Les connaisseurs remarqueront des ressemblances frappantes avec Daniel Reda de PANDAEMONIUM. 
Musicalement, ANANKE propose un bon power-metal des familles, gorgé de nappes et claviers et cela n'est pas pour me déplaire. Les deux guitaristes ne sont pas en reste et proposent de solides rythmiques et quelques soli bien sentis. Les compositions sont dans l'ensemble mid-tempo et, sans être toutes transcendantes, aucune fausse note n'est à signaler. L'ambiance mystérieuse de «Trick Of The Eye» fait merveille, le côté épique de «Black Courtains» m'a laissé sous le charme…

J'ai déjà eu l'occasion de la préciser mais malheureusement la production reste encore une fois le talon d'Achille de cet album. Je rêverais de pouvoir découvrir par exemple certains albums de SKYLARK (Divine Gates 1 et 2) avec un son puissant digne des productions allemandes ou scandinaves. Là cela aurait de la gueule. Ce disque a été enregistré avec, on le devine, de petits moyens aux Elnor Studios par Mattia Stancioiu (LABYRINTH, VISION DIVINE) et cela égratigne parfois un peu les oreilles. Enfin, disons que cela fait partie du charme de l'underground italien. Un bon disque qui nécessite cependant une certaine indulgence et une bonne ouverture d'esprit de la part de l'auditeur bienveillant.

Vous pouvez vous procurer cet album sur le site internet du label ici.

Oshyrya (07/10)

Site Officiel: www.ananke.it

MySpace Officiel:  www.myspace.com/anankeit

Underground Symphony Records / 2010

Tracklist
01. Trick Of The Eye (7:08) 02. Rebel Runner (1:37) 03. Exile (6:25) 04. Black Courtains (3:49) 05. On Nothingness (5:23) 06. The Game (4:10) 07. Labyrinth (4:31) 08. Red Eyes (6:08) 09. Anathema (6:51) 10. Return To Life (6:12) 11. Forever (4:20) Bonus track 12. S-Excalibur (5:13) Ghost track

 

 

Metallica – Kill’em All

A l’origine supposé s’appeler « Fuck Them All », Kill’em All s’il est le premier album de Metallica, n’est pas la première réalisation du groupe, comme expliqué dans notre dossier.

Mustaine tout juste évincé pour un tas de raisons sur lesquels il est inutile de (re)venir polémiquer, laisse place au formidable Kirk Hammet et le nouveau line-up en profite donc pour enfanter « the » album, celui qui tue, celui qui renverra chez leurs mamans Judas Priest, Motorhead, Saxon et autre Venom, la fine fleur metallique de l’époque. En une poignée de notes, la vie des metalleux de l’époque (alors encore appelés « hardos ») va basculer. Celle de la musique avec.

S’il est difficile aujourd’hui (2010) de se rendre compte de l’impact d’un tel album, il y a deux solutions pour y remédier : premièrement, écouter ce qui se faisait à l’époque puis passer Kill’em All. Faites le test avec un album de Saxon ou de Motorhead, écoutez les en entier, puis passez cette merveille qu’est Kill’em All.

Qu’a donc cet album de si neuf ? Rien de moins que tout !

C’est pas une claque qu’on prend, c’est un baobab propulsé à la vitesse d’un TGV poursuivi comme l’enfer par Hetfield, déjà guitariste énorme, soutenu par une basse on ne peut plus solide, une batterie d’une puissance rarement égalée a cette époque, et de soli de guitares joués a une vitesse inouïe.

Deuxièmement, il « suffit » de lire les comptes rendus des gens de l’époque, pas un metalleux en 1983 n’avait entendu pareil déferlement musical, à l’exception des musiciens et des fans de ce qu’on appellera plus tard la « Thrash Bay Area ». Car il faut dès ici casser un mythe : « Kill’em All » est sans doute le premier « vrai » album Thrash de l’histoire, mais il ne l’a pas inventé pour autant, car à l’époque Exodus (d’où à d’ailleurs été « emprunté » Kirk), Slayer… tournaient déjà dans les club californiens. Mais c’est par une suite de concours de circonstances, et surtout d’un volonté sans faille de ces musiciens, que Metallica a su en premier s’imposer à la face, d’abord des metalleux, ensuite du monde. Qu’a donc cet album de si neuf ? Rien de moins que tout ! Vitesse, puissance, chants, solos de guitares ET de basse (!), batterie lourde… La liste pourrait encore continuer en matière de superlatif.

L’artwork est on ne peut plus explicatif sur ce qui vous attends : vous allez le prendre en pleine gueule, et ça va faire mal ! Si ça peux faire ricaner les p’tits jeunots aujourd’hui, aux oreilles dépucelées par le death ou le metalcore, tout ces groupes ne seraient rien aujourd’hui si en 1983 une bande d’adolescents boutonneux n’avaient eu envie de jouer vite et de crier a la place de chanter…

Cette bande, que tout le monde connaît aujourd’hui sous le nom de Metallica, s’est imposée avec cet album comme le fer de lance de cette nouvelle génération de métal « made in 80’s », non seulement grâce a un album sorti avant tout le monde, mais aussi grâce a un maîtrise technique que peu avaient à l’époque, et qu’encore moins auront avec l’évolution du groupe dans les années qui suivront.

Les pièces du dossier, titre après titre

L’album s’ouvre sur « Hit the Light », pour certains, ce n’était pas une nouveauté, puisqu’il été déjà sorti sur la compilation désormais mythique « Metal Massacre », ainsi que sur la démo « No Life Til Leather » mais ici, le son est meilleur, car réenregistré pour l’album. Classique encore jouée aujourd’hui et qui a systématiquement ouvert tous les shows du groupe pendant des années.

Intro fade-in, le riff du morceau ouvre un grand cri « WAW » d’Hetfield avant que tout le reste de la bande ouvre en grand les manettes. A cet instant, les mecs qui découvraient ça en 1983 ne devaient pas en croire leurs oreilles. Le refrain est taillé sur mesure pour être hurlé par la foule en concert, a peine terminé, il se fait suivre par un pont sous forme de mini solis d’Hammet, le couplet reprend, re-break, cassure de rythmique « hit the light, hit the light, hit the light », le jeune Hetfield hurle a plein poumon sa voix rauque, break batterie, ça repart… 2 minutes plus tard, re-break (encore !), ça se calme…on fait quelques emprunt d’accords à Queen (hé ouais !), et, dans ce qui deviendra typiquement du Metallica, la chanson repart de plus belle, sublimée encore par un solo du tout jeune Kirk, histoire de finir le morceau… Ouf. Ces structures, déjà élaborées, sans déjà avoir la complexité que l'on verra venir plus tard, deviendront avec le temps la marque de fabrique d’un groupe flirtant sans cesse avec le rock progressif, surtout avec l’influence grandissante de Cliff Burton (qui fera exploser son talent sur «Master of Puppet » quelques années plus tard, juste avant son décès tragique).

« The Four Horsemen » suit d’emblée en calmant peut-être un peu le jeu. Certains préféreront la version plus musclée que nous laissera Megadeth à travers « The Mecanix » (Mustaine étant en grande partie compositeur du morceau, il partira avec lors de son éviction forcée). Sans doute Cliff Burton posant sur ce morceau une ligne de basse démente de groove, d’ingéniosité, de technique (quartes, quintes, arpèges, progressions-ce démarrage a 3min45 est magique, harmoniques, … tout y passe) permet à mon sens de dire que la version de Metallica, si moins puissante et moins rageante que celle de Megadeth, reste un cran au dessus. Hetfield, qui « change » de voix sur chaque album (chose que je n’arrive toujours pas à expliquer, au delà de l’âge et de la technique, quelqu’un ne connaissant absolument pas le groupe jurerais à l’écoute des différents albums qu’ils y a au moins 3 chanteurs), est toujours aussi agressif.  La reprise de violence juste avant 3 min permet d’entendre a grand cris de « Death, Delivrance for you, For sure, There is nothing you can do » toute la hargne, pour ne pas dire la haine, du groupe envers Mustaine, puisque c’est bien de la guerre Metallica-Megadeth dont il s’agit dans ces paroles.

Après moults changements d’accords, de tempos, de breaks, le groupe met un point d’honneur à terminer le morceau dans un rythme martial au bout de … 7 minutes ! Autre marque de fabrique du groupe, avec les cassures et les structures : la longueur des morceaux.

Avec « Motorbreath », Metallica écris l’un de ses titres les plus rapides. A grand coup de roulements en intro, puis de sorte de pré-blast accompagnés aux cymbales (le jeu très typique de Lars), Cliff et James envoient un gros riff hyper véloces, tandis qu’une fois de plus, Hammet ponctue le tout de soli rapides comme le vent. En « seulement » 3min08, c’est l’un des morceaux les plus hargneux mais aussi l’un des plus court de l’album, voir de l’histoire de Metallica.

« Jump in the Fire » n’est pas/plus du Thrash à proprement parler, c’est plus du Heavy « classique » à la sauce Metallica, avec surtout, un refrain imparable en live « So come on, Jump in the Fire ». Si Metallica va se construire assez vite une réputation de bête de scène, c’est en partie grâce a ces morceaux dont les refrains simples (mais pas simplistes) restaient en tête et permettaient a tout à chacun, anglophone ou non, de chanter (hurler ?) d’un bout a l’autre du concert.

Le temps de remettre ses cordes vocales de ces émotions que débarque un véritable ovni, à ma connaissance encore jamais égalé dans le metal, j’ai nommé « Anesthesia (Pulling Teeth) ». Héroïque morceau de basse, dont seule la batterie entre à la moitié, devenu mythique, la plupart (tous ?) des bassistes ayant un quelconque attrait pour le métal s’y sont cassé la tête, a défaut des doigts. Gorgé de distorsion, de wha-wha, de technique, le morceau impose non seulement le respect, mais aussi une marque de fabrique pour le bassiste, en plus du groupe, et fait partie intégrante de l’identité de l’album. « Kill’em All ? Ah oui, l’album avec le long solo de basse… ».

Le premier single que Metallica va sortir de son histoire, est « Whisplash » est un pur produit Thrash, ni plus, ni moins. Hetfield fait l’étalage de son talent de guitariste, tout comme Hammet (bien que sur cet album, celui-ci, pour citer les membres du groupe repris dans la biographie de Joel McIver « faisait plus preuve d’enthousiasme que de réelle maîtrise », mais a mon goût, il signe sur « Whisplash l’un de ces meilleurs soli, avec  celui qui commence « No Remorse »).

« Phantom Lord » puis surtout « No Remorse », qui d’ailleurs flirte avec la vitesse atteinte sur « Whisplash » justement (sur la fin du morceau), se font fait images d’Epinal de la hargne atteinte sur l’album. Le solo de Kirk en intro de « No Remorse » est peut-être « bourré de fausses notes » pour citer l’un de mes amis guitaristes, il n’en est pas moins d’une férocité défiant tout concurrence pour l’époque, et que dire du chant d’Hetfield…La batterie de Lars, à défaut d’être un modèle de technique (quoi que, il se défend bien à plusieurs moments), reste d’une puissance de frappe qui fera sa principale caractéristique avec le temps et marquera du fer rouge la puissance que distille tout au long de l’écoute l’album « Kill’em All ».

Pour finir en beauté, Metallica nous envoie « Seek And Destroy », le morceau sans doute le plus joué par le groupe (y a-t-il seulement un concert ou les Met’s ne l’on pas interpreté ?), avec un refrain ultra connu par 98% du public en concert (j’offre les pourcents restant a ceux venus assister à une bête de foire, ça arrive, ou peut-être aux quelques kids venant fraîchement de découvrir « le monstre »). Ensuite, « Metal Militia », écrit par Mustaine également, achève tout le monde dans un grand bordel faisant passer Metallica et ses fans pour une armée en marche prête à tout faire peter sur son passage.

Avec un album pareil, Metallica n’était pas venu pour amuser la galerie, mais pour mettre un grand coup de pied dans le monde du Heavy Metal, et ça sera chose fait.

Il y a un avant et un après Kill’em All, pour citer Fisher de Celtic Frost (repris dans Que justice soit faite ! de Joel McIver, page 198) : « […] ils faisaient une musique unique, et Kill’em All a représenté une véritable innovation. Avec cet album, ils ont changé les règles du jour au lendemain ».

Que la messe soit dite, et que le métal extrême fasse sa grande entrée, Amen.

Poney (culte) 

 

Site Officiel

Myspace Officiel 

Megaforce / 1983

Tracklist : 01. Hit The Lights, 02. The Four Horsemen, 03. Motorbreath, 04. Jump In The Fire, 05. Anesthesia, 06. Whiplash, 07. Phantom Lord, 08. No Remorse, 09. Seek & Destroy, 10. Metal Militia

blackness-stimulationA chercher quelque part entre Thrash, Death ou Power, Blackness débarque avec un album tout en puissance et énergie. Loin des dictats de la mode actuel qui déferle dans le métal (si si, vous savez, les trucs subissant le suffixe –core), Blackness semble débarqué de nulle part pour envoyer tout ça se faire foutre, avec un grand cris aux lèvres pour faire ce que le metal fait de mieux et ce pourquoi on l’aime : une musique rapide, avec une once de violence, une louche de technique par-dessus tout (ces soli de guitares !), une batterie lourde prête à faire concurrence aux orgues de Staline, une basse qui vous claque au nez comme la baffe que vous prenez quand vous sifflez une donzelle en rue (celle qui, au final, fait du bien), deux guitares aussi a l’aise dans les rythmiques thrash, que les solis, que le gros heavy lourd qui tabasse, sans oublier les harmoniques sifflées à la Zack Wylde, le tout gorgé de pédale wha-wha,  un chant rageur histoire de porter le tout, et boum…
Je pourrais presque m’arrêter la, pourquoi aller plus loin ?
Parce que tout n’est pas dit ! Parce que Blackness, ce n’est pas qu’un concentré de ce que la musique Heavy a fait de plus … heavy, non, Blackness, c’est aussi une pointe de douceur (le piano sur « Retribution » qui, loin de tomber comme un cheveu dans la soupe, sublime le morceau). Parce que, c’est aussi un sérieux clin d’œil au Hard Rock (version burnée quand même) tel qu’on l’a connu fin 70’s début 80’s (« Bark At The Moon », logique puisque reprise d’Ozzy). Et surtout parce Blackness prouve haut la main qu’en 2010, on peut encore fait du Thrash sans pour autant faire du « old school » trop classique à l’image d’un Evil –au hasard-(et pourtant, ceux qui me connaissent savent combien je peux adorer ce groupe) avec l’impression parfois amère en bouche d’avoir un recyclage de Slayer ou Metallica. 
Rien de ça ici, du bon métal comme on l’aime, oui, mais difficile de pointer du doigt un groupe pour le citer en influence tant la musique est riche, tout en restant paradoxalement sobre : simplicité, efficacité (avec un grand « E ») mais surtout pas la pale copie d’un groupe ou d’un style établi. Ni vraiment européen, ni vraiment américain, le groupe lyonnais (oui, c’est français, d’aucuns se plaignent de la qualité a priori médiocre du métal d’Outre Quievrain, mais force est de constater quand la constellation des petits groupes, s’illuminent de belles étoiles…) avance son Thrash tambour battant, prêt a casser la baraque !
Et je le redis, ça marche…savourons cet album, sorti 8 ans ( !) depuis le second et dernier méfait en date du groupe, groupe culte s’il en est dans sa région.
Thrash’em All !

Poney (08.5/10)
 

Manitou – Pervade Productions / 2010

Tracklist (41:15) : 01.The Battle Rages On 02.Where Fear And Silence Prevail 03.G.T.H. (Go To Hell) 04.Retribution 05.Bark At The Moon (reprise Ozzy Osbourne) 06.Shadownzero 07.Chain Lighting 08.The House Down Below 09.Perfect Hatred 10.Nobody Listens 11.Die With A Smile