Archive for juillet, 2010

Que vient faire un disque live d'Alan Parsons sur les rivages de Metalchroniques ? Le disque d'Alan Parsons peut sembler complè-tement égaré sur le site tant l'on sait que le compositeur/producteur n'a jamais, au grand jamais, flirté avec le hard rock. Toutefois, Alan Parsons Project a touché, à une époque, au rock progressif malgré l'orientation rock/pop/électro globalement dominante du combo à deux têtes. Et malgré une optique musicale généralement dépouillée et des formats de chanson assez compacts, les volontés d'expérimentation, notamment sonore, ont caractérisé une majorité des disques d'Alan Parsons Project, tout particulièrement les premiers opus (I Robot ou Tales Of Mystery & Imagination). Cela explique peut-être le fait que Frontiers ait signé Alan Parsons, alors que les horizons du label napolitain relèvent plutôt de l'AOR, du sleaze ou du hard mélodique. 

Ne boudons pas notre plaisir puisque Alan Parsons livre ici une prestation de très bonne qualité. Certes Eric Woolfson a déserté les rangs depuis bientôt depuis vingt ans et Alan Parsons a pris en charge 80 % des parties chantées tout en s'entourant d'un backband très solide bien que constitué de personnalités médiocrement connues. Même si la voix de Parsons – déjà présente sporadiquement sur certains albums d'Alan Parsons Project – est moins riche de nuances que celle de Woolfson, elle joue très bien son office. Par ailleurs, la plupart des musiciens sont capables de prendre le micro sur ce Eye 2 Eye Live in Madrid avec succès. 

Quant à la setlist, les connaisseurs remarqueront qu'elle contient quasiment tous les hits du groupe (et ils furent nombreux dans les années 80), dont évidemment « Don't Answer Me », « Damned If I Do » avec son clavier toujours aussi pompeux, et inévitablement le classique « Sirius/Eye In The Sky » dont l'intro fera frissonner la plupart d'entre vous. Les aspects progressifs de la musique d'Alan Parsons sont peu représentés ici au détriment des titres les plus pops. On ne se délectera d'autant plus de la présence de « The Raven » (intégré à « Breakdown »), de la fine ballade « Time » et évidemment de « The System Of Dr Tarr And Professor Fether », et on déplorera qu'Alan Parsons n'ait pas cherché à allonger ses titres en concert et permis à ses musiciens quelques explorations un peu novatrices. Remarquons que les conditions du live ont légèrement alourdi la musique d'Alan Parsons qui se montre parfois ici plus rock que d'habitude (« Psychobabble » est plus vigoureux tout comme « Game People Play ») ; peu le regretteront.

Au final, ce live n'amène rien de neuf à une carrière riche de plus d'une trentaine d'années de succès musicaux et commerciaux. Il s'écoutera avec plaisir parmi les amateurs. Les curieux, habitués avant tout aux productions souvent un peu trop formatées de Frontiers, devraient se pencher dessus avec plus d'intérêt.  Et peut-être aller jeter un œil à tout ça sur scène en juin, à l'Olympia, malgré le prix de la place quasiment indécent. 

Baptiste [8/10]

 

Site Officiel

Frontiers / 2010

Tracklist (60:13) : 01. I Robot 02. Can't take It With You 03. Don't Answer Me 04. Breakdown/The Raven 05. Time 06. Psychobabble 07. I Wouldn't Want To Be Like You 08. Damned if I Do 09. More Lost Without You 10. Don't Let It Show 11. Prime Time 12. Sirius/Eye In The Sky 13. The System Of DR Tarr And Professor Fether 14. Games People Play

Yoso – Elements

Yoso avait tout pour me déplaire… En effet les supergroupes ont très souvent mauvaise réputation dans le monde du rock (à la différence du jazz), souffrant d'a priori très forts et de la suspicion de relever entièrement d'une démarche commerciale. Et il est vrai que les supergroupes mis sur pied par le label napolitain Frontiers n'ont pas souvent permis de lever tous ces soupçons. Ici, le super groupe intitulé « Yoso » en hommage à Yes et à Toto, et constitué de Bobby Kimball (Toto), Billy Sherwood et Tony Kaye (ex Yes), vise à capitaliser sur la popularité des deux groupes précités alors que Toto se reforme pour une unique tournée en soutien à Mike Porcaro et que Yes semble bel et bien avoir évincé le pourtant inamovible Jon Anderson.

L'actualité instable des deux groupes incitera sans doute les fans des deux groupes à s'intéresser à cette union symbolisé par un nom associant les deux noms de Toto et de Yes. Mais la musique proposée maintient-elle cette filiation tant en terme de qualité que d'orientation musicale ? 

Oui et non. En effet la voix de Bobby Kimball reste toujours identifiable ; par ailleurs elle s'avère en très bonne condition sur ce disque ce qui surprendra agréablement les amateurs de Toto ayant pu déplorer des prestations moyennes de Kimball récemment. De facto la voix mais aussi une optique très AOR/west coast rapprochent beaucoup la musique de Yoso de celle de Toto et l'on peut assurer que certains titres tels « Walk Away » ou « The New Revolution » n'aurait pas dépareillé sur Fahrenheit ou Seventh One.

Cette orientation très West Coast exclut toutefois une certaine fougue et l'on ne trouvera pas de grand hits ou de titres très mémorables, même si la qualité de composition est indéniable. On peut même dire qu'un titre de la qualité comme « Yoso » s'avère bien supérieur à ce qu'a pu composer Yes ou Toto récemment. Quant à l'influence de Yes – si influence il y a –, elle est plutôt à chercher dans l'époque 90125 ou Big Generator. Il n'y a bien que « Return To Yesterday » qui lorgne vers un format musical réellement ambitieux, même si nous sommes très loin de la technicité virtuose du rock progressif et que le morceau manque de relief. 

Au final, Yoso apparaît comme un drôle de phénomène mixant certaines influences mais réussissant à les absorber dans un ensemble assez original. De même, l'inspiration se tient à un bon niveau globalement sans vraiment transcender l'ensemble. Mais le projet a une certaine personnalité ce qui n'est pas négligeable. 

Baptiste (7/10)

 

PS : l'album est proposé avec un deuxième disque qui reproduit un concert de Yoso interprétant évidemment ses chansons mais aussi certains classiques de Yes et de Toto. Le tout n'est pas génialissime, du fait notamment de la faiblesse des guitares mais s'écoute avec plaisir. En outre, Bobby Kimball y chante très bien.

 

 

Frontiers / 2010

Tracklist (53:01) : 1 Yoso 2. Path To Your Heart  3. Where You’ll Stay 4. Walk Away 5. The New Revolution 6. To Seek The Truth 7. Only One 8. Close The Curtain 9. Won’t End Tonight 10. Come This Far 11. Time To Get Up 12. Return To Yesterday