Archive for mars, 2011

Altar Of Plagues – Mammal

AltOfPlaMM032011C’est un album délicat à aborder que voila: se contenter d’une écoute pour se faire un avis serait une grosse erreur, car Mammal est le genre d’albums qui se dévoilent sur la longueur et qui demandent un effort particulier de la part de l’auditeur. Le décrire n’est d’ailleurs pas plus évident que l’apprivoiser, car Altar of Plagues démontre une personnalité complexe qui se ressent dans sa musique, et qui donne à son Black Metal des allures polymorphes difficilement saisissable. Black Metal n’est d’ailleurs pas à prendre dans son sens le plus strict. On va dire que la base est indéniablement Black, mais qu’en lorgnant vers l’ambiant, l’atmosphérique et même légèrement le Doom, elle s’est étirée, s’est ouverte, à élargie son champ d’action tout en se nuançant. Il s’agit donc d’un Black Metal à prendre avec des pincettes car il est ouvert et très nuancé.

Les irlandais n’hésitent pas un seul instant à proposer des compositions très longues (plus de 18 minutes pour la plus longue, environ 9 minutes pour la plus courte) avec des ambiances très travaillées. Sur ce point Mammal est particulièrement réussi, car les ambiances valent le détour et sont, elles aussi, très nuancées, sombres et oppressantes, voire foutrement bizarre et dépaysantes par moments (l’excellent duo « When the sun drowns in the ocean » / « All life converges to some center» est le point paroxystique de l’album et en même temps le plus improbable et le plus hypnotisant). La musique d’Altar Of Plagues se démarque également par une lenteur prépondérante : il n’y a finalement que peu de violence pure et dure sur cet album, et les quelques accélérations ou vocaux typiques du Black sont sporadiques et minoritaires dans l’ensemble, l’intérêt de l’album ne ressort pas de ces passages là.

Mammal est avant tout un album que l’auditeur ressent, vit, plus qu’il ne le subit comme ceux d’un registre Black Metal violent qui assènent leur noirceur à coup de hurlements ou de blast beats. C’est aussi en partie pour cela qu’il s’adresse avant tout, selon moi, à ceux qui aiment également le Black atmosphérique ou ambiant, ou encore le Black progressif. Les fans inconditionnels d’un Brutal Black à la suédoise n’y trouveront donc pas leur compte, car Mammal prend son temps pour se déployer : les ingrédients de base ne sont pas la brutalité, la vélocité ou encore la misanthropie. Au contraire, Altar Of Plagues arrive à accrocher l’auditeur avec des compos vicieusement longues et hypnotiques dont certains passages particulièrement redondants font penser à du Blut Aus Nord, d’autres à du Xasthur, mais toujours d’assez loin. Le groupe à en effet sa personnalité, et sa propre façon d’aborder le Black Metal, qui donne à un tel album un goût vraiment particulier, qui frôle parfois le Post Metal (Cf. « Feather and bone »).

Mammal est un album original, profond et varié, qu’il faut aborder avec précaution : si vous arrivez à y entrer, vous risquez d’avoir du mal à en sortir tant il est prenant. Voilà un groupe dont l’approche sort des sentiers battus, gardons-le à l’œil.

Sheol (07.5/10)

 www.altarofplagues.com 

 www.facebook.com/altarofplagues

 myspace.com/altarofplagues

Candlelight Records / 2011

Tracklist (52min) :
1.Neptune is Dead 2.Feather and Bone 3.When the Sun Drowns in the Ocean 4.All Life Converges to Some Center

 

oshy_21032011_Across_the_SQue vous connaissiez ou pas Across The Sun, il suffira d’une seule écoute de ce premier full length du groupe pour se faire une idée déjà bien arrêtée quant au potentiel du groupe : il est énorme. Ce premier album des américains est en effet d’une telle fluidité et d’une telle fraicheur qu’on ne peut qu’être intéressé par les compos, même si au départ rien dans le style du groupe ne laissait augurer un quelconque regain d’intérêt.

Before The Night Takes Us est en effet un album assez complexe à aborder, car il donne légèrement l’impression de manger à tous les râteliers. Mais ce qui fait passer la pilule, c’est qu’il le fait bien. Très bien même. Across The Sun semble avoir bâti son style sur une sorte de mélange des styles extrêmes dans leur frange mélodique : vous trouverez donc ici et là du Thrash mélodique, du Heavy, du Death mélodique, une lichette de Power Metal et une propension indéniable à donner une dimension orchestrale aux compos avec des arrangements assez bien foutus. Rajoutons qu’au chant clair prépondérant viennent se greffer sur certains passages des vocaux Deathcore, ou plutôt agressifs et aigus. Diversité est le maitre mot de l’album, vous l’aurez compris.

Et le tout est balancé avec une telle maitrise qu’on en reste assez interloqué. Vélocité, technique, plans inattendus…le niveau est élevé et les musiciens semblent être des touches à tout. L’album comporte une facette versatile qui est néanmoins quelque peu déstabilisante : les plans s’enchainent rapidement et malgré la fluidité de l’ensemble il est parfois difficile de suivre le glissement d’un style à un autre. Pourtant, le tout passe plutôt bien et ne lasse pas, même s’il peut sembler légèrement pompeux voire un peu gnangnan sur certains arrangements. En faisant attention on pourra même aisément déconstruire la musique du groupe pour remarquer ensuite qu’il n’y a rien d’original dedans et qu’il ne s’agit que d’une sorte d’assemblage de styles et de plans déjà entendus ici et là. Rien d’original en effet, mais on va dire que la sauce est bien homogène malgré tout, et que l’auditeur se laisse facilement prendre au jeu car la mixture est faite avec intelligence et talent. 

En plus, pour s’ouvrir à un maximum de gens, chez Across The Sun c’est un peu comme chez Casto, il y a tout ce qu’il faut. Les amateurs de gros son y trouveront leur compte, de même que les amateurs de petites gâteries techniques et de menues branlettes de manche. Et le champ d’action des américains est tellement large que ceux qui aiment le Metal orchestral avec une dimension progressive ne seront pas mis de côté. Bref, il y a du gros riff, de la batterie qui frappe fort et qui n’hésite pas à faire parler la double, du solo bien mélodique et rapide, du clavier pompeux, des refrains qui restent en tête et plein de petites douceurs techniques un peu partout. Le tout est emballé dans une prod moderne et puissante, qui donne aux compos un aspect propre sur elles.

Même si je ne suis pas fan de ce genre de mixtures en général, je dois avouer qu’Across The Sun ne m’a pas laissé indifférent. Pour un premier album, le groupe frappe fort. Même si Before The Night Takes Us n’aura pas le privilège de tourner tous les jours dans ma playlist ou de figurer dans mon top dix annuel, il dégage une sacrée énergie, fourmille de bonnes intentions et vous fera passer à coup sur un bon moment si vous vous donnez la peine d’aller au-delà de vos préjugés. A découvrir ! 

Sheol (07/10)

www.myspace.com/acrossthesun

Metal Blade Records / 2011

Tracklist (40 mn)
1. Tipping the scales 2. Song for the hopeless 3. Seasons 4. Descent and discovery 5. Ghost of grandeur 6. Before the night takes us 7. A moment of clarity 8. Blessing in disguise 9. In the face of adversity 10. Belay my judgement

 

livret_accordeon_8_pages_exterieurJe vais être honnête, une pochette aussi…riche en couleur, ne me dit rien qui vaille au premier abord, et si j’avais à croiser cet album par hasard, un jour, parmi tant d’autres, un vieux réflexe peut être stupide mais tenace ferait que je le mettrais de côté immédiatement sans lui accorder le moindre intérêt. Et hop, au gnouf ! Bon, c’est évidemment un réflexe à la con qui pourrait éventuellement me faire passer à côté de bonnes surprises, je l’admets…mais que voulez vous, on ne se refait pas !

On dit bien que l’habit ne fait pas le moine. Mais dans le cas de Caligula les petits malins qui s’amusent à parsemer à tout va leurs propos de phrases toutes faites de ce type, n’auront plus qu’à se les carrer bien profond dans le tuyau et à admettre que cette galette se porte en faux. Hé oui, faut bien admettre que la pochette de cette première autoprod des belges fait l’effet d’un gros fouillis, qui est bien à l’image de la musique de Caligula, qui s’amuse à mixer un peu tout et n’importe quoi avec comme résultat des compos méli mélo. Le style est donc indéfinissable, mais les influences restent discernables, car le tout est assez bien organisé malgré les apparences. Caligula est tout à fait le genre de groupe qui met le feu en live lors des soirées arrosées entre potes. Par contre sur album, il faut être dans le mood sous peine de passer direct à autre chose. Il y a clairement une dimension festive et humoristique dans la personnalité des belges, qui ne semblent pas se prendre au sérieux et qui pourtant n’hésitent pas à durcir le propos plutôt sérieusement en utilisant par exemple des lignes de chant growlé et des rythmiques solides. Mais pour l’ensemble, l’ambiance, et le fond, la tenue exigée pour apprécier un tel album se nomme second degré…ou nez rouge, c’est selon. En ce qui me concerne j’ai de l’humour donc ça passe plus ou moins, mais je me lasse très vite de ce genre d’album. Une ou deux écoutes suffisent, plus c’est l’overdose.

Je n’irais donc pas jusqu’à dire que j’ai pris du plaisir à écouter Not Too Short To Be Great, tout simplement parce que je n’aime pas quand ça part dans tous les sens et je suis assez peu adepte des groupes qui mixent tout et n’importe quoi et qui passent du coq à l’âne en un quart de seconde. J’ai l’impression dans ces cas là que le groupe gâche son potentiel et j’ai tendance à chercher une ligne directrice, que je n’ai pas trouvé ici. Mais cela ne regarde que moi. Par contre, il s’agit d’un album qui m’a bien fait sourire et qui démontre un potentiel indéniable. Si le groupe voulait être sérieux et s’éclater dans un style plus couillu, il le pourrait sans aucune difficulté, car musicalement ça se tient et je dirais même que les bases sont solides. Nous avons en fait affaire à une sorte d’Ultra Vomit belge, le côté grosse prod et publicité tape à l’œil en moins. A la décharge du groupe, je rajouterais que pour une autoproduction cette galette est fort bien montée : le son est tout de même propre et assez puissant, et les instruments sont assez clairement identifiables. Du bon travail donc, qui ne peut qu’être loué, au-delà de toute attirance pour la personnalité du groupe.

A défaut d’être aisément étiquettable, la musique de Caligula aura, entre autres, le mérite d’être assez divertissante, mais jusqu’à un certain point seulement car ce « divertissant » rimera également très vite avec « lassant », je l’ai appris à mes dépends.

Sheol (05.5/10)

www.caligulabelgium.com

myspace.com/caligulabelgium

www.facebook.com/caligulabelgium

Autoproduction / 2011

Tracklist (31:23 mn) 1. Everyone sucks but us 2. Bitte gedulden Sie sich einen Augenblick! 3. Rackham the red 4. Thrashing puppies 5. Per qualche euros in plu 6. Hard rock and roll 7. Threatened by your slip 8. The great supervillain