Archive for mars, 2011

Bloodiest – Descent

4pnl_folderRelapse nous enchante en sortant ce premier album des américains (Chicago) Bloodiest, mais ne nous rend pas la tâche facile à nous autres chroniqueurs, qui essayons par tous les moyens de catégoriser tout ce que l’on écoute même sans le vouloir, ne serait-ce que par monomanie…hinhin (rire jaune…). Tout ça pour dire que Descent est vraiment très bon, mais que je ne serais pas foutu de dire de quel style de musique il s’agit. 

« Super, il se décrédibilise d’entrée de jeu ce connard de chroniqueur ! Encore un bas du front puant aux cheveux sales qui y connait rien ! »

Les presque quarante minutes que dure cette originale galette nous mettent en effet face à un groupe dont la personnalité est pour le moins atypique et difficile à décrire tant elle est insaisissable. Bloodiest s’amuse -mais très sérieusement, bien entendu- à jouer avec les contrastes : du mur de son bien épais au passage fragile et mélodieux, Descent repose indéniablement sur des bases solides mais bien diluées par l’adjonction d’un esprit carrément psychédélique, voire mystique, et tant qu'on y est, psychédélico-mystique. Alors que l’album s’ouvre sur un « Fallen » se rapprochant d’une sorte de Stoner/Doom hypnotisant et borderline, la suite nous amène vers un enchainement « Coh »-« Pastures » tout simplement génial et carrément différent de ce qui a précédé. « Coh » nous donne l’impression d’assister au délire hallucinogène d’un iroquois utilisant son calumet de la paix à des fins illicites, seul sous son tepee, et se prolonge avec un « Pastures » atmosphérique, très doux, enrobé de quelques effets sur la voix et de loops mélodiques répétés encore et encore, alors que les percussions martèlent en toute tranquillité une rythmique hypnotisante et progressive, allant crescendo de pair avec les vocaux… planant, il n’y a pas d’autre mots, vraiment planant. On imagine un chanteur sous substances, possédé et a deux doigts de la transe… Voilà, trois morceaux seulement, et l’auditeur est déjà perdu. Intrigué, que dis-je, hypnotisé, mais aussi perdu car sans repères stylistiques. 

« Euh…s’cusez, c’est quel style déjà, ce groupe ??? »

La suite, avec le morceau fleuve de l’album, un « Dead inside » de plus de onze minutes, sera une sorte de condensé de ce qui a été vu précédemment : Bloodiest reste borderline, et nous propose une compo progressive, planante et tendue en même temps, assise sur des rythmiques profondes et répétitives et sur un chant clair presque possédé, avec une basse qui ronronne, et des guitares qui restent faussement calmes. Un piano vient apporter de la profondeur à ces minutes angoissantes qui donneraient presque à l’auditeur l’impression d’avoir eu affaire à une version apache d’un Tool animé par un esprit psyché des années 70, et en plein trip cow-boy contre indiens sous fond de Stoner…et il ne restera plus que le piano et la batterie pour étirer encore cette compo jusqu’à ce que le silence vienne reprendre ses droits, naturellement.

« Euh re-s’cusez moi…j’ai rien compris au délire du chroniqueur là… »

Moi non plus gamin, moi non plus je comprends rien à ce que j’écris… C’est peut être parce qu’il est difficile de décrire tout ça en s’appuyant sur des repères connus sans passer pour un fumeur de ganja. Il est plus question de sensations et de projection… Pensez à Las Vegas Parano et aux délires d’un Johnny Deep raide défoncé… En me relisant je me dis que ce papier me donne un faux air de camé, mais écoutez Descent et vous m’en direz des nouvelles : j’ai pendant quarante minutes l’impression délirante que Bloodiest à des accointances avec des indiens metalleux et hippie (bordel, foutu mélange !), et à composé cette galette dans une tente de sudation, en plein trip mystico-religieux. 

Faudrait vraiment que j’essaie d’écouter cet album en mastiquant du peyotl moi, ou en léchant un crapaud magique…Je décerne en tout cas à Bloodiest la palme de l’album le plus psychotrope de cette charmante année 2011. Foutrement trippant.

Sheol (08.5/10)

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myspace.com/bloodiestband

Relapse Records / 2011

Tracklist (38 mn) 1. Fallen 2. Coh 3. Pastures 4. Dead inside 5. Slave rule 6. Obituary

 

oshy_05032011_CruachaAutant vous le dire tout de suite, quand Cruachan est apparu dans la liste d'artistes à chroniquer, mon sang de Breton n'a fait qu'un tour. Ce groupe est un des rares formation d'origine celtique à m'intéresser. Et pour le coup, j'ai presque eu peur que le groupe s'enfonce dans les méandres d'une mode « pagan » qui au final est assez puante. Mais bon, les Irlandais ne sont pas nés de la dernière pluie et pratiquent ce style depuis 1994… Donc, on ne pourra pas les qualifier d'opportunisme, loin de là.

« Blood on the Black Robe » est donc le sixième effort de cette formation Irlandaise qui ne démérite pas et reste fidèle à ses valeurs. C'est donc après une intro pompeuse (« To War ») que commence ce nouvel opus. Malgré cela, ça démarre plutôt bien avec ce « I am warrior », morceau très entêtant. La faute à une mélodie au violon qui se grave automatiquement dans le cerveau. Essayez, c'est imparable et la suite est du même acabit. « The Column » est épique et bien brutal, « Thy Kingdom Come » est rapide à souhait et « Brian Boru's March» nous emmène avec fouge du coté des falaises Irlandaises. Notons que ce morceau possède un riff puissant à la Iron Maiden , ce qui ne gâche rien.

Le groupe de Keith"Fay"O'Fathaigh réussit donc, l'exploit de ne pas ennuyer avec cet opus qui présente un metal pagan solide et de bon acabit. Ici, on réussit à être black metal quand il faut, épique au bon moment et terriblement heavy dans l'âme. Notons aussi ce violon, jamais envahissant, qui se trouve être bien plus qu'un gimmick et réussit réellement à enrichir les différentes compositions de cet album. Ces différentes caractéristiques font de Cruachan un groupe très cohérent. Cohérence, chose dont bien des formations déguisés en troubadours de seconde zone (Korpiklaani ?) devraient acquérir pour ne pas faire crever cette scène folk metal. Et si Cruachan continue à faire des albums aussi qualitatifs, cela ne risque pas d'arriver tout de suite.

Nico (07.5/10)

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Candelight records / 2011

Tracklist (58:01) 1.To War 2.I Am Warrior 3.The Column 4.Thy Kingdom Gone 5.An Bean Sidhe 6.Blood On The Black Robe 7.Primeval Odium 8.The Voyage Of Bran 9.Brian Boru’s March 10.Pagan Hate 11.The Nine Year War

 

oshy_05032011_AubeAube L. arrive avec un troisième album intitulé Souls To The Wind, d’une densité et d’une authenticité énorme. Cet album expérimental, atmosphérique, post-rock rappelle The Young Gods, Björk, parfois même Bowie dans les teintes musicales. 
Cet album est d’une tristesse à chialer, les ambiances sont tantôt légères et planantes mais jamais débordantes. Mené par Aube, auteure, compositrice et interprète. Voilà une prise de risque qui force le respect, ici un solide ancrage post rock permet à l’ensemble de faire émerger mystère et sorcellerie. La voix d’Aube est troublante, basse, triste mais souvent séduisante. 
Le disque ouvre sur « i don’t care » un titre évocateur qui annonce la désillusion dans laquelle la compositrice nous plonge. Rapidement l'auditeur est immergé dans des cryptes , à l'aide de samples, guitares, nappes en tout genre. Le chaos et les ruines psychiques de sa compositrice lézardent les mélodies sans aucunes concessions. Tout un programme ! Un titre comme « Tell Me » convoque certains relents punks à la fois massifs et directs. Puis un « Souls To The Wind » un des titres phares de l’album qui frise le rock gothique en imposant une patte très personnelle et confondante entre tristesse et mélancolie. Lorsque l’on se plonge dans l’univers d’Aube, on se rend compte que l’Artwork, le son, l’image et les concerts intimistes proposés par la chanteuse sont l’exemple d’une recette parfaitement maîtrisée qui propose d’installer au cœur de l’émotion interne de sa chanteuse, l’auditeur, afin d’enrichir cet univers.

L’album propose en outre des moments rocks avec « Black Moon » « I don't want to lives on the Knees » ou « A song for your love » ce qui évite à l’ensemble de se coltiner une étiquette gratinée de rock élitiste et impénétrables. Peut-être que ce disque aurait pu bénéficier d’un travail un peu moins synthétique autour d’un titre atmosphérique « I Don’t Care », le côté organique manque un peu, bien que le son d’ensemble, l’orchestration et le talent de composition d’Aube est tout à fait ficelé.

Cette voix lascive et pénétrante dessert une musique envoûtante et torturée qui devrait ravir les fans de gothique. Atypique donc.

Aske (08.5/10)

www.aubel.biz

www.myspace.com/aubelalvee

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Autoproduit / 2011

Tracklist (56 mn) 01. I don't care 02. Scary to be 03. Tell me 04. Black Moon 05. Souls to the Wind 06. Sense of Life 07. You're like a child 08. Don't love to Me 09. Strangers, we are Strangers 10. I don't want to lives on the Knees 11. Lifeplanner 12. A song for your love 13. Histoire d'une prison