Chroniquer un album d'Arch Enemy ce n'est vraiment pas une affaire simple qu'on torche entre deux apéros avec la horde de brutes wallonnes. Hélas non, c'est une séance qui nécessite un grand nombre d'écoutes attentives. C'est un impératif afin de pouvoir en déceler la substantifique moelle métallique, tant le groupe maitrise son propos et à, en l'espace d'une décennie, poussé au plus haut niveau ses standards pour produire ses compositions.
Pourtant, il serait aisé de flinguer l'apparente paresse intellectuelle des frères Amott, en taxant le manque d'inspiration de Khaos Legions par exemple. Ce serait un poil expéditif, et négliger le fait que le groupe propose une recette unique en son genre (la concurrence du même niveau ne se bouscule pas). Khaos Legions opére avant tout une synthèse entre les deux albums précédents, la tendance très mélodique de Rise Of The Tyrant, alliée à la brutalité mise en avant dans Doomsday Machine.
Et ce huitième album ne va pas décevoir les fans, après trois ans de longue attente, sans nouveau matériel digne de ce nom à se mettre entre les esgourdes (je fais volontairement l'impasse sur Root Of All Evil dont l'utilité demeure à ce jour très relative). D'emblée, le son est énorme, bonne nouvelle, la production est au poil. Comment pouvait il en être autrement avec le retour de Rickard Bengtsson aux manettes (rappelez vous, il s'était occupé du massif Doomsday…), sans oublier le fidèle Andy Sneap au mixage, garant de la signature sonore du groupe. Et ce premier point positif n'à rien de négligeable dans l'arsenal du groupe, cette fois la batterie n'a pas subi les outrages de l'album précédent (hé non je n'apprécie toujours pas la façon dont Fredrik Nordström s'en était occupé).
Angela et les garçons nous livrent un album efficace, certes sans (bonne ou mauvaise) surprise non plus diront les mauvaises langues. On retrouve la brutalité extrème de Doomsday Machine (« Bloddstained Cross » et « Cruelty Without Beauty » dépotent particulièrement). Cela dit en 15 ans d'existence, il est plus facile de renouveler sa garde robe que son stock de riffs. Il n'en demeure pas moins que les frères Amott font sonner leurs passages mélodiques comme personne et tabassent à coups de riffs thrash qui collent aux murs accompagnés d'une section rythmique implacable.
Aux vocalises, Angela n'en fait pas des tonnes. Ses textes demeurent dans la continuité de ce qu'elle écrit depuis Anthems Of Rebellion, un poil contre l'ordre établi qui saccage la planète. À défaut de faire du neuf, la routine est exécutée brillamment et efficacement. Arch Enemy use sans doute de vieilles ficelles, mais elles sont nombreuses, suffisamment accrocheuses et variées. Les fans devraient s'y retrouver sans peine. Les réfractaires en revanche ne pourront pas être convaincus, mais ça, ce n'est pas nouveau. Alors le manque d'inspiration de cet acabit, ça vaut assurément plus que le silence !
Hamster (08/10)
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Century Media Records / 2011
Tracklist : 1. Khaos Overture (instrumental) 2. Yesterday Is Dead and Gone 3. Bloodstained Cross 4. Under Black Flages We March 5. No Gods, No Masters 6. City of the Dead 7. Through The Eyes of a Raven 8. Cruelty Without Beauty 9. We Are A Godless Entity (instrumental) 10. Cult of Chaos 11. Thorns In My Flesh 12. Turn To Dust (instrumental) 13. Revenge Is Mine 14. Secrets