Archive for juin, 2011

Aosoth – III

Cradingue et foutrement malsain, Aosoth l’est depuis sa création. Mais il me semble qu’avec ce troisième album le groupe place la barre un cran au dessus en nous livrant son œuvre la plus noire et la moins accessible.

Ne serait-ce qu’au niveau de la production, le changement est indéniable : III est calibré pour un rendu d’une noirceur sans pareil et pour un son d’une violence insidieuse. Un cran dessus, disais-je. Aosoth nous propose là son œuvre la plus froide et la plus menaçante, un pavé monolithique implacable dont s’échappe invariablement une matière noire et visqueuse, sombre sudation d’un ensemble qui évoque l’abyme. Extrême, avec ce timbre de voix inimitable de MkM, qui enfonce encore le clou et qui renforce le malaise, avec ses vocaux d’une profondeur inhumaine, dégoulinant de haine et de mépris. Monstrueux.

La violence est ici palpable à tous les niveaux, et quand elle ne s’exprime pas par le biais de blast beats et de riffs véloces, elle le fait à l’aide de mid tempos vicieux et de riffs presque dissonants. L’ensemble est hermétique, cela va sans dire, et s’adresse avant tout aux initiés, à ceux qui connaissent déjà la bête, qui l’aiment, ou à ceux qui sont à la recherche d’œuvres d’une noirceur sans pareil. Il ne fait pas bon être pur et innocent quand on s’approche d’un tel album, auquel cas le poison serait insupportable. Non, il faut l’avoir déjà goûté, de façon à y être réceptif et préparé. Même le piano, qui est d’ordinaire un instrument noble et d’une beauté rare, prend ici un visage menaçant et lugubre (III)…Non décidemment, il n’y a rien dans cet album qui vous aidera, tout y est d’une froideur et d’un vice exceptionnel, tout y est fait dans le but de provoquer un sentiment de répulsion intense, auquel sera lié à chaque écoute, un sentiment d’attraction tout aussi intense, irrémédiablement. Si vous recherchez de la chaleur, des mélodies et des refrains fédérateurs, passez votre chemin, vous vous êtes égaré…Cet album s’adresse aux avides d’extrême.

Les ténèbres poisseuses vous tendent la main. Acceptez ce voyage, et laissez la noirceur s’insinuer en vous, aussi facilement qu’un scalpel dans votre chair.

Sheol (08/10)

Site officiel: http://www.myspace.com/aosoth616

2011, Agonia Records
Tracklist (45:54min) 1. I 2. II 3. III 4. IV 5. V 6. VI

The Poodles – Perfomocracy

J'avais dit plutôt du bien du récent live de The Poodles. Je vais en faire de même pour le deuxième album qu'il sorte, dans la foulée, chez Frontiers. Il faudrait être un esprit très chagrin (ou sectaire) pour débiner le hard mélodique des Suédois. Qui peut contester aux Poodles leur savoir-faire réel, la qualité de leur instrumentation et de leur production ? À moins de ne jurer que par les groupes de Black metal les plus caverneux des forêts suédoises, il faut reconnaître que les riffs – souvent assez heavy du groupe – sont parfaitement agencés et se marient très bien avec des refrains accrocheurs mais pas pour autant racoleurs.

Peut-être pas aussi inspiré que leur formidable premier album Metal Will Stand Tall, ce Perfomocracy tient très très bien la route et s'avère sans doute supérieur à Clash Of The Elements. Les amateurs se délecteront du premier single « I Want It All » ou du puissant « I Believe In You », reconnaîtront la qualité de l'utilisation des claviers sur « Cuts Like A Knife » et ne s'ennuieront pas au long d'un album constitué de pas moins de treize morceaux d'un format assez similaire. Les plus grincheurs remarqueront que The Poodles n'invente plus l'eau chaude depuis quelques temps et que la recette est un peu attendue. Ok, ils n'auront pas tort… mais vous dissuaderont-ils d'acheter cette nouvelle galette très roborative ?

Baptiste (6,5/10)

 

Site Officiel

Frontiers / 2011

Tracklist (56:47) : 01. I Want It All 02. Until Our Kingdom Falls 03. Father To A Son 04. I Believe In You 05. Cuts Like A Knife 06. As Time Is Passing 07. Love Is All 08. Your Time Is Now 09. Action ! 10. Bring Back The Night 11. Vampire's Call 12. Into The Quiet Night 13. Don’t Tell Me

Amplifier – The Octopus

oshy_19062011_AmplifiCinq ans après Insider, les mancuniens d’Amplifier sont de retour avec non pas un, mais deux albums d’un coup, pour plus de deux heures de musique ! The Octopus est en effet un projet un peu fou mené à bien par la bande de Sel Balamir, qui a choisi la voie de la totale indépendance pour venir à bout de ses ambitions et nous proposer un double album comme on en voit que trop rarement. Une prise de risque majeure dans la carrière du groupe, qui a tout assuré de a à z, de l’autoproduction à l’auto -distribution en passant par l’auto- gestion (Sel Balamir allant apparemment jusqu’à prendre lui-même les commandes d’album par e-mail).

Le travail effectué par le groupe avec The Octopus est tout bonnement impressionnant. C’est un long voyage que nous propose Amplifier, un voyage de plus de deux heures, surprenant, complexe et intriguant à la fois. Un voyage qui peut sembler un vrai labeur lors des premiers passages, difficile à assimiler, mais qui se dévoile peu à peu, que l’on découvre un peu plus à chaque écoute. Comment ensuite, ne pas rester coi par la prise de risque, par le courage, mais surtout par le talent de ces gars là ! Le travail de composition, la maitrise, et l’honnêteté qui se dégagent de l’ensemble forcent le respect. The Octopus demande certes du temps pour être assimilé (nombreux sont ceux qui lâcheront l’affaire après une première écoute laborieuse, fous, ils ne savent pas ce qu’ils loupent !) mais impressionne de plus en plus au fur et à mesure des écoutes, et se révèle être une œuvre indéniablement réussie de bout en bout. Du groove qui fait le lien avec le premier album éponyme de 2004 (« Interglacial Spell »), des ambiances travaillées -et réussies !- aux morceaux semblant plus expérimentaux, tout porte la griffe d’Amplifier, infalsifiable, originale, talentueuse.

The Octopus se démarque clairement des sorties actuelles non seulement par sa forme mais aussi par son fond, en nous proposant seize compositions d’une maturité et d’une richesse que l’on ne peut que respecter. Chaque titre possède sa propre identité, mais forme pourtant un ensemble homogène et indubitablement cohérent, mais en contrepartie complexe et subtil. C’est un Rock progressif pas si évident que ça à cerner dont il s’agit, qui lorgne constamment vers le Metal avec ces guitares lourdes et ce son massif qui sont la marque de fabrique du groupe. Pour enfoncer encore le clou de la complexité, Amplifier s’installe bien solidement à cheval entre modernité et héritage des seventies. Entre passages Pink Floydiens ou Post Rock bruitistes, les groupe balance, joue, et étire son registre, plus fort et plus addictif qu’il ne l’a jamais été. Qui d’entre vous peut prétendre avoir entendu un tel album récemment ? La réponse est évidente : The Octopus fait partie d’une espèce en voie de disparition, comme on en voit presque plus depuis les années 1970, justement. Une œuvre aboutie, qui fait le lien entre différents styles. Une œuvre jusqu’au-boutiste, qui aura nécessité cinq années de travail et trois phases d’enregistrement. La liberté, choisie à raison par Sel Balamir à bien évidemment un prix à payer : la patience. Mais le jeu en vaut la chandelle, ca valait la peine d’attendre. Aucune maison de disque n’aurait soutenue un tel projet, pas assez « bankable » voyez vous, il est donc heureux que le trio mancunien ai opté pour l’indépendance totale, au risque de porter toutes les casquettes nécessaires pour voir son œuvre se concrétiser.

J’ai envie de dire un grand bravo à Amplifier pour sa démarche et son courage, et surtout pour avoir sorti une œuvre comme on en trouve que trop rarement, dans cette époque ou le pognon est maitre et où les artistes voient souvent leurs inspirations jugulées faute de moyens. Chapeau bas, Sel Balamir and co. , vous avez sorti là une œuvre magistrale !

Sheol (09/10)

www.amplifiertheband.com 

amplifier.bandcamp.com/album/the-octopus-2

myspace.com/amplifiertheband

Replica Records / 2011

Tracklist (123:33 mn)
CD1: 58:31 1.The Runner  2. Minions Song  3. Interglacial Spell  4. The Wave  5. The Octopus  6. Planet Of Insects  7. White Horses At Sea // Utopian Daydream  8. Trading Dark Matter On The Stock Exchange 
CD2: 65:02 1. The Sick Rose  2. Interstellar  3. The Emperor  4. Golden Ratio  5. Fall Of The Empire  6. Bloodtest  7. Oscar Night // Embryo  8. Forever And More