Archive for août, 2011

Pendragon – Passion

Pendragon est en pleine métamorphose ; ce Passion permet de le démontrer. En effet, son prédécesseur Pure avait fait l'effet d'une claque auprès de nombreux fans habitués à un style clairement établi depuis The World (1991). Car en l'espace d'un album le groupe de Nick Barrett avait opéré un tournant majeur, modernisant clairement sa musique tout en la durcissant franchement. Même l'artwork classique du groupe, qui jusque là adoptait systématiquement des thématiques féériques et oniriques a été abandonné au profit d'illustrations composées de montage photo beaucoup plus sombres. 

Or avec ce Passion, Pendragon ne tourne pas la page de Pure mais enfonce le clou. L'écoute des loops de batterie à l'entame du titre d'ouverture puis du quasi growl de Barrett au chant pour lancer les parties chantées en renversera beaucoup. Certes Pendragon, n'a pas entièrement viré sa cutie et l'on trouve sur ce disque de nombreuses caractéristiques de la musique de Pendragon avec de belles parties de claviers (sur « Empathy » notamment), des solos cristallins et lyriques en diable (« This Green And Pleasant Land »), voire un titre franchement apaisé (« Your Black Heart » interprété au piano par Nick Barrett plus que jamais maître à bord du bateau). Mais l'ensemble est quand même dans la droite lignée de Pure, certains riffs heavy (le remarquable « Passion », « Feeding Frenzy » ou l'excellent « Skara Brae ») ne trompant pas. On remarquera que le changement de batteur au profit d'un Scott Higham très à l'aise dans un registre heavy technique se montre plus que jamais justifié. 

Malgré une inspiration un chouïa en-deça de celle de Pure, le tout reste hautement recommandable et sera un régal pour l'amateur de musique élaborée et puissante. Après plus de trente ans de carrière, il fallait oser opérer une mue pareille, alors qu'il aurait été tentant d'œuvrer dans un style qui garantissait à Pendragon une tranquille rente de situation jusqu'à la fin de sa carrière. Après les deux premiers disques (The Jewel et Kow Tow) qui voyaient un groupe en construction, puis deux décennies de The World jusqu'à Believe où le groupe avait adopté un progressif assez apaisé et élégant, une troisième ère tout aussi intéressante est donc ouverte pour Pendragon. Réjouissons-en nous.

Baptiste [8/10]

 

Site officiel

Snapper Music / 2011

Tracklist (54:44) : 1. Passion (5:28) 2. Empathy (11:21) 3. Feeding Frenzy (5:47) 4. This Green And Pleasant Land (13:14) 5. It's Just A Matter Of Not Getting Caught (4:41) 6. Skara Brae (7:32) 7. Your Black Heart (6:46)

oshy_13082011_CryptboCryptborn à beau être un groupe finlandais, il sonne comme ce que l’on fait de mieux en matière de Swedish Death Metal. La Suède, quel pays merveilleux ! Vraiment, le Death Metal là bas à une façon de sonner bien à lui, que l’on reconnait entre mille, et qu’une pléthore de groupe essaient aujourd’hui de copier. Sonner Swedish quand on fait du Death Metal, non seulement c’est aujourd’hui devenu une mode qui marche à plein régime, mais c’est aussi presque devenu un gage de qualité. 

Mais vous allez me dire que Cryptborn est finlandais, donc vous ne voyez pas pourquoi je perds mon temps à faire l’apologie de leurs voisins suédois. Et vous avez raison…en partie. Car Cryptborn, dans son style, n’a vraiment rien de finlandais. D’ailleurs si je ne m’étais pas renseigné sur le groupe avant d’entamer cette chronique, j’aurais mis ma main à couper que nos amis étaient suédois. Bref, laissons de côté les questions territoriales pour en venir à ce premier EP du groupe, je pense que vous avez compris ou je veux en venir ! In The Grasp of The Starving Dead est donc la première sortie de ce groupe fraichement formé qu’est Cryptborn (formation en 2010). Et bien qu’ils n’aient qu’un an au moment ou j’écris cette chronique, nos amis finlandais font du Death comme des vieux roublards ayant derrière eux une discographie bien complète. Le Death de Cryptborn est foutrement lourd, incroyablement gras, vraiment poisseux et morbide, mais aussi simpliste et diablement efficace. Imaginez un gros morceau de saindoux possédé par un esprit démoniaque…enfin pour être plus concret, imaginez plutôt la rencontre de Vomitory et de Disma…ca fait baver n’est-ce pas ?! Prenez Vomitory pour le son de gratte ultra lourd, gras et grésillant, et Disma pour les tempos revus à la baisse, le chant ultra guttural made in caveau putride, et l’identité clairement old school. Et tant qu’on y est, rajoutez une lichette de Tenebrarum pour le côté cradingue de l’ensemble.

Le résultat est sans hésitation une vraie réussite, et les suéd…euh les finlandais de Cryptborn nous proposent là un EP d’une efficacité imparable, qui donne envie de faire ses bagages et de s’installer dans un caveau humide. Bon dieu, y’a pas à dire, le gras c’est la vie !

Sheol (07.5/10)

www.facebook.com/Cryptborn

Dark Descent Records / Clawhammer PR

Tracklist (27 mn) 01. A Feast for the Grave (Intro) 02. Gift of Rotten Flesh 03. In the Grasp of the Starving Dead 04. A Nebulous Parting 05. Rotten Gates of Heaven 06. Never Perfect When You Die 07. Atonement From Hell

 

oshy_13082011_Clingin_to_the_TrVoilà une démo qui porte foutrement bien son nom. Visceral. En effet, on ne peut qu’opiner du chef à l’écoute du gros quart d’heure que nous propose les ricains de Clinging To The Trees Of A Forest Fire : si ça, ça ne vient pas des tripes, alors je n’y comprends plus rien…Bon après, ce qui vient des tripes n’est pas forcément synonyme de qualité. Prenez le vomi par exemple, ca vient de cette zone là, et ca reste bien dégueulasse tout de même. Bon, sans aller jusqu’à dire que Visceral l’est, je dois avouer que l’écouter m’a été plutôt désagréable. Et pourtant, je suis habitué à me prendre des décibels dans la tronche, et je trouve toujours quelque chose d’attirant, d’attrayant où d’intéressant dans les styles les plus extrêmes et les plus innommables, et dans les formes d’expressions les plus controversées. Et Pourtant, CTTTOAFF m’en a touché une sans faire bouger l’autre.

Le style du groupe est pourtant fait d’un mélange de choses que j’aime, comme du Death, du Grindcore, du Doom et du Metalcore, mais dans leurs versions les plus glauques et les plus lourdes. Le résultat est difficile à expliquer : un chant hurlé écorché, en pleine rupture, des gros riffs très lourds, très lents et foutrement gras, des larsens, des accélérations dévastatrices qui ressemblent à un beau foutoir, une tendance à rechercher la disharmonie et la dissonance, avec des arpèges oppressants (« Asthmatic »). Les compos ci-présentes forment un ensemble indéniablement noir de chez noir, violent et dérangeant. Pour ne pas dire désagréable. Mais c’est certainement le but recherché. C’est à peine si l’on retrouve un peu d’humanité là dedans, avec une apparition fugace d’une chose qui ressemble à du groove sur le riff d’ouverture de « Biracial ». Les compos sont également d’une froideur impressionnante. Bref, Visceral porte bien son titre je le répète, car il semble littéralement vomi par ses créateurs, comme un accès de haine incontrôlé et incontrôlable, comme quelque chose qui nous bouffe et qui doit à tout prix sortir, sous quelque forme que ce soit. Ici c’est la musique, ca aurait aussi pu être un furoncle. Un ignoble furoncle qui vous éclate en pleine face et qui répend sur votre peau vierge de tout défaut son infâme contenu.

Ceci s’adresse aux seuls initiés de la musique extrême, ceux qui fuient la mélodie, ont soif de noirceur et de violence et se délecte de hurlements sous fond de gros riffs bien gras. Bienvenu dans un cauchemar et bon appétit.

Sheol (05/10)

www.facebook.com/CTTTOAFF

Prosthetic Records / 2011

Tracklist (16:02 mn) 01. (Intro) instrumental 02. Lower Than Life, High as the Sky 03. Garbage 04. Special Education 05. Biracial 06. Asthmatic