À l’origine, Lulu est un projet allemand, la combinaison de deux pièces de théâtre du dramaturge Frank Wedekind. À l’époque déjà (la fin du XIXe siècle), Erdgeist et Die Büchse der Pandora avaient provoqué quelques remous (allant même jusqu’à l’interdiction des pièces en Allemagne), et ce de par la volonté de contestation de l’auteur. Ces deux pièces furent ensuite combinées par Alban Berg pour en faire un opéra intitulé Lulu. Aujourd’hui, c’est au tour du vétéran Lou Reed, flanqué pour l’occasion de Metallica, de remettre Lulu au goût du jour… et une fois de plus, Lulu risque de faire des vagues, mais pour d’autres raisons.
On a beau dire sur tous les tons que Lulu n’est pas le nouvel album de Metallica, qu’il s’agit d’une démarche différente, ce projet suscite tout de même des réactions épidermiques violentes, et pour cause : pendant 87 longues minutes, Metallica tourne en rond, comme un lion édenté dans une cage, et Lou Reed, son dompteur émoussé, lui fait exécuter encore et encore le même tour pitoyable. Sur 10 morceaux, aucun ne mérite réellement un compliment, à part celui de faire passer le nouvel album de The Haunted pour une expérimentation réussie. Les mots sont durs, d’aucuns se retrancheront derrière l’argument massue « vous ne comprenez pas la démarche artistique » pour défendre ce disque, mais rien ne peut justifier le moindre engouement pour Lulu. Le «chant» de Lou Reed est pénible, on croirait parfois assister à une discussion dans un bar avec un groupe instrumental qui joue dans le fond (1). Niveau musique, mis à part quelques riffs presque corrects, on retrouve un Metallica peu inspiré, balançant un riff en boucle et une rythmique lente (2). En bref, on s’emmerde. Honnêtement, j’en viens même à me demander comment ces deux monuments de la musique ont osé sortir un tel gâchis.
Ce qui nous avait été présenté comme le projet le plus excitant depuis des lustres n’est qu’un pétard mouillé. Plutôt que de perdre du temps en studio avec Lou Reed, Metallica aurait dû mettre les mains dans le cambouis et poursuivre sur la dynamique positive de Death Magnetic… peut-être aurions-nous pu alors espérer un disque digne d’intérêt.
Mister Patate (00/10)
(1) rendons à César ce qui appartient à César : j’ai lu cette comparaison sur le net et je l’ai trouvée tellement pertinente que je l’ai ajoutée ici.
(2) Remarquez, à ce rythme-là, Lars arrive à suivre et fait moins de pains.
Vertigo – Warner / 2011
Tracklist (87:05 mn) 01. Brandenburg Gate 02. The View 03. Pumping Blood 04. Mistress Dread 05. Iced Honey 06. Cheat on Me — 01. Frustration 02. Little Dog 03. Dragon 04. Junior Dad