Ten et son leader Gary Hughes laissaient les amateurs du combo de hard mélodique britannique sur une mauvaise impression d'essoufflement, notamment à la suite de quelques disques médiocres. Le départ de Vinnie Burn à la guitare au profit de remplaçants bien plus fades n'augurait rien de bon et l'on peut ainsi comprendre que Gary Hughes se fût tourner vers une carrière solo pourtant peu mirifique.
Pour ce nouveau disque, le groupe a cherché clairement à rectifier le tir et s'est appliqué : la production qui était devenue un point faible du groupe a été attribuée au renommé Dennis Ward et Gary Hughes a cherché clairement à placer haut la barre pour ses compositions. On constatera les gros efforts qui ont été fait sur ce dernier plan : seule une chanson descend sous la barre des cinq minutes, les autres adoptant plutôt un format long, entre 6 et 7 sept minutes. Les parties musicales sont nombreuses, les entremêlements de guitares et de claviers bien agencés et les refrains très soignés. Cela fait au final un très bon lot d'excellentes compositions qu'il faudrait être bien mesquin pour critiquer en bloc. Grosso modo, l'on se trouve, au niveau de l'inspiration, dans le sillage de Spellbound (album qui profitait lui aussi d'une pochette effecuée par Luis Royo) ou X, ce qui est plutôt flatteur.
Les plus étroits d'esprit trouveront tout ceci très daté, et il est vrai que la production de Dennis Ward – certes supérieure à ce que Ten nous avait habitué – ne modernise pas vraiment une musique à contrecourant des modes. Gary Hughes n'a jamais cherché à s'adapter au contexte musical des années actuelles et – à mon sens – cette obstination l'honore. Si un défaut peut bien être déniché c'est au niveau de la voix de Gary Hughes qui, bien qu'agréable et harmonieuse avec la musique proposée, manque toujours de puissance et de variation. L'homme compense par un gros travail au niveau des mélodies vocales et des chœurs (« Center Of My Universe », le somptueux « Book Of Secrets » ou « Love Song »). Dans tous les cas, sa voix fait partie intégrante de la musique de Ten et il faut l'admettre telle quelle. Et puis l'on sait que l'homme se moque des persiflages pour tracer sa propre route. Si c'est pour réaliser des disques à la manière de ce Stormwarning, qu'il continue.
Baptiste (8/10)
Frontiers / 2011
Tracklist (59:20) : 01. Endless Symphony 02. Centre Of My Universe 03. Kingdom Come 04. Book Of Secrets 05. Stormwarning 06. Invisible 07. Love Song 08. The Hourglass And The Landslide 09. Destiny 10. The Wave 11. The Darkness
Almah, au départ, est le projet solo d'Edu Falaschi, surtout connu pour être le chanteur d'Angra. S'y est ajouté le bassiste d'Angra, Felipe Andreoli, et divers autres: le « projet solo » est devenu un groupe à part entière. Leur album précédent, Fragile Equality, proposait un power/speed classique mais bien fait, avec qui avait parfois des sonorités bien agressives par rapport à ce qu'on entend habituellement dans le genre. Ce changement est totalement réalisé et assumé avec Motion: une prise de risque, étant donné leur « cible naturelle »… mais une prise de risque certainement payante.
Soyons clairs, cet album n'a pas grand chose de « power metal ». Ce qui ne l'empêche pas d'être très mélodique, très réfléchi, chaque chanson faisant défiler toute une suite de petits tableaux sous vos yeux. Avec beaucoup plus d'agressivité, dans la musique comme dans le chant d'Edu. C'est d'ailleurs étonnant de comparer ce qu'il fait sur cet album et ce ses prestations récentes avec Angra… dans de récentes interviews, il explique qu'il règne un mal-être énorme dans Angra en ce moment, et comme ses émotions influent beaucoup sur ses cordes vocales ça donne des résultats comme Aqua ou leurs derniers concerts… En soit je veux bien le croire, mais à ce point? Enfin, si Almah se décide à venir jouer par chez nous pourrons voir si cette affirmation peut être confirmée. Dans tous les cas sur cet album il est très, très bon. Les morceaux sont très directs (à l'écoute) tout en étant très complexes (pour qui voudrait se risquer à les jouer), et très riches émotionnellement : cet album est -très- réussi.
Motion peut être conseillé aux anciens fans de power-metal qui ont fini par se lasser du genre, aux fans de power qui savent apprécier autre chose que des montées en gamme supra rapides à la guitare, comme aux non fans de power qui aiment les trucs plus agressifs. La seule raison pour laquelle je ne leur mets pas une note supérieure est que certains passages sont quand même plus difficiles d'accès que d'autres, on sent les amateurs de prog… ça ne suffit définitivement pas à rendre les morceaux concernés indigestes, mais ça peut dérouter aux premières écoutes. Pour Almah, Motion est finalement un risque comme une bonne opération commerciale, tant l'album est réussi !
Polochon (08.5/10)
almah.com.br
AFM Records / 2011
Tracklist (44:12) :
01. Hypnotized 02. Living And Drifting 03. Days Of The New 04. Bullets On The Altar 05. Zombies Dictator 06. Trace Of Trait 07. Soul Alight 08. Late Night In '85 09. Daydream Lucidity 10. When And Why
Estampillé metalcore, les strasbourgeois d’All The Shelters déboulent en force avec un premier EP, très bien produit, un niveau technique très convainquant et des morceaux couillus, que dire de plus ?
Les six morceaux proposent un travail autour de tempi endiablés, tantôt rapides, tantôt mi tempo, mais toujours dans le ton, d’une musique qui allie l’aspect catchy du hardcore et la vélocité d’un In Flames / As I Lay Dying. Encore une fois, il s’agit d’un premier essai, et la qualité de production, tant au niveau du disque que du visuel est à la hauteur d’album du même acabit dans le registre metalcore.
La hargne et la fougue du premier titre « Agora » a le mérite de se doubler d’une cohérence technique ( mention spéciale pour la batterie qui nous gratifie de très beaux patterns) qui n’étouffe pas l’ensemble. Des titres comme « Reach » ou « Always An Exit » proposent des plans très bien éxécutés et une voix exigeante qui ne verse pas trop dans le côté « bubble gum » et fait la part belle à des nappes hurlées qui s’installent très justement dans les mélodies.
On regrette peut être que le disque soit sur la même teinte, sans proposer un morceau qui se démarque nettement du reste, bref, une expérimentation un peu plus hasardeuse à la Hatebreed ou Mnemic, d’autant plus que le niveau général permet très largement ce genre d’exercice.
Ce disque est un excellent préambule à un album. La suite devrait confirmer le talent des Strasbourgeois.
Aske (08/10)
alltheshelters.com
myspace.com/alltheshelters
Autoproduction / 2011
Tracklist (23 mn) : 01. Agora 02. When The Light Turns on 03. Reach 04. Hours 05. We Came For Party 06. Always An Exit
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Chroniques, Démos