Voici venu le temps du nouvel album pour Aube L, et le moins que l‘on puisse dire c’est que celle-ci n’a pas chômé (le dernier disque remonte à 2010). Réalisation plus aboutie dans sa dimension trip hop et new wave avec des relents métalliques, très appréciables, lorsqu’ils se laissent dérouler dans des bruitages opaques et ténébreux, à la façon d’un Cathedral.
Globalement le disque est très homogène. Il est composé de douze titres, d’une durée honnête ( pas plus de 4’ 30 ) On retrouve deux types de morceaux : ceux ayant un format atmosphérique, ambiants et pénétrés par la voix si particulière d’Aube ; et ceux s’articulent autour d’une dimension plus « classique ». Alors entendons nous tout de suite, sur ce qui vient d’être proposé, les morceaux n’ont rien à voir avec la soupe qui se diffuse en radio.
Ici on navigue entre des schémas rock et wave . Jugez plutôt : « Kiss Me» « they can’t save you » proposent de sobres respirations fortifiées par un chant haut et bas auquel on osera attribuer le qualificatif « doom ». Un titre comme « Just Something Simple » affirme la direction artistique du projet en montrant la possibilité de voix féminines évanescentes qui trouvent leur assiette dans une réalisation accrocheuse pop quoique sauvage et indiscutablement mélodique.
Des titres comme « Love » et « let me go » révèlent un côté plus explosif qui donnent à l’ensemble, à travers des moments noise/ambient, la possibilité de nouveaux horizons.
La musique D’Aube n’est pas qu’une musique contemplative, mais s’appuie sur l’utilisation de l’espace sonore au sein duquel des cris déchirants et captivants capte l’attention de l’auditeur.
Réalisation aboutie et généreuse, on a hâte d’entendre le résultat dans une salle adéquat, qui permettra à l’artiste de parachever son travail.
Aske (08/10)
www.aubel.biz
www.myspace.com/aubelalvee
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Autoproduction / 2011
Tracklist (45 mn) 01. Something Simple 02. Love 030. They Can't Save You 04. Kiss Me 05. Watch 06. You Have To Grow Fast 07. We Never Walk Alone 08. It's time to change 09. Let Me Go 10. I Am 11. Give Us Freedom Now 12. Just Something Simple
Les membres de JOLLY n'ont peur de rien et ont une ambition démesurée: révolutionner la musique en ne proposant pas un simple album mais une expérience auditive thérapeutique menée selon un protocole scientifique qu'ils affirment rigoureux. Je ne suis pas à même de juger si cela est sérieux mais The Audio Guide to Happiness (Part 1) développe le concept de battement binaural. En gros, et pour pomper joyeusement wikipedia, le battement binaural ou son binaural est un artéfact de traitement auditif, c'est-à-dire des sons apparents, dont la perception apparaît dans le cerveau indépendamment de stimulus physiques. L'intérêt est que ces battements binauraux pourraient influencer le cerveau de manière subtile, par le biais de l'entraînement de la pensée et pourraient être utilisés pour la relaxation ou d'autres bienfaits pour la santé (faits non-prouvés). A la lumière de ces informations, JOLLY propose donc un outil de recherche du bonheur (jolly en anglais) en 4 phases. En voici la première partie qui met en œuvre les deux premières étapes. Il s'agit peut-être d'un fatras pseudo-scientifique à la c.. l'essentiel reste la musique. La chronique de ce disque reste un beau challenge tant il est difficile de mettre JOLLY dans des catégories. Ils proposent tout simplement du rock, très varié, très mélodique, très moderne et disons le tout de go, très très agréable.
A l'image d'un KARNIVOOL ou d'un VAST, JOLLY ne se fixe aucune barrière et propose des compositions qui marquent et impressionnent immédiatement l'auditeur. Après une petite introduction très sympa, très planante et douce, on rentre dans le vif du sujet via le gros riff de « Ends Where It Starts » ou « The Pattern ». La basse claque et apporte un groove énorme à ce titre très rentre dedans, sans fioritures, ni artifices. Anadale, le chanteur et guitariste, fait des merveilles avec sa voix râpeuse et puissante. Les claviers tissent intelligemment leur toile et donnent de l'emphase, de la consistance à l'ensemble. « Joy » a le potentiel d'être un vrai hit single, super mélodique et on est obligé d'en siffler la mélodie et le refrain au bout de quelques écoutes. Le reste de l'album est à l'avenant mais si on passe par quelques bas avec des compostions plus banales (un « Storytime » à la COLDPLAY) . L'énergie qui se dégage de la musique de JOLLY est assez communicative et j'ai une banane pas possible après avoir écouté The Audio Guide to Happiness (Part 1). Peut-être est-ce la preuve de l'efficacité du battement machin. En tout cas je peux attester, pas scientifiquement du tout, que la musique adoucit les mœurs et que l'écoute d'un bon disque fera toujours des merveilles pour le bien de l'auditeur (sauf bien sûr METALLICA à Guantanamo mais c'est un autre débat). JOLLY vient de frapper très fort et on attend avec impatience la deuxième partie de la thérapie.
Oshyrya (08.5/10)
Site Officiel: www.jollyband.com
MySpace Officiel: www.myspace.com/jollyband
InsideOutMusic / 2011
Tracklist (46:04 mn)
01. Guidance One 02. Ends Where It Starts 03. Joy 04. Pretty Darlin' 05. The Pattern 06. Storytime 07. Still A Dream 08. Radiae 09. Where Everything's Perfect 10. Dorothy's Lament 11. Intermission
BEARDFISH fait partie de cette nouvelle vague de groupe progressif qui émerge depuis quelques années en Europe. L'aventure débute en Suède en 2001. Les premières années sont difficiles, dans l'ombre, et voit la parution de deux albums sans le soutien d'un label. Un début de reconnaissance arrive en 2006 via la signature avec Inside Out Music. Cet événement semble décupler la créativité des suédois qui sortent alors un album par an. La bonne fortune semble se poursuivre puisque BEARDFISH est sélectionné pour participer au Progressive Nation initié par Mike Portnoy, alors batteur de DREAM THEATER. Finalement, le groupe devra renoncer face à la banqueroute de SPV qui distribue Inside Out dans le monde . Malgré l'adversité, ils persévèrent et nous reviennent en pleine forme via ce Mammoth.
A l'écoute de l'album, les sources, les influences sont assez évidentes. Les suédois plongent dans les racines de la scène progressive et s'abreuvent directement auprès des pionniers des années 70 comme YES ou GENESIS. Le son est modernisé, pas vieillot ni nostalgique pour un sou mais tous les éléments du subtil breuvage d'un Foxtrot (GENESIS), d'un Fragile ou d'un Close to the Edge (YES) sont bien là. Les structures sont complexes à souhait, l'orgue hammond est omniprésent. Une composition comme « And The Stone Said: If I Could Speak » rappelle vraiment la bonne époque de Peter Gabriel & Steve Hackett.
Mais contrairement à ses ainés, BEARDFISH sait aussi faire preuve de concision et va à l'essentiel en proposant une majorité de composition ne dépassant pas les 8 minutes (mais si c'est court pour du prog !). Signalons aussi l'utilisation intelligente d'un saxophone qui apporte une touche rafraichissante à des chansons comme « Akakabotu » par exemple. On retrouve là aussi les racines progressives, on n'hésite pas à mélanger les genres et ces touches jazzy ici et là sont les bienvenues.
Tout en restant très agréable, Mammoth souffre de quelques longueurs et d'un manque de caractère. Certaines compositions étonnent et se laissent savourer progressivement par petites touches, d'autres sont plus classiques et font un peu retomber le soufflé. Cette hétérogénéité nuit à l'ensemble et on finit l'écoute de l'album avec un sentiment mitigé, partagé entre joies et déceptions. J'ai aimé ce disque mais l'écoute assidue de Mammoth m'a surtout donné envie de me replonger dans ma discographie et de me refaire fissa un «Roundabout» et un «Supper's Ready».
Oshyrya (07.5/10)
www.beardfishband.com
myspace.com/beardfishband
InsideOutMusic / 2011
Tracklist (52:19 mn) 01. The Platform 02. And The Stone Said: If I Could Speak 03. Tightrope 04. Green Waves 05. Outside / Inside 06. Akakabotu 07. Without Saying Anything Feat. Ventriloquist