Archive for novembre, 2011

La Seigneurie des Loups ne m’avait pas convaincu en 2010. Pire, il m’avait même déçu et ennuyé. En étant optimiste, on peut se dire que dans ce cas là il n’était pas difficile à Neige Et Noirceur de faire mieux. J’étais tellement resté sur ma faim que ce troisième album ne peut que relever la barre, et mon enthousiasme par la même occasion.

Et en effet, on dirait que Neige Et Noirceur a écouté les plaintes, car ces Hymnes De La montagne Noire me semblent bien plus attrayants. Les québécois nous proposent en effet un ensemble bien plus imprévisible qu’avec le précédent album, plus noir et plus violent aussi, à mon sens. Neige Et Noirceur à décidé de se lâcher un peu et d’insuffler plus de folie à ses compos et je ne vais pas m’en plaindre. Les ambiances sont plus fouillées, et aussi plus nuancées, alors que les changements de tempo et autres renversements sont plus nombreux. La diversité est de mise et c’est tant mieux, cela rend l’ensemble plus intéressant et plus accrocheur, tout ce qu’il manquait au prédécesseur.

On dirait que Neige Et Noirceur est remonté à bloc, et qu’il à bouffé de l’orignal pas frais, car cet album forme un ensemble haineux, régulier et homogène, même si certaines plages semblent parfois légèrement longuettes. Cela a certes pour effet d’amoindrir quelque peu le côté ambiant, mais le résultat en vaut la peine car l’ennui cette fois, n’est pas de la partie (ouf !) et les compos restent toujours assez soutenues sans que cela ne porte préjudice aux atmosphères, qui sont cette fois-ci assez prenantes. Le froid glacial, le vent, les balades nocturnes dans d’immenses forêts emplies de bruits et d’yeux qui nous fixent de loin…on s’y croirait !

Sheol 7 /10

Site officiel: www.myspace.com/neigeetnoirceur

(2011, Clawhammer PR/Seplulchral Productions)

Tracklist (46 min)

1. Hymne I – La grande faucheuse ouvre la marche
2. Hymne II – Neige Noire
3. Hymne III – Là où demeure la sorcière des neiges
4. Hymne IV – L’aube des magiciens
5. Hymne V – Le chemin de la montagne noire
6. Les Bûcherons (Bérurier Noir cover)

Dans le petit monde du Metal progressif instrumental, le premier album éponyme d’Animals As Leaders (2009) avait fait l’effet d’un bon coup de pied dans une fourmilière. La formation menée de main de maître par Tosin Abasi avait mis un coup bien placé dans ce microcosme, un coup qui avait envoyé les autres valser pour laisser AAL s’installer bien au chaud là haut, où se placent les meilleurs. A peine débarqués et déjà propulsé comme leaders, c’est juste la classe, surtout quand on confirme par la suite.

Et confirmation il y a, car deux ans après, le groupe fait son retour avec Weightless, qui en plus de dépoussiérer cette scène la renouvelle carrément et lui apporte un souffle nouveau, déjà repéré par les grands. Qu’on se le dise, ce n’est pas pour rien que monsieur Steve Vai himself dit d’AAL qu’il incarne le futur du Metal progressif instrumental. Et même qu’il utilise le mot « virtuose » pour désigner Tosin Abasi. Moi je dis respect, point. Et je ne peux que lui donner raison. Voilà un album totalement instrumental avec lequel le mot ennui est rayé de la liste des mots connus et envisageables. Rarement j’aurais eu l’occasion d’écouter un ensemble instrumental ne me faisant pas regretter l’absence de chant. Tout est là, l’homogénéité est parfaite, la cohérence de l’ensemble et sa solidité, de même que sa fraicheur sont jouissives. Je crois que l’on peut parler de pionniers, sans blague.

Pas étonnant non plus qu’Abasi ressorte n°2 du top guitariste de Metal moderne de MetalSucks. Ce gars là en a sous le pied, sa technique est hallucinante. Mais voilà qui est plus qu’appréciable, cela ne se ressent pas. Des branleurs de manche qui nous proposent des albums chiants et démonstratifs, on en voit passer. Ici, rien de cela, AAL réussi le pari de nous proposer un album totalement instrumental et incroyablement technique, mais qui ne se vit pas comme tel. Belle expérience, ou tout est aéré, fluide, subtil et semble tellement logique et naturel. En plus de cela, Weightless nous met face à un groupe qui ne s’impose pas vraiment de limites et qui ouvre carrément les portes à la créativité : Metal, touches de Jazz, pas mal d’électronique (on pense parfois à un groupe comme Genghis Tron pour le mélange Electro/Metal), d’ambiant, mais aussi du Djent, bref, AAL fusionne les genres et se place d’entrée à un carrefour qui lui permet d’explorer et de toucher à tout sans restriction ou presque. La diversité de leur musique leur a permis de fouler les planches avec des groupes aussi divers que Deftones, BTBAM, The Faceless, The Dillinger Escape Plan et même Decapitated, voilà un détail qui veut tout dire.
Seul changement à noter ici : l’éponyme était une sorte de collaboration entre Abasi et Misha Mansoor de Periphery. Weightless quant à lui est un « vrai » album d’AAL, avec un vrai line up qui comprend Abasi (guitares), Javiers Reyes (guitares) et Navene Koperweis (batterie). Mais faites moi confiance, si le premier album vous a plu, vous pouvez vous procurer celui-ci les yeux fermés, car le line-up est plus qu’opérationnel, il est même carrément prêt à mettre une bonne déculottée à quiconque se frotte à ce style.

Le constat est donc on ne peut plus excitant et positif : Animals As Leaders apporte fraicheur, nouveauté, inventivité et talent, le tout avec un niveau technique époustouflant. Voilà un groupe plein de promesses, dont le potentiel est juste énorme, et qui peut nous laisser penser que le meilleur est à venir. Un vrai délice à écouter au casque encore et encore (aaaaaah ces lignes de basse, géniales !). Pour un tel album, je n’ai qu’une chose à dire : bravo !

Sheol 10 /10

Site officiel: www.myspace.com/animalsasleaders

(2011 – Prosthetic Records)

Tracklist (46:30 min)
1. An infinite regression
2. Odessa
3. Somnarium
4. Earth departure
5. Isolated incidents
6. Do not go gently
7. New Eden
8. Cylindrical sea
9. Espera
10. To lead you to an overwhelming question
11. Weightless
12. David

Pour l’instant, le Metal Noire Québécois n’a pas vraiment ma faveur. Et pourtant, je suis plutôt amateur du style, mais jusqu’à présent je n’ai jamais été convaincu. Ce n’est pas faute d’essayer pourtant.

Ce quatrième album de Forteresse ne changera pas la donne : le Black Metal des québécois, même s’il a des arguments et qu’il pose des ambiances assez sympas, manque à mon goût de saveur et reste trop linéaire. De plus, la transition entre les passages purement Black et les quelques apparition d’une facette plus Folk nationaliste manque de subtilité (Cf. « Spectres du solstice »), il faudrait que le groupe trouve le moyen d’amener cela plus naturellement. Le chant d’ailleurs, manque lui aussi de nuances et fini par lasser, tout comme les lignes mélodiques. C’est là l’un des défauts majeurs d’un tel album : la sensation que les morceaux sont trop identiques, longuets et manquent de relief.

Le style étant posé, il ne manque pas grand-chose à Forteresse pour parvenir à se distinguer, la difficulté étant que le Black Metal pratiqué de cette façon est chose courante depuis que les anciens comme Leviathan ou Xasthur sont passés par là. Un peu plus de folie, un peu plus de versatilité devrait résoudre le problème. En attendant, Forteresse reste trop prévisible et linéaire pour accrocher durablement l’auditeur.

Sheol 5 /10

Site officiel: www.facebook.com/pages/Forteresse/241029319255393

(2011, Sepulchral Productions – Clawhammer PR)

Tracklist (44 min )
1. Silence d’octobre
2. Le triomphe des douze
3. La lame du passé
4. Mon esprit rôde toujours
5. Spectres du solstice
6. Enfants du Lys