Archive for décembre, 2011

Esoteric – Paragon Of Dissonance

Ce n'est pas le tubercule virulent de la rédaction qui va me contredire, mais en général, quand une chronique tarde à sortir, ce n'est pas bon signe. Exception faite de celles qui sont restées coincées dans les tuyaux à l'insu de notre plein gré.
Avec le groupe de Birmingham, il y a toujours un poil d'appréhension avant de faire le grand plongeon, d'autant que le groupe à encore une fois sorti un double album, à la durée imposante. Une heure et demie dans les tréfonds d'un Doom funéraire et abyssal. Il avait tout pour me plaire ce double album, d'ailleurs les âmes sensibles de la rédaction avaient décrété Esoteric instrument de torture officiel (chacun ses méthodes, mais un chroniqueur spécialisé uniquement dans le Heavy metal en spandex teuton après une séance d'écoute d'Esoteric, il rend ses chroniques en avance, et s'il le faut il invente des groupes pour rester occupé). Et pourtant ça coince, et il a fallu des séances d'écoutes intensives pour débusquer le malaise. 
Ce n'est pas la durée conséquente de l'album, quand on aime le Doom, ce n'est pas cet aspect qui pourrait rebuter, au contraire. Avec Esoteric on sait à quoi s'attendre, une apocalypse sonore qui s'étend au ralentit épaulée par une production massive. Les vocalises de Greg Chandler sont toujours aussi convaincantes (les hurlements sur Aberration hérissent les poils dans le bon sens). Quand le groupe enclenche le rouleau compresseur on se laisse broyer, et on en redemande.
Alors le malaise surgit, on se surprend à décrocher, à avoir une attention somme toute sinusoïdale.  Les parties atmosphériques, planantes n'accrochent pas, au point qu'on en est à attendre avec impatience le moment ou le groupe va en remettre une couche, c'est le cas sur Disconsolate. Quand Esoteric piétine les conduits auditifs, c'est irresistible. Est ce du à la moindre présence des claviers bien plus présents sur The Maniacal Vale ? Possible.  Le dépouillement avec des envolées à la sauce Pink Floyd et les solis de guitares, laissent un goût amer d'abus de sauce crème anglaise sur le pudding. Cela dit Paragon Of Dissonance possède à chaque morceau un passage intense et accrocheur. C'est tout le paradoxe de l'album qui laisse l'impression que l'équilibre n'a pas été totalement respecté. Une relative déception de la part d'un groupe qui nous à habitué à l'excellence en près de 20 ans d'existence.
 
Hamster (07/10)
 
 
 
 
Season Of Mist / 2011
 
Tracklist (93 minutes)
CD 1: 1. Abandonment 2. Loss of Will 3. Cipher 4. Non Being
CD 2: 1. Aberration 2. Disconsolate 3. Torrent of Ills
 

La réédition en format blueray de ce DVD de Queensrÿche, intitulé Mindcrime At The Moore, est une occasion de revenir sur ce concert enregistré en octobre 2006 à Seattle pour la tournée Operation Mindcrime II, un album très contesté – comme la plupart de ce qu'a fait le groupe depuis Promised Land, à l'exception d'Americain Soldier –, mais toutefois intéressant. Ce DVD est d'autant plus intéressant que le groupe a choisi de marquer le coup en interprétant les deux parties d'Operation Mindcrime à la suite, ce qui fait que ce DVD est bel et bien double. Par aileurs, Queensrÿche a joué le grand jeu avec un décor très réussi, en faisant intervenir plusieurs comédiens pour jouer les personnages de l'histoire, Geoff Tate se réservant le rôle de Nikki, le toxicomane manipulé par le dangereux Docteur X. Pamela Moore dans le rôle de Sœur Mary est présente en chair et en os durant tout le concert ce qui donne lieu à quelques duos de toute beauté, notamment sur le final « All The Promises », durant lequel les deux personnages, devenus alors des spectres, s'interpellent mutuellement. On est ainsi tout près d'un opera rock d'excellente tenue et on remarquera que Geoff Tate est très à l'aise dans ce double rôle de comédien/chanteur ; le chanteur semble réellement possédé par ce qu'il chante au point de transcender fréquemment des compositions d'une valeur inégale lors de le l'interprétation de la deuxième partie. 

Dans une précédente chronique, j'avais fait remarquer que le deuxième opus d'Operation Mindcrime pâtissait énormément de la comparaison avec sa première partie, un disque qui reste vingt ans après un des plus grands disques de métal des années 80. Sur le fond les choses ne sont pas très différentes sur ce Mindcrime At The Moore, et cela sautera aux yeux de l'amateur qui enchaînera les deux DVD à la suite. Toutefois, ce constat est atténué par deux remarques. La première tient à l'interprétation et à l'énergie déployée lors de la deuxième partie d'Operation Mindcrime : le groupe semble très investi et la dimension visuelle permet d'atténuer les quelques longueurs musicales que comportait la suite.

La deuxième remarque tient à l'interprétation de la première partie d'Operation MIndcrime, interprétation qui est inférieure à celle de la fabuleuse tournée de 1988, immortalisée en DVD d'ailleurs. La faute n'en revient sans doute pas à la section rythmique, toujours excellente, ni à Wilton, impeccable mais à Geoff Tate et au second guitariste, depuis limogé, Mike Stone. 

Si l'investissement de Tate et son charisme sont indéniables, il faut reconnaître qu'il a perdu des capacités dans les aigus, ce qui pose peu de problème dans son registre actuel, sur les nouvelles composions d'Operation Mindcrime II, mais ce qui s'avère fâcheux sur un « Breaking The Silence » ou « I Don't Believe In Love ». Il faut être juste : il était quasiment impossible qu'il en soit autrement et Tate conserve de très très beaux restes (écouter le rappel « Jet City Woman » reprise en chœur par le public où son interprétation est de haute tenue surtout pour une fin de concert). Non, la vraie plaie de ce live est Mike Stone. Et je pèse mes mots : avec son toucher répugnant, son son de guitare sale et inintéressant et son look de punk attardé, ce type n'avait rien à faire dans Queensrÿche. Il gâche régulièrement les parties de Chris De Garmo, ce qui n'incitera qu'un peu plus les fans à la nostalgie.

Voici dont le gros point noir d'un DVD d'excellente qualité et qui confirmera l'idée que Queensrÿche conserve quand même pas mal de chose à dire, encore dans le nouveau millénaire. Il permettra peut-être de réhabiliter un disque, Operation Mindcrime II, qui vieillit plutôt bien.

Baptiste [8/10]

 

Eagle Visions / 2011

Tracklist : 

DVD 1 : Operation Mindcrime I en entier

DVD 2 : Operation Mindcrime II en entier et en rappel « Walk In The Shadows » et « Jet City Woman ».

Seide – Here Is No Truth

Avec sa démo Dogma il y a deux ans, Seide avait rendu une copie qui m’avait fait très bonne impression : une excellente carte de visite pour ce jeune groupe, qui semblait d’ailleurs avoir le potentiel pour aller plus loin et parfaire sa musique en corrigeant les quelques petits défauts que l’on avait pu trouver ici ou là. Ne restait plus qu’à attendre confirmation (ou pas) avec un album.

Here Is No Truth est donc là, et nos amis français confirment tout le bien que l’on pensait d’eux avec Dogma. Mais ils ne se contentent pas de simplement confirmer, ils vont plus loin : ils ont carrément progressé et nous proposent quelques compos qui valent vraiment le détour. Et ils ne perdent pas de temps pour nous le prouver, car les choses sérieuses commencent d’entrée avec « Ein Unendlicher Blitz »), le premier vrai morceau de l’album juste après une courte intro. Une belle claque, qui fait d’emblée très bonne impression, un morceau à côté duquel certains morceaux ont d’ailleurs un peu de mal à tenir le rythme.

Malgré quelques morceaux légèrement moins accrocheurs (Cf. « Dark ages ») ou un peu trop répétitifs dans leur structure (Cf. « Penetrating warhead ») -qui rappellent à l’auditeur qu’il s’agissait là d’un des rares défauts de Dogma : une légère irrégularité- , la suite reste très bonne. Pour le reste, Seide à nettement progressé c’est évident, et a gagné en puissance et en force de frappe, l’évolution est probante. La production va d’ailleurs dans ce sens, et procure à l’album un son parfait pour ce genre de compos : puissant, pas trop lissé, laissant entrevoir chaque instrument, avec un arrière goût légèrement brut de décoffrage. Très bon.

Et Seide poursuit sur sa lancée en gardant intelligemment ce qui avait fait le charme de Dogma : des vocaux en plusieurs langues (notamment l’allemand qui fait toujours son petit effet en Black Metal, mais aussi anglais et français), et aussi de bonnes ambiances (l’instrumental « Inner devastation » est efficace à ce niveau), et pour parfaire le tout, un très bel artwork et de belles lignes mélodiques. Le groupe fait en tout cas un réel effort pour varier les compos tout en proposant un ensemble qui reste cohérent, aéré et bien digeste : Here Is No Truth est un album réussi à ce niveau, dans lequel on peut voir le Black Metal original agrémenté de passages Dark mélodiques voire un peu Thrashy, et de morceaux avec un tempo plus lents pour un résultat des plus vicieux (Cf. les excellents « Sacrifice » et « They come to us »). Seide utilise donc une palette variée, ce qui est un atout indéniable et qui peut faire la différence.

Voilà donc qui confirme tout le bien que l’on pensait déjà du groupe : Here Is No truth est un bon album, agréable et bien fait, qui démontre un potentiel évident malgré quelques menus défauts. Cela dit, la marge de progression du groupe semble encore importante, il ne devrait donc pas être trop difficile de corriger le tir pour la prochaine sortie. En attendant, je ne peux que vous conseiller d’accorder un peu de votre temps a cet album, vous ne le regretterez pas, car Seide est indéniablement un espoir de la scène Black française.

Sheol [7,5/10]

 

Myspace officiel: http://www.myspace.com/seide666

 

2011, Unlight Productions

Tracklist (42:59min) 1. Nightmares of Humanity (Wrath of Rats) instrumental 2. Ein Unendlicher Blitz 3. Fire Within (Anteis Symphonia Cover) 4. Penetrating Warhead 5. Mystic Shape of Self Hatred 6. Inner Devastation instrumental 7. Dark Ages 8. Danger Zone 9. Dans Une Flaque De Sang 10. Sacrifice 11. They Come to Us