Archive for mars, 2012

Rizon – Masquerade

A la grande joie des métalleux frontaliers (comme l’était votre serviteur), la Suisse est une terre accueillante pour notre style musical de prédilection. Aux côtés de formations confirmées comme SAMAEL, GOTTHARD ou encore ELUVEITIE, des groupes plus confidentiels tente de creuser leur sillon et de percer au grand jour. Parmi eux, RIZON fait figure d’outsider et espère bien sortir de l’anonymat via un nouvel album intitulé Masquerade. Les helvètes ont beau n’avoir que deux albums sous le bras (Evolution en 2005 et Sudden Life en 2008), ils roulent leur bosse sur toutes les scènes de leur pays depuis 1997. Malgré les multiples changements de line-up, RIZON a su accumuler et bonifier de l’expérience pour progressivement peaufiner son style.

A l‘écoute de ce Masquerade, j’ai été assez surpris et pas forcément pour de bonnes raisons. Le power métal mélodique des suisses est tout sauf original et peine à franchement convaincre. Pour se différencier de ses congénères, RIZON a pris l’option d’évoluer avec un chanteur et une chanteuse. Le gimmick de ce chant masculin et féminin mêlé ou alterné est sympathique mais n’apporte finalement pas grand-chose. Cela aurait pu être la cerise sur le gâteau mais le gâteau lui-même manque vraiment de saveur.

Les musiciens maitrisent leur sujet et assurent techniquement mais les compositions manquent nettement de relief, les mélodies et les refrains ne sont pas assez catchy et RIZON fait pâle figure face aux ténors du genre. Les chanteurs en font trop et peinent à donner une âme à ces chansons. Les titres s’enchainent sans créer beaucoup d’émotions, quelques mélodies ici et là font mouche (par exemple «Out of Nowhere» qui sonne comme du LABYRINTH) mais le soufflé retombe rapidement.

Les bonnes intentions sont là, c’est évident, mais il manque un twist pour rendre ces chansons vraiment enthousiasmantes. C’est du déjà-fait, déjà-entendu et la mayonnaise ne prend pas. Jetez y une oreille si vous êtes fan de power/speed mélodique mais n’espérer pas forcément de miracle.

[06/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://www.rizon.ch/

MySpace Officiel: http://www.myspace.com/rizonrock

 

2012, Karthago Records / Pure Steel Records

Tracklist (72:02 mn) 01. High Flyer 02. Sign from Eternity 03. Masquerade 04. Tears of the Sun 05. Remotion 06. Same Same 07. Rise On 08. El Dios 09. Out of Nowhere 10. Cold Winters Night 11. Time after Time 12. Lost in Silence 13. Bells

Bejelit – Emerge

Les italiens de BEJELIT vont avoir d’ici quelques semaines la chance de leur vie, l’occasion de se faire un nom sur la scène métal européenne. Cette grande opportunité, espérée depuis si longtemps, va se matérialiser sous la forme d’une tournée en première partie de RHAPSODY OF FIRE. Touchant un plus large public, les transalpins vont défendre, le couteau entre les dents, leur quatrième album, Emerge.

Le groupe existe depuis le début des années 2000 et a déjà édité trois opus: Hellgate (2004), Age of Wars et You Die and I (2010). Le groupe progresse album après album et enchaine un maximum de concerts pour accumuler de l’expérience. Malgré l’adversité, BEJELIT parvient à sortir de ses frontières nationales et a proposé de solides performances en 2008 et 2011 au Metal Camp festival en Slovénie.

Le power métal des transalpins est un mélange hétérogène d’influences multiples tant au niveau des ambiances que des rythmes. BEJELIT s’amuse à mélanger transitions mélodiques (voir folk sur « Dancerous ») et passages presque trash. En tout cas, ils ne sont pas là pour amuser la galerie et alignent pied au plancher les brûlots rapides et incisifs. Des nappes de claviers ici et là adoucissent le propos entre deux déflagrations plus brutales. Les compositions sont assez touffues pour ne pas dire bordéliques, il est souvent périlleux de trouver une ligne mélodique directrice et j’ai souvent perdu le fil. Les refrains ont été soignés mais cela ne suffit pas toujours. Le chanteur est expressif, puissant mais son accent est un peu trop prononcé à mon goût, dommage.

BEJELIT a essayé de d’introduire des éléments originaux dans sa musique comme cet accordéon sur «Dancerous» mais la démarche est très maladroite. Emerge est assez long et tient assez mal la distance. L’intensité va decrescendo et la fureur des débuts laisse place à un visage beaucoup plus mélodique, avec chœurs et orchestrations. Cette dualité est assez étrange comme si le groupe n’avait pas su choisir entre douceur et violence.

Bien que très brouillon, Emerge laisse entrevoir un beau potentiel pour BEJELIT. Il sera intéressant de vérifier le mois prochain si ces espoirs se concrétisent sur scène. Avec un peu plus de rigueur et de cohérence, les transalpins pourront sans aucun doute séduire un nouveau public.

[6,5/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://www.bejelit.com/

MySpace Officiel: http://www.myspace.com/bejelit

 

2012, Bakerteam Records

Tracklist (66:50 mn) 01. The Darkest Hour 02. C4 03. Don't Know What You Need 04. Emerge 05. We Got The Tragedy 06. To forget And To Forgive 07. Dancerous 08. Triskelion 09. Fairy Gate 10. The Defending Dreams Battle (Aruna's Gateway) 11. Deep Water 12. DefCon/13 13. Boogeyman

Henke – Herz (EP)

Si vous êtes fan de dark-wave underground et teutonne vous savez surement qui est Oswald Henke. Moi pas et j’ai donc découvert à l’occasion de la sortie de cet EP que le monsieur est l’ancien leader du groupe GOETHES ERBEN qui a arrêté toute activité en 2007. Depuis, il roule sa bosse en solo et a sorti un premier album, Seelenfuetterung, l’année dernière.

Le style de HENKE est difficile à décrire, très éloigné du heavy métal c’est sûr, un mélange entre dark, coldwave et rock gothique. Le groupe a choisi une approche assez intellectuelle et le chant est en allemand. Les atmosphères sont lourdes et très mélancoliques, cela ne respire vraiment le bonheur et la joie de vivre. L’ambiance de chaque compositions est tissée avec grand soin, le timbre de voix d’Henke fait le reste et drape l’ensemble dans un voile empreint de gravité et de recueillement.

Le groupe propose deux nouvelles compositions, «Herz» et «Orangenschiffchen». Le choix du minimalisme a été fait pour le premier titre, une mélodie simple et lente au piano complété par un chant lourd, très expressif. On ressent vraiment un poids, une douleur à l’écoute de ces quelques notes. L’effet sur l’auditeur est assez impressionnant, difficile de ne pas être happé, amis dépressifs attention à vous. « Orangenschiffchen » est beaucoup plus rythmée et propose une mélodie et un refrain entêtant. Un gros travail a été fait sur le rythme, la scansion de la langue allemande.

Pour compléter cet EP, HENKE propose un titre live, sympathique, un remix, pas mal et surtout une relecture, en allemand, du tube de David BOWIE « Heroes » dans une version méconnaissable. En guest, Sonja Kraushofer (COMA DIVINE, L'ÂME IMMORTELLE) apporte un vrai plus et fait preuve d’un grand talent.

Assez proche de ses compatriotes de DEINE LAKAIEN, HENKE propose un objet musical très étrange et pourtant si séduisant. Je crains cependant que cette démarche ne puisse rassembler les suffrages que d’une petite minorité du public.

[7,5/10] Oshyrya

 

Site Officiel: http://henkeband.wordpress.com/

MySpace Officiel: ***

 

2012, Oblivion / SPV

Tracklist (19:22 mn) 01. Herz 02. Helden 03. Orangenschiffchen 04. Weil ich es kann (live) 05. Herz (HIDDEN! Remix)