Accept (+ Hell mais pas vu) au Bataclan à Paris, le 6 avril 2012

-AVERTISSEMENT: COMPTE-RENDU LONG-
(Et à fortes tendances à la digression.)
(Z'êtes prévenus.)

Dès le matin, cette journée a été placée sous le signe du n'importe quoi généralisé: je m'aperçois à la dernière minute que j'arriverai certes à temps pour Accept, mais aucune chance pour que je voie la moindre première partie… ma foi, il faudra donc rapidement se mettre dans le bain! Puis, dans le milieu d'après-midi, le doute m'assaille: c'est dans quelle salle déjà ? J'ai oublié de regarder en partant ce matin, et aucune connexion internet à proximité pour aller vérifier! Parce que je pourrai voir Accept en entier, et sans problème, si je vais directement à la bonne salle… mais si je me trompe, le temps de retraverser Paris… ben ça sera mort, en fait. Je ne vous cache donc pas qu'en arrivant devant la salle, sachant que le Bataclan a la bonne habitude d'inscrire en grosses lettres noires sur sa façade le nom de celui qui joue le soir, mon premier réflexe n'est même pas de traverser la route, mais de scruter « les lettres du soir »… à condition qu'il y en ait tout court, d'ailleurs: il est tout à fait possible que personne n'y joue ce soir! D'où un énorme "ouf" de soulagement en constatant un énorme "ACCEPT" depuis l'autre bout du trottoir: je suis bien au bon endroit, j'ai certes raté toutes les premières parties, mais je suis largement à l'heure pour Accept, ouais!

Premier « Oh, ça faisait longtemps ! » de la soirée devant l'entrée de la salle, en croisant quelqu'un déjà vu à Steel Panther deux semaines avant: fut une époque on pouvait se croiser plusieurs fois par mois, concerts obligent, mais là ça faisait des années qu'on ne s'était plus vus? Et là, deux fois en deux semaines… ça faisait longtemps!

Mais je dois faire vite: il faut récupérer un pass photo, sortir l'appareil, enlever le manteau et tout le bardas, se frayer un chemin vers l'avant alors que la salle est déjà assez pleine (mais pourquoi y a-t-il toujours un embouteillage humain autour du bar, on se le demande!)… or je suis déjà plus qu'en retard! Donc je fonce, qui m'aime (ou pas) me suive (ou pas).

Le temps de préparer l'appareil photo comme il faut, ACCEPT entre en scène:

Nous entrons en rang d'oignons dans "la fosse aux photographes", j'en profite pour réajuster mes lunettes dont les branches sont un peu écartées en ce moment… et là, malheur!, le pont se plie en deux.
[Petit aparté historique]
Episode 1: 2006, Polochon est au Japon pour suivre la première tournée d'un groupe… dans la continuité d'un groupe qu'elle vénère, pour résumer. Sur la dernière date, à Tokyo, pendant une chanson tendance ballade qu'elle aime sans plus, elle attrape ses lunettes pour les nettoyer un peu: Oh ben ça c'est drôle, la branche gauche reste sur son oreille! Elle n'a que la branche droite et la partie avec les verres en mains! Bon, ben nettoyons et remettons tout ça à peu près en place, on fera réparer en France, autant mettre un bout de scotch discret après le concert… [j’ai réussi à faire de sérieux exercices du cou sans faire voler mes lunettes pendant le reste du concert, ne me demandez pas comment…]
Episode 2: 2007, Polochon est au Japon pour autre chose et profite de l'occasion pour aller au "concert de Noël" du même groupe. Pendant une chanson tendance ballade, sans doute la même, elle remonte ses lunettes qui commencent à tomber de son nez. Et… tiens, c'est marrant, on dirait que ça remonte au milieu et à droite, mais pas à gauche? [Attrapant les lunettes par la branche droite, pour les enlever/faire pivoter un peu] Oh, ben ça c’est drôle, la même branche gauche s’est cassée! Apparemment le même truc brisé dans la partie avec une petite vis! Heureusement que Polochon rentrait en France deux jours après!]
[Fin de l’aparté historique]
J'essaie donc de remettre le pont en place, en évitant de le briser, histoire d'éviter un "épisode 3"… j'ai à peu près réussi, à savoir que si vous regardez ces lunettes de haut vous voyez que ça n'est pas tout à fait droit, mais de face on n'y voit que du feu! Il n'empêche que, sur le moment, j'ai vécu un grand moment d'amusement, sur le thème du: « Oh, ça faisait longtemps ! »…

Rien que pendant ces trois chansons passées à photographier, je trouve que leur manière de communiquer ou interagir avec le public sent beaucoup le pre-fabrique. On pourrait me dire que c'est fréquent avec les groupes qui ont de la bouteille, et c'est sans doute vrai… mais si vous prenez un groupe comme Saxon, qui est certes une exception pour beaucoup de choses, ils ont de la bouteille, beaucoup, et pourtant ils sont loin d'avoir une attitude qui sent le pre-fabriqué! Herman Frank, "le guitariste de gauche" est un peu bizarre aussi, limite à bouder même s'il n'a pas forcément l'air de mauvaise humeur… 'zarb. Wolf Hoffmann (« le guitariste de droite ») en fait des tonnes, un peu trop pour que ça paraisse même sincère, mais on va dire qu'il assure le spectacle. Au final seuls Mark Tornillo ("le chanteur") et Peter Baltes (« le bassiste ») ont une attitude à peu près normale etc. Très en voix le dénommé Tornillo d'ailleurs, évidemment Udo peut manquer sur certains titres mais le passé est le passé, et à la rigueur c'est pas plus mal en concert de voir un type qui se bouge sur scène que quelqu'un qui reste planté au milieu du début à la fin.

Le public répond de bon coeur, même si c'est surtout devant que ça bouge vraiment, derrière… ça reste assez calme. Enfin, si vous oubliez les quelques hurluberlus derrière moi: déjà en revenant de mes photos, cherchant un endroit où je pourrais voir correctement et avoir son correct, le type croisé à l'entrée m'attrape par le cou pour me coller une énorme bise: il a de la chance que ma phase "on me touche = je me liquéfie sur place" soit terminée depuis quelques temps! Par contre aucune chance pour que je "saute en choeur" quand ils s'attrapent bras-dessus bras-dessous, c'est gentil d'essayer de m'y inclure… mais là y'a trop de contact si je ne suis pas à 200% dans ce qui est joué je suis encore trop "consciente" pour ne pas paniquer si autant de surface est touchée d'un coup! Bouah, vade retro! Il y a des choses qui ne se perdent pas, eh non eh non… Mais donc: comme ils sont à un endroit où on entend et voit bien, j'en profite pour rester dans le coin au début… même si je trouve qu'on n'entend pas assez la basse? Bon allez, essayons de nous décaller à droite… mouais, le son est certes meilleur, mais la vue très mauvaise: retournons apprécier le spectacle! Je me retrouve un peu devant les hurluberlus décrits au-dessus, qui font tellement les zouaves qu'à un moment je m'aperçois qu'il y a un petit trou derrière moi, de temps en temps je sens des cheveux en furie dans mon dos, enfin on va dire qu'il y avait "un mini-coin très ambiancé" dans le fond quoi! A un moment je vois même un Organisme Génétique s'installer à ma gauche [si si… désolée, j’ai trop vite bifurqué sur “O.G.M.”], des années que je ne l'avais plus vu dans la foule à un concert, une ou deux fois il est parti complètement en cacahuètes tellement il était dans le truc: là aussi de grands "Oh, ça faisait longtemps!" Pendant ce temps des trucs volent régulièrement ici et là dans les premiers rangs, en particulier une écharpe qui a d'abord été tournée au-dessus d'une tête de manière très énergique, avant d'être lancée en l'air dans un mouvement d'une esthétique rare, c'est tout juste si elle n'a pas touché le plafond. Je suis encore toute émue en me remémorant cette performance artistique; la pauvre écharpe a apparemment été perdue, mais son propriétaire peut se réconforter en se disant qu'elle a vécu un dernier instant de bravoure qui marquera les mémoires. Au moins.

Le son est globalement bon… jusqu'à ce qu'une enceinte déclare forfait (je suppose). A savoir que quand ils commencent "No Shelter", on entend un bruit bizarre au niveau des enceintes… et le son devient minable? L'ambiance tombe comme un soufflet dans la salle, attendant de voir comment ça allait tourner, parce que c'est juste impossible d'apprécier un concert avec un son pareil. L'Organisme Génétique se tourne rapidement vers moi (ou l'ingé-son derrière moi, aussi), voir si c'est juste ses oreilles… mais non, tu peux en croire mes sourcils pliés au possible, le son est bel et bien devenu aussi pourri qu'il était bon la minute d'avant! Il part immédiatement vers l'avant, sans doute pour voir d'où vient le problème et comment gérer ça. Le groupe continue de jouer, enchaine sur "Pandemic"… et le public commence à lancer des huées, "LE SON!!!", pendant que dans les gradins certains font des simagrées pour montrer qu'il y a vraiment un énorme problème de son. "The show must go on", nous le savons tous, mais pas forcément dans n'importe quelles conditions! A la fin de cette chanson, le groupe finit par dire quelques mots pour dire qu'ils vont essayer de voir ce qu'ils peuvent faire, on peut aller au merchandising etc. en attendant, et "tuti quanti". Ils mettront 10mn à revenir, mais le son est à nouveau très bon, ils refont "Pandemic" histoire de, et le public est à nouveau remonté comme un ballon, sans doute plus encore qu'avant cette pause forcée!

Globalement, ce concert fut donc bon, voire très bon. Malgré tout… un petit quelque chose indéfinissable fait que je n'arrive jamais à rentrer dedans à 100%, les bons moments s'enchaînent avec les très bons, mais… je m'amuse certes, mais sans jamais décoller. J'attendais certainement plus de ce concert, surtout suite aux commentaires sur leur tournée précédente, d'où une petite déception peut-être? Mais bon, rien n'est jamais parfait en ce bas monde: c'était déjà très bien comme ça.

Set-list d'Accept:
(Intro: Heaven And Hell, de et par Black Sabbath)
Hellfire
Stalingrad
Restless And Wild
Living for Tonite
Breaker
Son Of A Bitch
Bucket Full Of Hate
Monsterman
Shadow Soldiers
– Solo de guitare: Wolf Hoffmann)
Neon Nights
Bulletproof
Losers And Winners
Aiming High
Princess Of The Dawn
Up To The Limit
No Shelter
Pandemic
(Pandemic le retour, avec un bon son)
Fast As A Shark
-Rappels-
Metal Heart
Teutonic Terror
Balls To The Wall

Petite note comique à la fin du concert, pour un dernier "Oh, ça faisait longtemps!": deux types viennent vers moi me demander si je pourrais leur faire passer mes photos, puisque "vu le matériel tu as forcément pris de bons clichés"… euh, ouais, enfin c'est uniquement le troisième concert que je couvre avec, je suis donc loin, trèèèèès loin de le posséder parfaitement! Mais là n'est pas la partie comique: ils en viennent à me demander si je viens à tous les concerts, automatiquement, mettant du temps à comprendre que je suis là par plaisir, non ça n'est pas en tant que pigiste qui n'en a rien à faire mais bien parce que j'aime cette musique, oui quelqu'un avec mon style peut apprécier cette musique, bon ok je vous le répète une deuxième fois, bon ok une troisième, etc. J'ai vraiment dû réfreiner un fou-rire en entendant leur "non parce que, quelqu'un avec ton style, tu n'aimes certainement pas…", ça faisait tellement longtemps, limite ça m'a donné envie de ressortir le kilt avec le pull rose et le hérisson pelucheux si je décide d'aller au Hellfest finalement, histoire que les gens comprennent bien pourquoi ils se font cette remarque en me voyant… Parce qu'ils ont mis du temps à comprendre, les bougres. C'est vrai quoi, il est inscrit dans le marbre que quelqu'un qui apprécie le metal s'habille forcément en noir, si c'est une fille les trucs moulants un peu gothiques sont un passage obligatoire, etc. etc. Bah tiens, et n'oublions pas de toutes passer à la casserolle en coulisses après un concert, surtout si c'est un groupe des années 80!
…Et après les metalleux viennent se plaindre des clichés qui ne leur plaisent pas, non mais j'vous jure…

– Polochon
Photos d'Accept. –