Le premier album des finlandais de STATUS MINOR, Dialog en 2009, était à l’époque passé totalement inaperçu. En tout cas mon humble personne n’avait pas été informée de cette sortie et nous n’avions pas eu l’occasion de le chroniquer à Métal Chroniques. Cet oubli va donc être réparé puisque nos amis reviennent avec un second opus sous le bras, Ouroboros. Sous ce mot grec barbare se cache un symbole assez connu, un serpent se mordant la queue, qui représente le cycle éternel de la nature. Le groupe a construit autour de cette idée un album concept illustrant le cycle amoureux : les gens se rencontrent, tombent amoureux, puis la passion disparait, il se séparent et recommencent avec un nouveau partenaire. Les compositions proposées ici vont suivre ce chemin et exprimer une large palette d’émotions.
Le concept est sympathique mais surtout la musique est de qualité. Les finlandais distillent un métal progressif enlevé et inspiré. Ils maitrisent les différentes facettes de ce genre, les rythmiques incisives, les passages néo-classiques et une forte dose de mélodie. Les guitares virevoltent et insufflent beaucoup d’énergie tantôt que les claviers renforcent intelligemment les atmosphères. A l’écoute de STATUS MINOR j’ai beaucoup pensé à des groupes comme PINK CREAM 69 ou encore aux premiers ADAGIO. Il faut bien avouer que Markku Kuikka possède un organe et un chant proche de David Readman ou encore Mats Levén.
Tout en conservant des racines métal, les finlandais n’ont pas hésité à avoir une approche quasi Hard FM en soignant particulièrement l’efficacité des mélodies et les refrains. La section rythmique tape nettement plus fort mais on trouve ici le même souci de proposer des compositions catchy qui impriment le cerveau de l’auditeur. Ce pari est grandement réussi et même si STATUS MINOR ne brille pas par son originalité, j’ai pris mon pied à l’écoute de ce Ouroboros. Pas de faute de goût ni de défaut technique, tout le monde est bien en place, le son est puissant et clair à souhait. Même le titre fleuve « Sail Away » (plus de 10 minutes), parfois proche d’un DREAM THEATER, passe l’épreuve du feu et donne du plaisir.
Ouroboros est une belle réussite et installe les finlandais d’emblée dans le bon wagon parmi les outsiders de la scène métal progressive. Il commence à y avoir foule mais on va pas s’en plaindre.
[08/10] Oshyrya
Site Officiel: http://www.statusminor.com/
MySpace Officiel: http://www.myspace.com/statusminor
2012, Lion Music
Tracklist (50:16 mn) 01. The Wind 02. Hollow 03. Glass Wall 04. Like a Dream 05. Confidence and Trust 06. Stain 07. Smile 08. Flowers Die 09. Sail Away
Franchement j’ai jamais trop compris ce que la catégorie “Post-Rock & Alternative Rock” pouvait bien signifier. De mon point de vue, dès qu’un groupe propose un disque rock un peu arty, difficile à classer, il rentre comme par magie dans cette case. Enfin bref, cette chronique ne va se transformer en débat philosophique sur le sens des classification rock/métal. Les italiens de L’ALBA DI MORRIGAN proposent un premier album, The Essence Remains, via My Kingdom Music. Le groupe est né en 2008 à Turin sur l’initiative d’Ugo Ballisai et d’Alessio Caruso. Avec l’arrivée d’un batteur, ils se mettent sérieusement au travail et accouchent en 2009 d’une démo titrée The Circle. Devant l’enthousiasme, ils décident de sauter le pas et d’enregistrer un album complet.
Les chansons proposées ici sont assez calmes, peu de furieuses envolées au menu. Cela reste très accessible tout au long du disque. Les transalpins ont vraiment soigné les ambiances, ils distillent beaucoup d’émotions à travers des mélodies finement construites, une rythmique subtile et beaucoup de feelings. A l’écoute de ce disque assez mélancolique dans l’ensemble, on pense d’abord au Damnation d’OPETH, ou encore aux travaux actuels de KATATONIA ou AMORPHIS. The Essence Remains pourrait vraiment plaire au plus grand nombre, certains passages sont vraiment apaisants, touchants et j’ai sincèrement apprécié le travail de L’ALBA DI MORRIGAN.
Techniquement rien à redire, tout est très professionnel, le son est clair et rend hommage aux arrangements subtils et discrets proposés tout au long du disque. Il faudra être patient avec les italiens car les compositions se ressemblent beaucoup à la première écoute. Puis, petit à petit, toutes les subtilités émergent et en prend un vrai plaisir à découvrir de nouveaux détails écoute après écoute. Le chant parfois en italien passe très bien et s’avère être une très bonne initiative.
Sans crier au génie, les italiens de L’ALBA DI MORRIGAN offre un premier album solide et très professionnel. La promesse d’un bon moment pour l’auditeur est tenue et c’est l’essentiel.
[7,5/10] Oshyrya
Site Officiel: ***
MySpace Officiel: http://www.myspace.com/lalbadimorrigan
2012, My Kingdom Music
Tracklist (48:17 mn) 01. Snowstorm 02. The Fairies Circle 03. Silence 04. Lilith 05. Holy Mountain pt.1 (The Alkemist’s Frode) 06. Holy Mountain pt.2 (The Rebirth) 07. 24 Megathons 08. Equilibrium 09. The Essence Remains
Le marché métal me parait marcher complétement sur la tête. Deux réalités contradictoires semblent cohabiter en même temps sans que je ne me l’explique réellement. A l’écoute des très nombreuses sorties franchement pourries que nous recevons toutes les semaines à la rédaction on pourrait croire qu’il est désormais devenu assez facile de se faire éditer de d’avoir son album dans les bacs. Et pourtant, tout au long des interviews, le message inverse est sans cesse répété : le marché s’écroule et c’est l’enfer pour les artistes pris dans l’engrenage infernal du music business. Voilà en résumé la situation de nos compatriotes de DEFICIENCY qui essayent contre vents et marées de se faire une place sur la scène métal nationale et européenne. Ils proposent courageusement un premier opus auto-produit, State Of Disillusion, et espèrent bien réussir ainsi à se faire remarquer pour enchainer les concerts.
Je dois malheureusement avouer que ce premier opus des lorrains ne m’a pas franchement convaincu mais il reste supérieur à de nombreuses daubes déjà chroniquées dans ces pages. Si le groupe avait été allemand ou scandinave, sans doute aurait-il déjà signé un contrat avec un label bénéficiant d’une bonne visibilité en Europe. Il faut louer le professionnalisme et le sérieux dont fait preuve DEFICIENCY mais la mayonnaise ne prend pas. Le heavy/thrash proposé est honnête mais il manque d’impact et de compositions vraiment enthousiasmantes. Vous allez me trouver sévère pour un premier album mais face aux ténors du genre, nos amis ne font pas le poids. Les riffs tombent assez plats et le chant de Laurent Gisonna m’a laissé sur ma faim. Il manque un peu de coffre et force bien trop souvent.
L’espoir reste cependant de mise car certains chansons comme «Sight Of Despair» et «Reconquered» sortent du lot. Quand DEFICIENCY ralentit le propos et met l’accent sur la mélodie, il gagne en efficacité. Et puis comme je le disais en introduction, quand on se regarde on se désole, quand on se compare on se console. Les lorrains ont encore beaucoup, beaucoup de boulot mais ils tiennent le bon bout et font preuve de plus de talent et de maturité que de nombreux jeunes groupes concurrents. Sans casser des briques, State Of Disillusion est une carte de visite honnête qui permettra sans doute à DEFICIENCY d’enfoncer certaines portes. On le leur souhaite en tout cas.
[06/10] Oshyrya
Site Officiel: http://www.deficiency.fr/
MySpace Officiel: http://www.myspace.com/deficiency57
2012, Fantai’Zic Productions
Tracklist (65:18 mn) 01 Brain Autopsy 02. The Guide 03. The One Who Possesses Me 04. Neverending Fall 05. Volition 06. Weakness Of Mind 07. Blurred Inception 08. Path To Nowhere 09. Sight Of Despair 10. Reconquered 11. Too Weak To Fight