Son: Vraiment bon… sauf une guitare de Vincent Cavanagh, non branchée, et le chanteur de The Amplifier, sans doute pas assez fort.
Lumières: Simples mais classes.
Affluence: Dans les 1400, à vue de nez.
Ambiance: Chaleureuse, mais calme.
Généralement, un groupe en tournée, ça s'efforce de voyager léger. Plus exactement, n'importe qui dans leur situation voyagerait léger: il faut quand même que 5 personnes et plus (« les accompagnateurs ») cohabitent dans un bus pendant un mois et plus, soit pas de place pour le superflus. Petite surprise donc quand, attendant l'ouverture des portes, nous voyons passer un caddie de courses, visiblement plein à craquer… et puis un « casier en plastique » plein de casseroles et assimilés… et puis un autre avec de la vaisselle… un nouveau pour les boissons… encore un passage pour la cafetière et autres… et tuti quanti? Enfin, un véritable « essentiel de la cuisine » et même un peu au-delà! Honnêtement, à un moment donné, nous en voyons tellement passer que nous nous attendons presque à voir passer un petit frigidaire, en tout cas ça ne nous aurait pas surpris… On va dire qu'Anathema n'est pas du genre à se laisser aller quand ils partent en tournée! Même si la grande question se pose: qui fait le marmiton?
(Le premier qui répond « Lee Douglas! » juste parce que « c'est la fille » se prend la porte, m'en fiche de savoir si c'est vrai ou non!)
Je ne m'étais absolument pas renseignée sur le groupe de première partie, la lecture de leur nom sur la façade ne m'évoque rien de particulier… jusqu'à ce que je remarque « un certain logo » sur la cravate de types en train de sortir de la salle: la pieuvre bizarroïde! Le type de l'interview complètement partie en cacahuètes, à tel point qu'en 30 minutes je n'ai pu poser que 7 questions (la magie des digressions)! Le double album complètement space, avec sur un cd de la musique presque mathématique, et sur l'autre un espèce de concept musicalement beaucoup plus abordable… mais dont on sent qu'il est en fait tout autant allumé! J'avais beaucoup aimé le peu que je connaissais d'eux (enfin surtout la partie moins mathématique, quand même), mais je sais que leur musique peut être assez difficile à découvrir en live, il n'y a pas d'amusement immédiat etc., c'est… très travaillé, dirons-nous! Enfin, on verra bien. Cependant, je dois dire que j'ai parfois du mal à comprendre « mes comparses »: les voyant passer habillés en noir, tous, visiblement pour la scène, quelqu'un dit que « ça fait quand même un peu fasciste tous ces habits noirs! »… euh… pardon? La très grande majorité des groupes de rock et de metal sont fascistes alors! Ca permet de mettre le logo sur la cravatte en valeur, c'est classe, y'a un moment 'faut arrêter la parano quoi… ou sinon tous les groupes sur scène passent au rose et orange fluo, hopla, comme ça plus aucun risque!
*Non mais.*
Petit moment amusant quand Vincent [Cavanagh, chanteur d’Anathema] sort de la salle: un de ceux qui attendent avec moi n'a jamais vu Anathema sur scène, si bien que quand il voit Vincent, passer à 10cm de lui (littéralement)… il a cette (grosse) étincelle dans les yeux, type « aaaaah j'aime la vie, je ne suis pas une groupie, et puis timidité oblige, mais quand même! », pas aussi forte que le gars à Lyon en 2007 ou ce genre qui réalisait que Luis Mariutti allait jouer sous ses petits yeux ébahis, mais quand même bien reconnaissable… -J'adore- voir quelqu'un prendre ce genre de tête, c'est tout choupi!
Pendant l'après-midi, certaines personnes avaient fait plus ou moins semblant d'ignorer que l'entrée au Bataclan ne se fait jamais de face ou par la porte de gauche: ils s'agglutinaient au milieu, croyant passer devant ceux qui étaient arrivés 2h et plus avant eux (dans vos rêves!) Quand les vigiles nous « remettent en ordre », à savoir qu'ils demandent à tout le monde de se mettre à droite, je fais quelques déçus en les empêchant de me gruger (tout en laissant devant ceux qui étaient là avant moi)… c'pas des fans d'Anathema qui vont me passer devant, rotudju d'saleté d'sale bête! Le temps qu'un vigile fasse admirer sa nouvelle coupe (sourcils et barbe teints en blonds, sur un gros molosse noir, ouaaaaah ils étaient tous épatés les collègues!), et nous entrons. Je ne gère pas très bien ma « prise de position » et me retrouve un peu à droite (on entre par le côté au Bataclan, ça me « brouille » toujours un peu), mains sur la scène ça par contre j'aime peu: ça oblige à risquer le torticolli si on veut voir les musiciens quand ils approchent de la scène, et vu mes problèmes musculaires en général… c'est un exercice que je goûte très peu. Enfin, ça fait longtemps que je n'ai plus fait de premier rang: ça ira. En papotant autour de moi je m'aperçois qu'il y a un creux à côté de moi, en soit ça tombe bien j'attends une copine qui va me rejoindre sous peu, on n'avait pas prévu qu'elle vienne au premier rang mais tant qu'à faire… et pourtant je n'avais rien demandé à personne, le creux s'est fait tout seul, ça doit être les ondes, c'est magnifique.
Après une courte attente, THE AMPLIFIER entre en scène:
Comme je le craignais, autant personnellement j'aime beaucoup, autant ceux qui découvrent avec ce concert… ont beaucoup de mal à rentrer dedans. Pourtant ils n'ont pas vraiment fait de trucs ultra complexes, mais c'est sûr que quand on découvre sur scène, cette musique peut paraître « épineuse »… Peut-être le son n'a-t-il pas aidé, aussi, puisqu'on entend peu le guitariste-chanteur (même si, en dehors de ça, le son est très bon). Notez au passage que le dit chanteur-guitariste vous permet de faire un entraînement express au « oula enlevons nos mains / tout objet 'sensible' le plus vite possible! » avec son jeu de pied… plutôt vif, ample, plein de surprises, et surtout très frappeur! Dans tous les cas moi je m'éclate avec les divers trucs alambiqués de leurs morceaux, souris en voyant toutes les pédales d'effets devant les deux guitaristes et le bassiste (à ce niveau-là ça devient de l'orgue!), soulève un sourcil amusé devant le batteur qui fait changer un de ses toms avant un des derniers morceaux puisqu'il a explosé la peau à force de frapper comme un malade… et puis voilà, pour ceux qui connaissaient déjà c'était très bien!
Set-lit de The Amplifier:
Continuum
Panzer
Motorhead
The Wave
Interglacial Spell
Interstellar
Neon
Pause assez comique, même si un peu gênante dans son comique: j'hésite à faire remarquer que « certains devraient porter une ceinture, quand même », sachant très bien à quel genre de réaction m'attendre, mais comme je ne peux jamais vraiment garder une ânerie pour moi… je n'arrive pas à m'en empêcher. Ce qui finira en commentaires pendant quasiment toute la pause sur les thèmes « ah, il l'a remonté! ah non, c'était son caleçon… il a donc quand même un caleçon! », et d'autres moins ragoûtant… mais justement, si c'est si laid, regardez ailleurs au lieu de commenter, c'était juste pour faire une blagounette de 2 secondes que j'avais dit ça!
*se taira la prochaine fois*
*tout en sachant très bien qu'elle en sera absolument incapable, mais histoire de se donner bonne conscience quoi…*
Mais trève de blagues débiles (vraiment débiles!), il est temps de passer à ANATHEMA:
Pendant la pause, ceux avec qui j'avais attendu dehors (et la copine qui nous avaient rejoints depuis) avions parlé du problème de son du groupe précédent: si on entendait aussi peu le chant pendant Anathema que pendant The Amplifier, nous irions sûrement derrière histoire de ne plus souffrir du son des retours, parce qu'un concert d'Anathema sans entendre correctement Vincent… c'est juste pas possible! Mais nous nous trouvons rassurés dès les premières secondes: le son est cette fois nickel chrome, en plus Vincent est bien en voix (il était un peu malade la dernière que je les avais vus à Paris, ça m'avait gâché la chose!) Lee aussi chante tout à fait bien, je trouvais que sa voix manquait de « petit truc en plus » quand je l'avais vue l'année dernière mais là elle sait garder « le petit truc chaleureux » que l'on perçoit déjà sur l'album. On pourrait donc croire que le son est magnifique parfait (pour ne pas dire aussi bon que pendant les balances de l'après-midi, remarquables!), et là vient la feinte: pendant une bonne moitié du concert (selon la guitare qu'il utilisait), la guitare de Vincent n'était pas électrifiée. A savoir que si vous connaissez les morceaux vous vous apercevez qu'il manque un truc, quand il vient jouer sous nos petits yeux à 5cm (si c'est pas 2) on entend le « tsoing-tsoing » caractéristique de cordes non électrifiées, il essaiera bien d'aller voir du côté de son ampli… mais rien, aucune solution ne sera trouvée, ce problème durera jusqu'à la fin du concert. Les morceaux d'Anathema sont suffisamment bien faits pour passer comme une lettre à la Poste malgré tout, mais… il manquait quelque chose, surtout qu'ils jouent beaucoup sur des effets de crescendo quand ils composent: si l'instrument censé apporter cette montée est muet, on peut certes apprécier la mélodie du truc, le chant de plus en plus poussé/oppressant et la batterie de plus en plus agitée donnent un peu le change… mais la montée manque quand même d'un gros quelque chose! D'où dommage…
Danny a vraiment un côté assez décallé sur scène: ça me sidère toujours autant de le voir arborer un énorme sourire du début à la fin, même sur les passages plus sombres… vas comprendre, Charles. Je trouve aussi que, si Vincent est plus en voix que l'année dernière à l'Elysée-Montmartre, il « entre » moins dans ses chansons… mais on est souvent un peu plus à fleur de peau quand on est malade, j'admets. Enfin, tout est relatif: « moins » que « énormément » signifie quand même « bien plus que la majorité des chanteurs actuels » dans son cas. Par contre j'adore les musciens « fidèles »: dès le début du concert, il a la très bonne idée de venir « faire le beau avec sa guitare » à peu près complètement devant moi; vers les 2/3 du concert, les photographes à ma gauche partent sans doute vers le bar, je m'incruste donc un poil plus vers le centre (en prenant la copine par le bras histoire qu'elle en profite aussi)… et v'là-t-y pas que le Vinnie se décalle lui aussi pour ses poses guitaristiques, c'est magnifique! Lee quant à elle va devoir commencer à sérieusement réfléchir à son jeu de scène: quoi qu'il arrive, elle fait le même « balancé droite-gauche » dès qu'elle est sur scène, que le passage soit lent ou rapide, « dansant » ou tristounet… parfois, là aussi, ça fait un peu décallé. Petit miracle enfin, j'ai vu Jamie sourire (et donner l'impression de s'amuser sur scène?), notamment quand il a vu que « Gentil Roadie » avait amené un verre de vin et de la bière sur scène: sourire jusqu'aux oreilles! Jamie! Sur scène! Le truc qui tient du miracle!
Le public est assez calme, dans l'ensemble… on le sent derrière le groupe, mais ça manque de folie. Ca s'affole un peu sur la fin, forcément vu ce qui est joué, avec même un gentil slammeur qui a la très bonne idée de finir son parcours sur notre gauche, évitant ainsi de nous mettre des vilains coups de chaussures dans la tête! Un gentil pogo vers le même moment, mais… ça manquait de chants en choeur, toute cette sorte de choses. A noter malgré tout quelques moments d'amusement extrême, où je confirme le fort potentiel de groupie en devenir de la dite copine, qui part de plus en plus en cacahuètes au fil du concert, le point d'orgue (pour moi du moins!) étant quand elle remarque que « Guitariste! » (à gauche, Danny quoi, mais elle ne connaît pas leurs petits noms) vient vers nous, j'ai donc enfin l'occasion de le prendre en photo d'un peu près: elle commence à l'interpeller en réclamant des poses pour que je photographie, mouvements de bras et grands cris à l'appui… un grand moment. J'en ris tellement que j'en tambourine la scène!
Enfin voilà, globalement c'était bien, n'importe quel groupe serait ravi de réaliser un concert de ce niveau, mais sachant ce que peut faire Anathema sur scène… j'en ressors quand même avec un petit « bien mais…! » Ils font partie de ces groupes que j'aime tellement que j'en deviens extrêmement exigeante avec eux, eh oui eh oui. Vinnie dit à la fin du concert qu'il est question qu'ils reviennent en France à l'automne, même si ça reste à finaliser tout ça machin: mais quand tu veux coco, par contre n'oublie pas de brancher ta guitare avant de monter sur scène cette fois!
Set-list d'Anathema:
Untouchable, Part 1
Untouchable, Part 2
Lightning Song
Thin Air
Dreaming Light
Deep
Emotional Winter
Wings of God (deuxième partie seulement)
A Simple Mistake
The Storm Before the Calm
The Beginning and the End
Universal
Panic
Internal Landscapes
– Rappel –
Closer
A Natural Disaster
Flying
Fragile Dreams
-Polochon-
[Photos d'Anathema (avec le petit appareil: techniquement pas gégé + pas de The Amplifier, pas assez de bonnes photos pour mériter une gallerie.)
Chronique de Weather Systems (Anathema).
Entretien avec Vincent Cavanagh.]