Archive for mai, 2012

Europe – Bag Of Bones

La carrière de Europe depuis la reformation de 2004 me met quelque peu mal à l'aise. Europe était un groupe que j'aimais beaucoup, des débuts heavy et balbutiants  de 1982 jusqu'à la consécration orientée Hard FM de The Final Countdown (1986) ou Out Of This World (1988). Son parcours contenait une vraie cohérence même si certains pouvaient regretter le caractère de plus en plus lisse du groupe qui devient manifeste sur Prisoners In Paradise (1991). Le Europe reformé en 2004 a manifestement tourné une page musicale en cherchant à la fois à moderniser sa musique et à retrouver des origines musicales seventies présentes sur ses deux premiers disques. Parallèlement, John Norum s'est bien plus implqué dans la composition qu'il ne le faisait auparavant et son influence est devenue très patente.

Une forte discontinuité musicale

Une chatte n'y retrouverait pas ses petits et ce dès Start From The Dark (2004) : le groupe avait adopté un heavy rock assez sombre délaissant tous les motifs musicaux qu'il avait adoptés depuis The Final Countdown. Malgré la qualité musicale indéniable, la discontinuité était très forte, voire trop pour certains. Or il ne s'agissait pas d'un « écart » mais d'un vrai tournant et ce malgré une optique légèrement plus accrocheuse sur le très bon Last Look In Eden (2009) qui donnera lieu à un single excellent. Les fans peuvent se languir mais il est dorénavant clair que Europe ne réenregistrera plus aucune disque de Hard mélodique. 

Un disque attachant

The Bag Of Bones à la belle pochette à la fois romantique et mystérieuse va encore plus loin que ses prédécesseurs dans la remise au premier plan des influences du groupe : Deep Purple, Thin Lizzy, UFO et Whitesnake. La dimension bluesy très marquée sur le dernier disque solo de Norum est plus présente que jamais et explique sans doute le choix de guitares accordées très graves, au son assez sale. Elles se mêlent aux claviers d'un Mic Michaeli qui a judicieusement opté pour un son d'orgue hammond très significatif des choix musicaux effectués. Seule la voix de Joey Tempest reste ce qu'elle est – et c'est un compliment tant on l'on peut remarquer que les années l'ont épargnée –, même si le chanteur et leader a exclu toute mélodie vocale trop facile et les choeurs trop évidents. Son sens de la mélodie est bien intact comme en témoigne la sensuelle ballade « Bring It All Home » au chant poignant, mais une certaine accroche immédiate a totalement disparu. Ce qui explique qu'il faut un peu de temps pour rentrer dans Bag Of Bones. Mais chaque nouvelle écoute est plus gratifiante que la précédente. 

Malgré ma réticence constante envers le Europe du nouveau millénaire, je dois admettre que Bag Of Bones est à la fois très attachant et très réussi. « Attachant » car il se dégage de lui une ambiance sombre et mélancolique qui ne fait pas douter de la sincérité du groupe. La production très vintage assurée par Kevin Shirley fait beaucoup pour cela et il faut encore rendre hommage à ce producteur talentueux, compétent mais jamais envahissant. « Très bon » car il faut reconnaître que les compositions sont de très belle facture : du single « Not Supposed To Sing The Blues », au superbe titre éponyme jusqu'à « Requiem / My Woman My Friend », nous sommes devant des chansons de première ordre. Le groupe s'autorise même une allusion à Led Zeppelin sur « Drink A Smile » du meilleur effet. Quant à John Norum, même s'il n'a composé que deux titres cette fois, il démontre bien encore une fois par ses solos (« Riches To Rag » ou le duo bluesy en diable avec Joe Bonamassa sur le fulgurant « Dog House »), qu'il est un élément décisif du groupe. 

Il faudra l'admettre : Europe s'est reconstruit une nouvelle identité, très loin des rivages de jadis. Il la justifie toutefois à chaque nouvel album par une qualité musicale à laquelle je dois me rendre une fois encore. Chapeau ! 

Baptiste (8/10)

 

earMUSIC / 2012

Tracklist (44:46) : 01.  Riches To Rags 02.  Not supposed To Sing The Blues 03.  Firebox 04.  Bag Of Bones 05.  Requiem (instrumental) 06.  My Woman My Friend 07.  Demon Head 08.  Drink And A Smile 09.  Doghouse 10.  Mercy You Mercy Me 11. Bring It All  Home 12.  Beautiful Disaster

Taux de remplissage : salle à 75% remplie pour Gorod et full pour Gojira. Sachant qu'elle peut accueillir jusqu'à 900 personnes, on ne devait pas être loin des 600 ou 700 fous furieux !

Son: comme souvent dans un hangar aménagé, pas toujours à la hauteur des groupes. Un poil brouillon pour Gorod, le son saturait, surtout au début. Gojira à eu droit à un meilleur traitement, le son était absolument énorme. J'ai juste trouvé que la basse manquait un peu à l'appel dans le mix.

Lights : assez classiques pour Gorod, un peu plus travaillées pour Gojira.

Ambiance : au top, le public marseillais est chaud, surtout pour Gojira.

Moments forts : « Disavow your god » et « Carved in the wind » pour Gorod. Pour Gojira, ses classiques de From Mars To Sirius  (« Heaviest Matters », « Flying Wales » et surtout « Backbone ») font toujours beaucoup d'effets, plus à mon avis, que ceux de The Way Of All Flesh.

Depuis mon arrivée à Marseille en septembre, je n'avais pas encore eu l'occasion de me mettre un concert sous la dent. Presque 10 mois sans m'exploser les tympans et les cervicales tout en buvant demi litre de bière sur demi litre de bière. Autant dire, une éternité. Quand j'ai appris que Gojira descendait dans la cité phocéenne, inutile de dire que je ne comptais pas louper l'occasion. Un concert de Metal à Marseille ? Je commençais à désespérer… Petit bonus pour Metalchros, la rédac aurait donc vu deux fois Gojira sur une semaine : il y a quelques jours en ouverture de 'tallica (avec un son moisi) et ce 15 mai donc, avec un son bien meilleur. La bonne surprise (que dis-je : l'excellente surprise!) fut d'apprendre que c'est Gorod qui allait ouvrir le bal.

Gorod n'est rien de plus que ma grosse claque de l'année, j'avais déjà trouvé le dernier album absolument fabuleux, et je ne me suis pas fait prier pour le dire et le redire aux gars après le concert (ils sont super sympa, au passage!). Dans l'interview que Metalchro leur avait consacré, je leur demandais quand est-ce qu'ils allaient venir sur Marseille. Je ne pensais pas voir mon espoir se réaliser si vite, Matt m'avait pourtant prévenu que "le mois de mai pourrait prévoir une surprise"…

Les hostilités devaient commencer à 20h30. Elles commenceront avec cinq minutes d'avance. A Marseille, où tout est systématiquement retardé, et où tout le monde est toujours en retard, voilà qui n'est pas commun. Pendant que la sono joue l'intro « The Call To Redemption », les musiciens gagnent la scène, le sourire aux lèvres, le public est déjà chaud. Quand Julien à lancé le « Redemption always come from The sky » pour commencer le concert, les enceintes ont failli exploser ! Elles saturaient, pas de très bon augure, mais soit, il faudra faire avec et les mecs de la sono ont de toute façon fini par régler le problème. Alors que je me démène dans la fosse pour essayer de ramener quelques photos potables (mon reflex ayant été cambriolé il y a 3 ans maintenant, je suis obligé de faire avec ce qui me tombe sous la main, un simple bridge pour cette fois-ci), le groupe met le feu au public.

Gorod sur scène, c'est pas pour rigoler, c'est du sérieux. Julien saute un peu partout en s'époumonant tant qu'il peut, Nico et Matthieu envoient des gros riffs qui tâchent, Barby, presque accroupi, tout en bondissant à gauche et à droite tout le concert, décoche note sur note en headbangant comme un fou et derrière la petite troupe, Sam tabasse ses fûts comme un diable. Une belle équipe je vous dis. Après trois morceaux, je m'éclipse de la fosse pour aller me chercher une bière fraîche et profiter du concert. Si il y avait bien quelques spectateurs qui avaient l'air de se demander ce qu'il se passait sous leurs yeux, beaucoup d'autres m'ont donné l'impression d'apprécier le spectacle. Plus le concert avançait, plus les mecs (et les meufs) étaient chauds (et chaudes, mais bon…). Le feeling est plutôt bien passé entre la scène et la salle, bien que, encore une fois, je ne suis pas sur que beaucoup connaissaient Gorod. Les nouveau titres passent à merveille l'épreuve du live, tout spécialement « Carved In The Wind » qui fait mouche en étant un peu rallongé. J'ai regretté, à titre personnel, que « Varangian Paradise » ne fut pas joué, car c'est sans aucun doute mon morceau préféré de A Perfect Absolution. Julien me dira après le concert qu'il est trop travaillé et qu'il faudra un ou deux musiciens additionnels pour vraiment lui rendre justice sur scène. C'est assez logique vu le travail effectué en studio, je me contenterai donc de l'album, en espérant qu'un jour, peut-être, Gorod nous fera le plaisir de jouer ses titres les plus travaillés sur scène (avec les acoustiques de Transcendence, pourquoi pas?). Quarante cinq minutes plus tard, avec les derniers accord de « The Call Of Ktulu » de Metallica, Gorod sort de scène sous les applaudissements du public.

Quelques bières pour patienter pendant que les techniciens changent la scène (ou plutôt : le matos sur la scène), Gojira monte enfin affronter un public qui n'en peut plus de l'attendre. Totalement acquis à sa cause, il va porter les quatre stars du Metal français actuel jusqu'au bout du concert. Je pensais jusqu'à quelques minutes du début du concert n'avoir encore jamais vu Gojira en live. Ça me paraissait bizarre et après avoir remué tout mes souvenirs, une soirée m'est revenue en mémoire : la tournée avec In Flames et le passage à Bruxelles, à l'Ancienne Belgique en 2008, pour la tournée de The Way of All Flesh

Et depuis cette époque, rien a changé : Gojira c'est un son surpuissant, une présence sur scène importante, un gros capital sympathie. Et puis, bordel, la musique … c'est tellement…martial ! C'est le qualificatif qui, je trouve, colle le mieux à Gojira. C'est moins technique que Gorod, moins fouillé, mais c'est d'une efficacité redoutable. J'avais oublié à quel point Gojira ravageait tout sur scène. Je continue à penser que l'album From Mars To Sirius est le meilleur de tous, le petit dernier y compris (qui n'est d'ailleurs pas très à mon goût, je suis assez d'accord avec MrPatate). Les titres comme « Backbone » ou « The Heaviest Matter… » sont des armes musicales de destruction massive, ni plus ni moins. Le single éponyme de L'enfant sauvage joué en live me conforte dans cette idée : c'est un bon titre mais pas ce que Gojira à fait de mieux, et c'est sans doute l'un des meilleurs de ce nouvel album. Mais, ne boudons pas notre plaisir. Gojira en live, c'est d'abord un gros capital sympathie, un groupe ultra efficace, solide, rodé et qui ne commet pas d'erreur. Et ça, quand on aime le Metal, on ne crache pas dessus.

Joe est un formidable frontman, il arrangue sans cesse le public, n'hésite pas à venir près de la barrière. C'est quand même plaisant à voir et à entendre. Il saluera d'ailleurs le plublic pendant de longues minutes après le set, avec le reste du groupe. Pour une reprise en matière de concert, je dois avouer que je suis comblé, j'ai vraiment passé une excellente soirée avec les deux fines fleures du Death français. Si ils passent dans votre ville, vous savez quoi faire.

Set-list Gorod :

  • The Call To Redemption
  • Birds Of Sulfur
  • A Common Hope
  • Here die your Gods
  • The Axe of God
  • The Path
  • Carved In The Wind
  • Programmers of Decline
  • Disavow Your God

Set-list Gojira :

  • Space Time
  • Clone
  • Backbone
  • Remembrance
  • Flying Whales
  • The Heaviest Matter Of The Universe
  • Tron
  • Wisdom Comes
  • Oroborus
  • L'Enfant Sauvage
  • Toxic Garbage Islande
  • Vacuity
  • Where Dragons Dwells

Bodyfarm – Malevolence

Plus le temps passé et plus mon intérêt pour le label Cyclone Empire augmente. En effet, au fil des signatures et des sorties, cette petite structure s’est tout doucement développée et nous propose aujourd’hui plusieurs groupes dont la qualité n’est plus à prouver : Facebreaker, Demonical, The Grotesquery, Paganizer, Demiurg… et depuis peu les Néerlandais de Bodyfarm qui nous livrent un premier effort très prometteur.

Au programme : du Death old school, pas très innovant mais efficace. Toutefois, et c’est là que réside sa principale différence par rapport aux autres groupes hollandais, Bodyfarm opte ici plutôt pour une approche moins « Dutch Metal », plus orientée « Bolt Thrower meets Entombed ». De Bolt Thrower, le groupe reprend le riffing, les morceaux lourds et pesants et l’ambiance. D’Entombed (ou plutôt devrais-je dire de la scène suédoise), il a repris le groove, le son massif et rugueux. Le résultat de cette synthèse ? Malevolence, 9 brûlots de Death qui ramone les esgourdes. Zéro prise de risque, certes, mais pourtant ô combien efficace.

Certes, Bodyfarm surfe sur la vague et profite en quelque sorte d’un « effet de mode » (même si parler de mode en matière de Death old school peut paraître incongru), mais le produit proposé, pour un premier album, est plus que correct. Donnons-leur encore quelques années et je pense que nous pourrions être agréablement surpris par ce groupe !

Mister Patate (07.5/10)

Site officiel : xxx
Myspace officiel : www.myspace.com/bodyfarm.nl

Cyclone Empire – 2012
Tracklist 1. Trapped (intro) 2. The Butcher 3. Iced 4. Sleep Terror 5. Demons of the Cross 6. Charlatan Messiah 7. Tombstone Crusher 8. Malevolence 9. I Am the War 10. Cryptic Realms