À ceux qui n'auraient pas compris son titre, la pochette du dernier disque de Gotthard nous donne le contexte de ce Firebirth : la résurrection après le décès. Le décès est évidemment celui de Steve Lee, chanteur emblématique du groupe depuis vingt ans, personnalité extrêmement attachante et ami plus que simple musicien. J'étais de ceux qui pensaient que la mort accidentelle de Steve Lee scellait non seulement la fin d'une époque dont témoignait le live Homegrown, mais tout simplement celle du groupe. Ce dernier en a jugé différement et après avoir fait le point puis trouvé un nouveau chanteur, voici la bande à Leo Leoni de retour pour proposer ce qui s'avère franchement un des tout meilleurs disques de Gottard. À vrai dire la ballade, « Remember It's Me », chantée par le fraîchement recruté Nic Maeder et proposée en avant première à l'écoute des fans pour leur donner un aperçu de ce à quoi ils pouvaient s'attendre, était un indice que les choses se passaient mieux qu'on ne pouvait le prévoir. Excellent chanteur, à la fois proche et loin de Steve Lee, Nic Maeder imprimait sur une musique très inspirée, une marque personnelle sans rompre toute continuité avec le chant de son prédécesseur.
Maeder le nouveau venu
Or, ce qu'on pouvait entr'apercevoir sur « Remember It's Me » est désormais officiel après l'écoute in extenso de Firebirh : Nic Maeder est bel et bien la recrue idéale. Une recrue qui, outre avoir composé largement pour ce disque (les titres sont quasiment tous coécrits avec lui), s'est parfaitement intégrée dans la personnalité de Gotthard. Il faut constater d'abord qu'il excelle dans le registre des ballades : les quatre ballades enregistrées sont de haut calibre et s'avèrent bien meilleures que ce que proposait récemment Gotthard. Nous avons déjà évoqué « Remember It's Me » qui va vider assurément quelques briquets durant les concerts. Or, si « Tell Me » est moins tubesque et se révèle plus intimiste que « Remember It's Me », elle lui est peut-être supérieure. Dans le registre de la power ballade au refrain saturé, on peut aussi évoquer « Shine » encore une fois très convaincante. L'album s'achève sur une ultime ballade, « Where Are You », une chanson interpellant de manière extrêmement émouvante feu Steve Lee, en essayant d'imaginer ce qu'il devient par delà les cieux. Personnellement elle me touche énormément et je pense que Steve ne pouvait imaginer plus bel hommage. Elle sera assurément un grand moment en concert.
Mais l'essentiel du disque, est évidemment composé de titres « hard » et c'est surtout là que l'on attendait Maeder. Allait-il pouvoir conserver cette combinaison de puissance, de dynamique et d'accroche mélodique que Steve Lee avait placée au cœur de l'identité vocale de Gotthard ? La réponse est mitigée. Globalement ses lignes de chant sont moins immédiates que celles de Steve Lee et il faudra un peu plus de temps que de coutume pour rentrer pleinement dans Firebirth. Même en tenant compte du potentiel de futur classique du premier single « Starlight », on peut conclure rapidement qu'on ne tient pas de nouveau « Moutain Mama » ni de nouveau « Anytime Anywhere » ici. Cela correspond à la volonté d'un certain retour au source au profit d'un hard rock plus bluesy et roots que de coutume. La production plus brute de Leoni fait beaucoup pour cela.
Résultat très probant
Si on accepte cette optique, comme c'est mon cas, il faut admettre que le résultat est très probant : les riffs puissants fourmillent sur « Give Me A Real », « Fight », « The Story's Over » ou l'excellent « Yippie Aye Yay ». Les solos brûlants abondent et il faut reconnaître que Leoni et Scherer forment une fichue paire de guitaristes. Si l'amateur de mélodies un peu FM reprochera à certains refrains d'être trop simples et pas assez travaillés, à la différence de Need To Believe, il faut reconnaître que le travail de Maeder est de très bonne tenue, les couplets s'enchaînant très habilement aux pré-refrains et finalement aux refrains dont on retiendra évidemment celui de « Starlight » mais aussi « SOS » ou « Take It All Back ». Ce dernier titre construit sur un parfait crescendo est un bon exemple de ce qu'un un chanteur talentueux et (j'insiste) expérimenté peut faire. Tout juste reprochera-t-on au disque quelques titres qu'on aurait pu reléguer au rang de face B comme « I Can » et son refrain trop facile.
Au final, j'ai été conquis. Gotthard reste identifiable et demeure incontestablement un des meilleurs représentants actuels du hard rock classique. Il a su se régénérer grace à un nouveau venu qui ne fera pas oublier Steve Lee, bien sûr, mais qui est d'ors et déjà totalement accepté par les amateurs de Gotthard. Une nouvelle ère s'ouvre sous les meilleures auspices. Steve Lee aurait pu être fier du disque que viennent de sortir ses amis.
Baptiste (8/10)
Site officiel
Nuclear Blast / 2012
Tracklist (48:59) : 1. Starlight 2. Give Me Real 3. Remember It’s Me 4. Fight 5. Yippie Aye Yay 6. Tell Me 7. Shine 8. The Story Is Over 9. Right On' 10. S.O.S. 11. Take It All Back 12. I Can 13. Where Are You
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